dimanche 18 août 2013

[Critique] American Nightmare, de James DeMonaco



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(Etats-Unis,
2013)



Le Jour du Saigneur # 125



Sortie le 7 août 2013




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En dépit d’un titre original qui tend la perche pour se faire descendre en flèche (« The Purge »), « American Nightmare » se présente pourtant comme un film plutôt bien fichu, qui en jette
d’abord grâce à son concept fort et original. Dans un futur proche, les Etats-Unis ont apparemment trouvé un moyen d’enrayer le crime et la violence, du moins 364 jours par an. La contrepartie à
cette tranquillité idéale est « la purge », qui permet durant une nuit de l’année à tous les habitants de libérer leurs pulsions meurtrières dans la plus parfaite impunité : libre à chacun de
tuer son voisin ou son patron au cours de ce laps de temps, où la justice n’existe plus, la police n’intervient pas et les secours sont aux abonnés absents… Dans cette société qui croit avoir
trouvé le moyen parfait de se débarrasser des maillons les plus faibles et inutiles (ceux qui n’ont finalement pas les moyens de se protéger), les classes les plus aisées peuvent continuer de
dormir tranquille derrière leurs grandes maisons ultra-sécurisées…

Avec un concept aussi percutant, « American Nightmare » aurait pu nous emmener très loin, et c’est peut-être justement le principal reproche que l’on pourra lui faire : celui de ne jamais nous
emmener assez loin et de se jour_du_saigneur_bis.jpgcontenter d’un scénario trop simple et
restreint qui le transforme au final en simple « home invasion », certes efficace mais loin des ambitions auxquelles son idée phare le faisait prétendre… Le budget réduit du film (3 millions de
dollars) est peut-être un frein à une plus large exploitation de son concept de base, condamnant par exemple le long métrage à un huis clos dans une maison où se trouve enfermé une seule famille,
qui tiendra lieu de référent pour le spectateur. Une famille d’ailleurs peut-être trop soudée, ce qui laisse apparaître une nouvelle faille dans un scénario finalement sous-exploité : si le
dilemme du père entre sauver un homme ou sa famille à un moment marque une hésitation intéressante par rapport à la fragilité de l’amour que sa femme ou ses enfants éprouvent pour lui, le manque
cruel d’enjeux et de rapports conflictuels entre les différents membres de cette famille, qui auraient par exemple pu donner lieu à un véritable pugilat endémique, se fait ressentir… De même, la
violence et la haine des voisins de la famille arrivent peut-être trop tard dans la narration et manque quelque peu de conviction. Le film laisse ainsi apparaître à plusieurs reprises un manque
d’ampleur évident !

Reste que le tout tient la route et que « American Nightmare » fonctionne, donnant lieu notamment à une gradation de la violence assez bien menée et à une tension présente assez régulièrement,
sans pour autant être répétitive ou par trop excessive… Tout n’est pas complètement réussi (le faux suspense autour du petit copain de la fille, qui vient tuer le père, est noyé dans une
confusion dont le « climax » visiblement recherché est raté), mais rien n’est honteux et le long métrage se regarde comme un film de genre honnête et appréciable. Et il est d’autant plus « cool »
qu’il fustige avec conviction une Amérique violente, dont la bonne conscience se noie souvent dans une hypocrisie criminelle. Le « bon père de famille » qu’incarne Ethan Hawke se révèle
d’ailleurs étonnamment le nœud du problème : un personnage qui possède encore une conscience devant l’horreur de son pays, mais se retient d’agir à cause de sa bonne situation et justement parce
que c’est l’horreur de son pays qui lui a permis d’arriver où il en est (il possède une société qui vend des systèmes de sécurité pour des maisons bourgeoises comme celui qui équipe la sienne).
Le cinéaste James DeMonaco l’explique parfaitement : "James [le héros] représente l’apathie de la Nouvelle Amérique. Il vend des systèmes de sécurité aux riches, et il adhère complètement à la
propagande, ce qui lui profite bien et l’a rendu riche". Un discours intéressant, qui a le mérite de ne pas être trop appuyé…































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2 commentaires:

  1. Horriblement déçu par ce film qui avait un pottentiel énorme mais qui a était baclé.

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  2. c'est vrai que ça aurait du être mieux ! :)

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