vendredi 7 mai 2010

Le bal des vampires, de Roman Polanski (Grande-Bretagne, Etats-Unis, 1967)



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Note :
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Avec « Le bal des vampires », Roman Polanski proposait un pastiche complet et irrésistible du film de genre, spécialement fantastique, et plus particulièrement bien sûr de tous les films de
vampires des années 50 et 60 produits à la chaîne par la Hammer… Le cinéaste va parfois jusqu’à parodier des séquences entières de certains films, comme « Le Cauchemar de Dracula » ou « Les
Maîtresses de Dracula » de Terence Fisher. On pense également parfois au « Dracula » de Tod Browning ou au « Vampyr » de Dreyer… Quant au Comte Von Krolok, incarnant le vampire absolu dans « Le
bal des vampires », il évoque bien évidemment le Comte Orlok du « Nosferatu » de Murnau, sans compter que Polanski se réfère très souvent à l’imagerie de l’expressionnisme allemand dans son film
!

Le long métrage parodique de Polanski parvient ainsi à un équilibre parfait de fantastique et de comédie pure, illustrant à merveille l’expression « jouer à se faire peur ». L’idée de « jeu », au
sens quasiment enfantin, est d’ailleurs parfaitement juste lorsque l’on évoque ce très réjouissant « Bal des vampires » : le cinéaste y excelle en effet dans la comédie débridée, qui surfe entre
le burlesque et la farce ! Même les acteurs en font des tonnes dans le grotesque, grimaçant et cabotinant à merveille : Jack MacGowran, acteur de théâtre, est excellent, tout comme le jeune Roman
Polanski, qui en plus d’être un cinéaste de génie a su aussi être un comédien brillant ! Le titre original complet du film tend lui aussi quelque indice quant à son contenu comique fort prononcé
: il s’agit de « The fearless vampire killers or Pardon me, but your teeth are in my neck ». On jurerait un titre de sous-série B !

Polanski s’amuse, tout au long de son film, à détourner complètement le mythe du vampire : impossible, après avoir visionné « Le bal des vampires », de continuer à voir des films plus « sérieux »
sur le sujet sans se retenir de rire. Les « clichés » dont le cinéma avait déjà abusé dans la représentation vampirique son ici systématiquement détournés. Ainsi, le miroir ne permet plus aux
humains de repérer un vampire (dont le reflet n’apparaît pas), mais par un subtil retournement, il permet aux vampires de repérer deux humains de trop à leur bal : alors qu’ils dansent de façon
hilarante avec des dizaines de morts-vivants, le chasseur de vampire et son apprenti se retrouvent soudainement seuls en passant devant un grand miroir… A un autre moment, en ombres chinoises
expressionnistes, le professeur et son assistant semblent planter un pieu dans le cœur d’un vampire endormi : lorsque la caméra montre de quoi il s’agit véritablement, on se rend cependant compte
qu’ils s’exerçaient en réalité sur un oreiller. D’autre part, le fils du Comte n’est pas seulement homosexuel (aspect récurrent chez certains vampires), mais il apparaît exagérément comme une «
folle » tordue qui s’entiche du jeune apprenti… Enfin, on ne peut être que mort de rire lorsqu’un personnage, pour se défendre, brandit un crucifix devant le visage d’un vampire et que celui-ci
n’a aucune réaction, puisqu’il s’avère en réalité… juif !

Outre la comédie, qui domine quand même toute l’aventure, « Le bal des vampires » propose bien d’autres aspects, à commencer par une étonnante réflexion sur la science… Il est assez amusant de
constater comment Polanski oppose la science exacte et d’une froideur implacable, incarnée par le professeur étudiant les vampires (ressemblant d’ailleurs étrangement à Albert Einstein), et un
côté plus rêveur et plus romantique, proposé à travers la candeur de son jeune apprenti. Sous les ordres de son maître, l’assistant se retrouvera cependant dans l’impossibilité d’enfoncer un pieu
dans le corps du vampire, du fait de sa sensibilité ! La fin du film demeure à ce propos des plus ambiguë. A la fois drôle et cynique, elle montre le triomphe de l’érudition scientifique du
professeur, parvenu à démasquer les vampires et croyant en avoir débarrasser le monde, en même temps que son échec le plus complet, puisque le professeur ne se doute pas qu’il est en train de
ramener le mal qu’il avait cru chasser à l’arrière de sa carriole ! Cette façon de ridiculiser la science et d’en montrer les failles et les dangers correspond probablement à la vision d'un
rescapé miraculeux des camps de la mort, celle de Polanski lui-même, qui sait plus que quiconque qu’une mauvaise application du savoir scientifique peut condamner l’humanité entière ! Un film qui
se révèle ainsi bien plus sombre qu’il n’y paraît…



 



Mise en perspective :



- The ghost writer, de Roman Polanski (France, 2010)



- Morse : Let the right one in, de Tomas Alfredson (Suède, 2009)



- Twilight, Chapitre 2 : Tentation, de Chris Weitz (Etats-Unis,
2009)































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8 commentaires:

  1. Culte!! Archi culte même!! Ce film fut un choc pour moi tant son atmosphère que par son humour si particulier. Merci Phil de ce revival!!

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  2. excellent film du réalisateur qui parvient à donner à la fois un ton tragique, comique et poétique aux vampires.

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  3. Mon premier film "d'horreur" au cinéma !


    j'avais neuf ans, mon père et un de ses potes m'avaient emmené voir ça...


    Ils se tordaient de rire et je ne comprenais pas DU TOUT pourquoi...lol


    J'étais tout bonnement TERRORISé !!! lol


    Je l'ai revu récemment et j'ai mieux compris...cette fois


    Et je trouve ce film absolument merveilleux, et Polanski acteur y est absolument délicieux, et assez sexy dans son genre, je trouve... à croquer ! lol !!

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  4. Un film très maîtrisé, très esthétique, en même temps délirant et absurde... Une belle critique de la science comme tu le dis !

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  5. très très grand film... Et juste pour en rajouter bien meileur que ses derniers films :)

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  6. salut


     


    je trouve que c'est un film qui a mal vieilli techniquement


    même s'il reste culte

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  7. Je ne l'avais pas vu depuis des années, je suis allé le voir à la Filmothèque en copie neuve ce week-end, un régal absolu =)

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  8. ah, j'ai fait pareil... quelle merveille cette filmothèque ! :)

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