dimanche 9 mai 2010

Freddy : les griffes de la nuit, de Wes Craven (Etats-Unis, 1984)


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Note :
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En revoyant Les griffes de la nuit aujourd'hui, soit le premier film de la série des Freddy, réalisé par Wes Craven himself, j'éprouve encore une étrange nostalgie. Je
n'avais pas dû le voir depuis ma "tendre" adolescence, lorsque que je me passais et repassais les "classiques" de l'horreur en boucle pour compenser mes pulsions meurtrières et ma solitude morbide mon incompétence
sociale
(déjà !). C'est d'ailleurs peut-être l'un des premiers films d'épouvante que j'ai du voir, si ce n'est LE premier... Eh bien quelle surprise de constater qu'il demeure un film tout à
fait regardable et appréciable aujourd'hui encore ! Le titre original, A nightmare on Elm street, révèle déjà en douceur l'intelligence de l'ensemble, puisqu'il se réfère à la rue dans
laquelle J.F.K. a été assassiné en 1963, et sachant que les petites subtilités font souvent les grands films... Sinon, en plus d'une structure scénaristique idéale pour un film fantastique,
Les griffes de la nuit propose des effets spéciaux inventifs et bien fichus, qui fonctionnent encore parfaitement plus de 25 ans plus tard, ce qui lui confère en quelque sorte un statut
de "film d'horreur immortel", à l'instar de La nuit des masques, de Carpenter, pour ne garder qu'un exemple.



Mais revenons un peu sur la structure quasiment "modèle" pour le genre : une introduction mystérieuse et angoissante, ne révélant le méchant Freddy Krueger que par bribes, des scènes d'horreur
parfaitement réparties qui vont crescendo et qui font progressivement avancer l'histoire (à chaque fois, un nouveau degré dans la peur est franchi et un nouvel indice proposé), une révélation du
passé relance l'histoire dans un tout autre sens à la moitié du film (la mère raconte à Nancy l'origine de Fred Krueger, assassin d'enfants que tous les parents du quartier ont fini par brûler
vif), et bien sûr un final heureux que l'on pense définitif, pourtant aussitôt remis en cause par un brutal retour de l'horreur...



Mais le film de Craven va bien au-delà d'un long-métrage d'épouvante "pur" et maîtrisé, il propose de surcroît une réflexion métaphysique intense sur l'homme ! Car à travers les cauchemars si
"réels" de ces adolescents, le réalisateur propose au spectateur d'explorer divers degrés de réalité. Le rêve et le réel se mélangent dans un film qui joue à perdre le public, le laissant errer à
la frontière de la fiction. Qu'est-ce qui est vrai ? Qu'est-ce qui est imaginaire ? On se retrouve bien souvent sur la brèche, et une véritable réflexion sur le vrai et la vraisemblance, sur le
réel et l'effet de réel, s'engage alors. C'est Tchouang-tseu qui ne sait plus s'il est Tchouang-tseu qui a rêvé qu'il était un papillon ou s'il est un papillon qui rêve qu'il est Tchouang-tseu...
Lorsque l'on sait que Wes Craven s'est appuyé sur un fait divers bien réel pour construire son film, celui d'un adolescent perturbé
par d'horribles cauchemars desquels il finira par succomber, on se retrouve alors un peu plus perdu encore.



Mais ces visions de cauchemars évoquent aussi plus largement l'adolescence et en offre finalement une description plutôt pessimiste : d'abord prisonnière de ses rêves, elle doit se battre pour y
renoncer si elle veut survivre et devenir enfin adulte, c'est à dire un être morne et sans désir.



Nous conclurons cependant en toute lucidité, en savourant Les griffes de la nuit à sa juste valeur, comme un divertissement qui fait peur et enchaîne des scènes qui ont jadis
impressionné ma mémoire : la jeune fille littéralement "happée" par sa baignoire, le jeune homme "avalé" par son lit, qui le recrache ensuite dans une séquence mythique sous la forme d'un flot de
sang incroyable... Les plus grands moments de la saga des Freddy se trouvent comme concentrés dans ce premier volet admirable, bien que certaines suites demeurent elles aussi tout à fait
honorables. Wes Craven clôturera d'ailleurs la série en beauté avec Freddy sort de la nuit, le septième opus, poursuivant sa réflexion sur les degrés de la réalité en élaborant tout un
concept du film dans le film, qui préfigure ses Scream à venir... Ah oui, et puis revoir Johnny Depp dans son tout premier rôle (avant même 21 jump street !), dont le personnage
très effacé s'entend dire ironiquement par ses amis : "tu devrais faire du cinéma", est une pure jouissance cinéphilique, en forme de "rêve" prémonitoire...



Un Deux, Freddy te coupera en deux,
Trois Quatre, remonte chez toi quatre à quatre,
Cinq Six, n'oublie pas ton crucifix,
Sept Huit, surtout ne dors pas la nuit,
Neuf Dix, il est caché sous ton lit...






























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9 commentaires:

  1. J'adore, il reste pour moi l'un des summums du film d'horreur. chef d'oeuvre du genre sans aucun doute.

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  2. tout simplement, le meilleur épisode de la saga et de loin, les autres volets étant tout de même sans intérêt, à quelques exceptions près.

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  3. C'est drôle j'ai moi-même eu envie de me faire un Freddy (sort de la nuit pour être plus exact) la semaine dernière, qui comme tu le rappelles est aussi très intéressant pour son scénario
    allambiqué de film dans le film et de créateur pris au piège de sa créature... Bref... serions-nous tenter de revenir au source de l'horreur alors que le remake de ce classique est sur le point
    de sortir? Un remake que je crains beaucoup mais que je verrai sans doute un jour malgré tout...
    A+

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  4. Il faudrait vraiment que je me refasse tous les Freddy car je n'en ai aucun souvenir donc ça pourrait être sympa.

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  5. Très intéressant papier !


    Et excellent film en effet, d'autant que Freddy n'y est pas encore devenu l'épouvantail comique qu'il deviendra par la suite dans certaines séquelles...


    A sauver, effectivement, le dernier volet brillant et passionnant et le sympathique La Revanche de Freddy et son background crypto-gay.


    Le reste, par contre, n'est guère fameux...

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  6. Je n'ai pas vu ce film, mais je me demande si je vais aller voir le remake, qui se fait déscendre littéralement par les critiques.

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  7. J'ai vu ce film il y a des années, et je me souviens avoir aimé, mais je ne sais plus pourquoi. Par contre, la nouvelle version, que je viens de voir ce soir, quelle daube!

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  8. j'adore ce film !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

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