mardi 11 mai 2010

Lola, de Brillante Mendoza (Philippines, 2010)



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Note :
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Issu de la publicité, Brillante Mendoza en est venu au cinéma d’auteur un peu par hasard. Apprenant sur le tas, investissant ses propres économies dans ses films, ses méthodes de travail méritent
la peine de s’y attarder un moment. Tournés dans l’urgence, le plus souvent en quinze jours maximum, ses films révèlent une texture proche du documentaire, à mille lieues de la formation
audiovisuelle initiale du cinéaste. Employant de nombreux comédiens non-professionnels et ne leur révélant pas à l’avance ses scénarios, dont il respecte d’ailleurs sur le tournage la chronologie
narrative afin de ne pas les dérouter, Mendoza recherche avant tout la spontanéité chez ses acteurs…

Dans « Lola », il suit encore une fois de très près, caméra à l’épaule, les itinéraires croisés de ses personnages, en mouvements perpétuels et empruntant des chemins remplis de circonvolutions.
Il raconte le combat de deux « Lolas » (le mot désigne les « grands-mères » en philippin), qui luttent pour la réhabilitation de leurs petits-fils respectifs, tous deux impliqués dans le même
drame : l’un comme victime désormais défunte, l’autre comme bourreau, ayant assassiné le premier pour lui voler son téléphone portable…

L’histoire révèle avant tout la pauvreté des lieux, images souvent impressionnantes de Manille complètement inondée, où les habitants circulent dans des embarcations de fortune… Mais elle met
surtout en lumière ce qu’il est convenu de voir comme le principal « héros » du film : l’argent !

Après Bresson (réalisateur de « L’argent »), Brillante Mendoza propose sa propre vision désabusée d’un monde moderne en proie à la misère et à la vénalité, dans lequel seul l’argent semble
vecteur de bonheur… Le premier plan du film commence d’ailleurs sur un billet qui passe d’une main à une autre. A partir de là, il est plutôt effrayant de constater que tous les échanges que
montre le cinéaste sont basés sur l’adoration du nouveau dieu « argent ». Si l’une des « Lola » sacrifie tout ce qu’elle peut pour récupérer suffisamment d’argent pour faire sortir son criminel
de petit-fils de sa prison, l’autre « Lola » doit elle aussi bien galérer financièrement pour pouvoir payer un enterrement décent au sien. On découvre comme halluciné un entrepreneur de pompes
funèbres qui a l’air de vendre des cercueils comme on vend d’habitude du poisson frais sur les marchés, sans la moindre sollicitude compassionnelle à l’égard de ses « clients »… Plus tard, une
émission de jeux d’argent intitulée « Débit et crédit » passe en boucle à la télévision, poste de télé qui servira d’ailleurs à obtenir de l’argent d’un prêteur sur gages… et ainsi de suite :
tout se monnaie, tout s’achète et tout se vend, et en particulier la souffrance humaine, dans ce film sans concession ! Le dénouement nous prouve que même la justice subit les intérêts
fiduciaires, puisque un meurtrier peut ressortir presque aussitôt de prison s’il achète la famille de sa victime… Même si la forme de son film, en partie diluée, demeure parfois difficile à
suivre, Mendoza conserve cependant toute sa force de conviction !



 



Mise en perspective :



- Kinatay, de Brillante Mendoza (Philippine, 2009)































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1 commentaire:

  1. Je suis allé le voir cet aprem... Enfin un film que j'ai aimé de Mendoza (pas encore vu "Kinatay"). la caméra est toujours au plus près de ces deux mamies, qui malgré leur âge, dirigent et mènent
    la bataille du quotidien alors que le malheur leur tombe une nouvelle fois sur la tête. Toute l'émotion du film repose sur ces grand-mère et leur visage où toute leurs émotions transparait.

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