jeudi 25 novembre 2010

La famille Jones, de Derrick Borte (Etats-Unis, 2010)



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Note :
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Il y avait comme un étrange paradoxe à aller voir « La famille Jones » dans un méga multiplexe rempli d’« homo consumens », tout juste bons à carburer au Coca et au pop-corn ou à « slider » sur
leurs écrans tactiles de téléphones portables dernier cri (et un brin trop lumineux pour le spectateur derrière eux… mais ça ils s’en foutent !) au cours de la projection… Etonnant conflit
d’intérêts aussi d’assister à un film qui critique la publicité tout en multipliant les citations de marques dans son récit et en ayant probablement largement constitué son budget sur le
placement de produits… N’empêche que cette « Famille Jones » se révèle rudement pertinente sur le fond ! Issu du monde de la publicité, Derrick Borte réalise une comédie plutôt inattendue, dans
laquelle il pousse le cynisme du marketing et de la vente à tout prix jusqu’à un paroxysme assez terrifiant ! La famille Jones, qui vient s’installer dans un quartier résidentiel ultra riche, est
en effet construite sur une parfaite imposture : ce père, cette mère et leurs deux enfants n’existent pas et sont en réalité incarnés par des comédiens payés par les marques pour faire de la
publicité à tous leurs riches voisins et pour les inciter à acheter tout et n’importe quoi, simplement en exultant leur bonheur dans le simple fait de posséder tous ces objets…

Si la comédie fait souvent mouche, en grande partie grâce au jeu ironique des acteurs constamment sur le fil, partagés entre la construction de ce bonheur familial factice et la réalité d’une
famille construite sur le schéma d’une équipe marketing au sein de laquelle seul compte le chiffre et le profit, le film ose aussi s’aventurer vers plus de noirceur… Si les failles et la vraie
nature des personnages se révèlent peu à peu et prêtent encore à sourire (la fille un peu nympho, le fils gay, le père qui tombe amoureux de sa fausse épouse…), l’humour devient carrément noir et
grinçant quand une voisine retrouve son mari noyé au fond de sa piscine… Endetté jusqu’au cou à cause des dépenses sournoisement « imposées » par les Jones, celui-ci s’est attaché en slip à ses
lourds biens de consommation pour couler avec eux ! Très imagée, cette séquence nous rappelle combien qu’à trop posséder d’objets (surtout à crédit) ce sont eux qui finissent par nous
posséder…

Notons enfin que le couple Demi Moore / David Duchovny fait des merveilles et que si l’attaque politique n’est pas complètement aboutie, le marché européen a quand même bénéficié de la «
director’s cut » du film en salle, qui propose une fin moins guimauve et « happy end » que sa version américaine…































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