mardi 2 novembre 2010

The Doom Generation, de Gregg Araki (Etats-Unis, France, 1995)



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Note :
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Quand Araki rit de sa génération…




Dès le générique, le cinéaste annonce très clairement la couleur, en qualifiant « The Doom generation » comme « un film hétérosexuel de Gregg Araki »… Et le plus drôle, pour ce réalisateur
probablement trop souvent et trop facilement qualifié de « cinéaste gay » à son goût, c’est qu’il s’y tient ! Aucun rapport ni « contact » homosexuel n’apparaît à l’écran, même si le problème est
contourné par l’extrême tension sexuelle que l’on sent entre les deux garçons du trio dont on suit les aléas tout au long du film. D’ailleurs, il est intéressant de remarquer que si la jeune
fille du groupe a des rapports coïtaux avec les deux autres « membres », c’est entre les deux garçons que l’on perçoit le plus de sentiments… et d’amour. Comme quoi, on ne se refait jamais
vraiment…

Avec « The Doom generation », Araki signe un film diablement cul-te et entraînant, qui sous les allures joyeuses d’une mise en scène déjantée et de situations délirantes, transportant parfois son
spectateur dans des hallucinations fantastiques ou carrément gores, révèle en réalité une âpreté sous laquelle suintent la tristesse et la mélancolie… Car finalement, à travers cette odyssée
façon « road movie » entre braquages et motels sordides de trois jeunes gens paumés et sans demain, il propose le portrait au nihilisme à peine masqué d’une jeunesse perdue et sacrifiée dans
l’Amérique complètement folle et violente d’aujourd’hui. Avec beaucoup de style et d’impertinence, Araki montre une humanité de plus en plus déshumanisée, où la mort d’un chien renversé sur la
route semble émotionnellement plus difficile que celle d’un homme. Il se complait aussi à filmer une jeunesse mi-looseuse, mi-glandeuse, qui trouve refuge dans les drogues ou les expériences
charnelles : à force de petits Jésus (un personnage a un tatouage du Christ sur son gland) et de vierge Marie enfoncés dans divers orifices, difficile en effet de ne pas avoir d’érection durant
la projection du film ! Cela bien sûr jusqu’à l’abominable débandade finale, aussi atroce qu’inattendue, et à nuancer avec cette éternelle association de l’Eros au Thanatos, toujours très
prégnante ici, où quelqu’un ira même jusqu’à prononcer presque innocemment deux mots lourds de sens : « death’s fun ! »

Une tête tranchée qui continue à parler, du sperme ensanglanté qu’un personnage lèche sur sa main, des anti-héros mi-lunaires mi-pervers… « The Doom generation » regorge de paradoxes et s’avance
dans un joyeux bordel tout au long d’une course aussi « fun » que vaine et sans but ! Mais tout ce déballage d’images tragi-comiques insensées n’est pourtant jamais vide de sens : Gregg Araki
dresse en fin de compte un réquisitoire impressionnant contre les dérives politiques, sociales, sexuelles ou même religieuses de son « beau » pays… Les Etats-Unis ne ressortent en effet pas
indemnes de cette vision apocalyptique d’un monde cauchemardesque ! Si les noms des trois héros (White, Blue, Red) évoquent forcément les trois couleurs du drapeau américain (le rouge sang est
incarné par Xavier Red le psychopathe !), force est de constater qu’ils passent pourtant tout le film à fuir la folie de leur monde, éminemment dangereux et sans repère : à chaque endroit où ils
font une halte, un nouvel ennemi surgit, tout prêt à les attaquer et à les pourchasser jusqu’à ce que mort s’ensuive ! Quant à l’ultime séquence, ultra violente et qui ne fait même plus rire
malgré toute son incongruité, elle en dit long sur le regard que porte Araki sur l’Amérique : alors que nos trois jeunes gens semblent avoir trouvé un refuge pour enfin s’adonner à de charmants
plaisirs (les deux garçons sont justement sur le point de concrétiser physiquement leur attirance), un groupuscule nazi les attaque, accusant les garçons de « pédés » (alors qu’ils n’ont même pas
encore « consommé » leur amour) et violant la fille à coups de Madone, allongée sur le drapeau américain… Atrocement impertinent et politiquement incorrect : le statut de « film générationnel »
de « The Doom Generation » n’a définitivement rien d’exagéré !



 



Mise en perspective :



- Kaboom, de Gregg Araki (Etats-Unis, 2010)































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4 commentaires:

  1. 6 dollars 66 cents.


    Cultissime ce film!! ça ne m'étonne pas que ce film figure ici tiens!!

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  2. Un film cul-culte pour sûr !!

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  3. Et avec James Duval, qui est à tomber par terre !

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  4. pour un ancien adepte de Black Métal c'est même cliché!!

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