mercredi 12 mai 2010

Enter the Void, de Gaspar Noé (France, 2010)



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Note :
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Avec « Enter the Void », Gaspar Noé propose en quelque sorte un grand film pédagogique à montrer dans tous les collèges et lycées ! Il semble en effet livrer à son spectateur un quasi manifeste
anti-drogue, que l’on pourrait confondre par moments avec une commande de l’éducation nationale !

Bon, plaisanteries mises à part, force est de constater que son nouveau film n’est pas à la hauteur, ni de son « Seul contre tous », véritable électrochoc-manifeste qui le fit connaître en 1998,
ni de ce que ce gros jouet expérimental à 10 millions d’euros laissait entrevoir ou entendre depuis quelque temps déjà… Rien que sa longueur – plus de 2h30 que l’on sent bien passer – est bien
décourageante ! Ce qui est d’ailleurs rageant, c’est de se dire qu’il aurait très probablement réussi son film s’il l’avait coupé de moitié !

Parce qu’il faut bien commencer par reconnaître au film de Noé une forme et une plasticité extrêmement novatrice et brillante, audacieuse et souvent virtuose ! Pour décrire un univers débordant
de « stupéfiants » et de drogues en tout genre (le réalisateur a déclaré lui-même avoir voulu filmer un « trip sous acide »), il emploie un style absolument « stupéfiant » ! (ah ah ah) Soulignons
notamment les transitions entre les différentes séquences et images, qui sont particulièrement bien trouvées, fonctionnant comme un jeu complexe et intelligent de correspondances multiples. Des
correspondances qui reposent aussi bien sur des formes ou sur la spatialité (tel personnage à tel endroit du cadre repris par un autre personnage ou par le même personnage plus jeune au même
endroit dans le plan suivant…), que sur les sens, la sensibilité ou les réminiscences de la conscience du « héros », qui meurt au bout d’une demi-heure de film et dont on suit ensuite l’âme
errante, aussi bien dans l’espace que dans le temps… Tout le long métrage est d’ailleurs en caméra subjective, clignements de paupières inclus, non pas du corps mais bel et bien de l’esprit du
héros, que l’on voit ainsi contempler son propre corps d’abord au cours d’une prise de drogue, puis lors de sa mort effective, comme si la drogue n’était finalement rien d’autre qu’une « petite
mort »… CQFD !

Sauf que passé une première heure plutôt emballante, qui nous laisse entrevoir le meilleur de son art, Gaspar Noé sombre dans un « film monstre » beaucoup trop long et boursouflé, faussement
ampoulé et rendu presque incontrôlable, mélangeant tout et n’importe quoi, dans un bazar kaléidoscopique surfant entre délire « new age » hyper léché et « porno chic » inutilement provocateur…
Vers la fin, le cinéaste filme à n’en plus finir ses maquettes de Tokyo vue du ciel (c’est très beau au début, mais passé dix minutes ça devient insupportablement chiant !) et s’offre même un
plan de pénis en érection vu de l’intérieur d’un vagin, ce qui laisse présager le pire pour son projet de film porno en 3D à venir…

Noé se perd ainsi dans la « porno-provoc » facile et la psychologie bon marché, laissant entrevoir dans l’évocation du passé de son personnage la plus mauvaise des psychanalyses : un accident de
voiture atroce comme véritable traumatisme de l’enfance (visuellement impressionnant !), des parallélismes œdipiens idiots entre le jeune homme léchant les seins de sa copine et le même enfant
tétant la poitrine de sa mère, les désirs incestueux sur sa sœur, qu’il a juré de ne jamais quitter, même dans la mort, et bla bla bla… Un beau gâchis quand même !































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10 commentaires:

  1. J'ai aussi été extrêmement déçu par ce film. Ayant vu Irréversible la veille, je m'attendais à un chef d'œuvre. J'étais surexcité les premières minutes, mais durant la dernière demi-heure du film
    je n'avais qu'un hâte : que ca cesse !!
    Le film est artistiquement génial, mais tout est beaucoup trop long ! Pourtant Gaspard Noé avait revu le montage, mais il aurait mieux fait d'amputer une heure au film...

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  2. Entièrement d'accord avec toi ! Il aurait fallu 1 heure de moins...

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  3. C'est fou comme ce film divise radicalement...


    On passe des dithyrambes au fiel... pas de tiédeur ni d'entre deux...


    Pas lu des trucs pareils depuis Antichrist...


    Va vraiment falloir que j'y aille voir par moi même...

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  4. Justement non : pour Phil comme pour moi, il y a du bon et du pas bon. Ce n'est donc pas si radical (je n'étais d'ailleurs pas si radical sur Antichrist non plus...).

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  5. Je connais le cine de Noé par réputation. Ce film à l'air franchement bizarre, et si c'est pour voir un penis dans un vagin, autant regarder un film porno. Pas ce genre de film que je cherche.

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  6. 2flicsamiami > Si tu veux voir un Noé, ne commence pas par Enter the void, tu pourrais en être dégouté. Je te conseille Irréversible :)

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  7. pas vu et j'attendrai la sortie dvd pour le faire: ça a l'air très spécial et également très long. Ta chronique ne me donne pas envie de me précipiter dans les salles obscures.

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  8. ça fait plaisir de voir que tout le monde ne jubile pas devant ce film!! Pas vu mais tellement sollicité pour le voir que je ne sais plus quoi en penser. C'est sûr qu'à toujours jouer la carte de
    la provoc' ça finit par lasser les spectateurs...

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  9. Sympa le logo du C.O.B.C (je vais le faire en plus gros pour qu'il soit plus net sur vos blogs!!!

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  10. Il m'aura fallut une news sur Godezilla pour m'apercevoir que j'étais d'accord avec toi sur Enter the void


     

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