jeudi 17 juin 2010

Tropical Malady, d’Apichatpong Weerasethakul (Thaïlande, 2004)



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Note :
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Saviez-vous qu’Apichatpong Weerasethakul existait déjà bien avant sa palme d’or cette année ? Et qu’il faisait déjà des films incroyables, qui auraient très bien pu à l’époque remporter eux aussi
le prix suprême… Pour preuve « Tropical Malady », réalisé en 2004 : un film tout bonnement hallucinant, unique, fascinant, poétique, étrange, hors norme, marquant… en un mot comme en cent,
disons-le franchement : IN-CON-TOUR-NA-BLE !

D’abord, rien que la structure du film laisse songeur… Le cinéaste divise son œuvre en deux parties distinctes, de longueurs quasiment égales. Le recto et le verso d’une même médaille ? Le
versant réaliste puis métaphorique d’une même relation amoureuse ? En tout cas deux mondes et deux esthétiques totalement différents et tous les deux puissamment évocateurs et inventifs !

La première partie du film, d’abord, nous plonge dans une sorte de chronique réaliste, naturaliste et surtout furieusement amoureuse ! Sous des airs parfois semi-documentaires, la description
d’un pays de contraste, notamment entre les gens des villes et les populations paysannes, le réalisateur thaïlandais filme surtout une idylle qui se joue entre un jeune homme de la campagne et un
soldat. Ils sont beaux et fougueusement émouvants tant leur bonheur paraît tout à la fois simple et puissant. On ressent leurs désirs et leurs envies par des gestes simples : un regard, un
sourire, une caresse, une tête sur des genoux… C’est étonnamment romantique et l’homosexualité est finalement filmée avec un naturel désarmant.

Et puis au bout d’une heure environ, le film bascule radicalement et se transforme en tout autre chose… On passe du réalisme au quasi fantastique, du jour à la nuit, du simple à l’obscur, du rêve
au cauchemar… Ce qui relevait de la chronique quotidienne devient tout à coup un récit symbolique. Apichatpong glisse très soudainement dans la fable et prend le risque de faire perdre pied à ses
spectateurs… C’est comme si le film recommençait. D’ailleurs, une sorte de générique apparaît : c’est clairement un second film que l’on nous donne à voir ! Un deuxième film, certes, mais ne
s’agit-il pas au fond de la même histoire ? Ne nous présente-t-on pas ici le pendant métaphysique de l’histoire d’amour à laquelle on vient d’assister ? Les deux acteurs principaux demeurent
d’ailleurs les mêmes. Mais cette fois-ci, ils se retrouvent plongés en pleine jungle et l’un d’eux semble être devenu l’incarnation d’un animal sauvage ! On est alors parti pour un voyage aux
frontières de la bestialité, qui prend l’allure d’une véritable chasse à l’homme. Des bribes de texte évoquent un conte, celui d’un homme qui s’était transformé en tigre. On s’enfonce
progressivement dans la forêt, dans sa moiteur et son intense sensualité, quelque part entre fascination et hypnose… On se sent un peu comme dans un rêve éveillé, émerveillé par la magie qui
émane de chaque plan, donnant une impression d’irréel indéniablement cinégénique… On sait reconnaître l’empreinte d’un grand cinéaste dans cette fabuleuse évocation du désir et de l’amour
sauvage, véritable naufrage au cœur de la part animale présente en tout homme… On peut se perdre souvent dans les dédales d’une végétation luxuriante, se sentir absent ou comme partir très loin
en nous-mêmes, mais c’est une « perte » joyeuse de son être, un de ces moments rares et intenses où l’on se souvient pourquoi on peut parfois aimer aussi viscéralement le cinéma !































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14 commentaires:

  1. Comme quoi, on nous vend un nouveau ciénaste alors qu'il à déjà fait d'autres films avant cela. Aprés je ne suis pas tenté plus que cela, même si ta critique a ouvert une certaine curiosité.

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  2. J'ai le DVD depuis au moins deux ou trois ans... et je n'arrive pas à me décider à le voir, même si je sens que je vais adorer...


    Ton billet plus qu'enthousiaste devrait me donner l'impulsion qui manquait...

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  3. tu sais que je t'aime pour le cuop!! ;)


    ah oui quel très grand film, j'ai ressenti la même chose que toi en le voyant, mon esprit à reçu cette douceur sauvage comme un cadeau animiste. Immsense.

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  4. J'ose une question: ta sexualité a t-elle orienté ton avis sur le film? C'est une question très sérieuse car le fait que l'homosexualité soit filmée d'une certaine manière peut changer ton avis
    je pense. Il y a des films où justement ça doit te gonfler lorsque les clichés les plus répandus s'accumulent à l'écran.


    Et tant qu'on y est j'aimerais savoir si alors, en tant qu'hétéro, je serais à même d'apprécier le film? (Sachant que je suis l'ouverture ultime sur le sujet...euh..ouverture d'esprit!! bon je sors!!).

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  5. J'ai vu et critiqué récemment le film, je le trouve brillant et partage en gros le sens de ton billet, même si la deuxième partie m'a un peu ennuyée tout de même. On sent un potentiel ENORME chez
    ce cinéaste.

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  6. @Bruce : en "bon" (je déteste cette expression moralisatrice mais bon) hétérosexuel adepte de belles brunes (de préférences) j'ai été ému par le traitement de l'homosexualité, loin de tous les
    clichés habituels.

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  7. Merci pour cette chronique, qui fait (enfin) découvrir ce cinéaste !

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  8. je ne bois pas de bière devant le foot (je suis plutot du genre à bouffer du chocolat) et je ne kiffe pas plus que ça Uma Turman. et pis déjà on dit pas "bonne" , na !

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  9. Ok!! En tout cas je trouve ça dégueulasse de penser qu'un homo ne peut pas s'ouvrir une bière devant un match de foot!! Pourquoi la beaufitude ne s'adresserait qu'aux hétéros?


    Merci pour ta réponse qui me semble vraiment convaincante!!

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  10. Bon, moi je suis homo aussi, j'aime pas le foot et je n'ai plus le droit à la bière...


    Mais je me tripote souvent machinalement les gonades en regardant des DVD même pas cochons...


    Suis-je dans les clous de l'homosexualité ou suis un iconoclaste pédé briseur de clichés ?


    Help me ! PLease ! lol

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  11. A en lire tous les commentaires, ainsi que ta critique, le film est génial. N'ayant vu que la palme de cette année dans la filmo de Apichatpong, et puisque je n'ai pas vraiment accroché, la
    prochaine tentative sera surement Tropical Malady.
    J'appréhende quand même le passage à la partie fantastique...

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  12. @foxart: Et moi je me gratte jamais les valseuses devant la télé...serais-je donc une parodie d'hétéro sexuel voué aux sourires narquois de la société "bière, foot, bas de jogging comme tenue du
    Dimanche"??? 

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  13. je suis très chocolat de base, au lait de préférence. J'aime pas les trucs trop élaboré pour le coup, ça ne sent plus le chocolat.


     

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  14. ah, je suis d'accord avec ça ! et je ne prends que du lait perso... je n'aime pas le noir en fait...

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