dimanche 25 août 2013

[Critique] Phantom of the Paradise, de Brian De Palma



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(Etats-Unis,
1974)



Passez un été "en chanté" avec Phil Siné !



Le Jour du Saigneur # 126




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coeur


Si « Phantom of the paradise » demeure probablement l’une des œuvres les plus folles de la carrière de Brian De Palma, elle est devenue avec le temps un véritable film culte ! Opéra baroque
complètement hallucinant, le long métrage marque encore les débuts d’un cinéaste bourré de talent et d’inventivité… Tout à l’écran porte déjà la patte ‘De Palma’, qui fera la richesse de
l’univers de tous les films qui suivront : plans séquences audacieux, la scène à suspense avec split screen, l’obsession pour les dispositifs d’enregistrement ou de caméra vidéo… On assiste à un
déferlement de trouvailles visuelles et à une intelligence de la mise en scène des plus stimulant, d’autant que le film se plait à mélanger les genres, les styles et les tonalités !

On pourra ainsi tout autant rire que frémir devant « Phantom of the paradise », qui comprend aussi bien des moments de kitsch absolu que des moments de tension et de suspense affolant… Une scène
emblématique parodie par exemple la scène de la douche de « Psychose », l’une des œuvres phares de Hitchcock, que De Palma vénère et cite constamment dans son cinéma : on commence alors par
frissonner pour ensuite éclater de rire quand le couteau de l’agresseur se transforme en ventouse qui se colle sur le visage du jour_du_saigneur_bis.jpgpersonnage sous la douche ! La séquence de tension en split screen possède elle aussi son détail humoristique, à travers ce bâton de
dynamite très « cartoonesque » placé dans le coffre d’une voiture de décor de théâtre… On a parfois l’impression de se retrouver dans les excès d’une comédie très « rock’n’roll » mise en scène
comme un film d’horreur, quelque part finalement entre « The Rocky
Horror picture show
» et « Orange mécanique » !

Les citations ne manquent d’ailleurs pas dans le scénario que nous a concocté lui-même Brian De Palma : « Le fantôme de l’opéra », « Faust », « Frankenstein », « Le Portrait de Dorian Gray »… Le
cinéaste mélange tout un tas de références subtiles pour créer une « œuvre monde » complètement inédite et à l’ambition démesurée, en dépit de son allure très « premier degré ». Son histoire de
jeune compositeur spolié de son œuvre par un producteur abominable (dont le label musical porte le nom très symbolique de « Death Records ») est en réalité une charge assez féroce contre
l’industrie musicale en particulier et plus largement contre le monde du spectacle, qui dépouille les artistes et ne leur laisse pas créer comme ils l’entendent… De Palma lance certainement
quelques piques aux producteurs de l’industrie cinématographique également !

Sous ses allures baroques et explosives, « Phantom of the paradise » nous plonge ainsi dans un monde éminemment sombre, dans lequel tout le monde possède une large part d’ombre ! Si c’est sans
équivoque pour Swan, le diabolique – au sens propre ! – producteur, c’est aussi le cas de Winslow, le compositeur naïf, lorsqu’il n’hésite plus à tuer pour que son œuvre existe telle qu’il le
souhaite… Quant à Phœnix, celle qu’il aime et pour qui il écrit son opéra, elle n’a rien d’exemplaire elle non plus, finissant par rejeter Winslow à cause de sa monstruosité physique, celui-ci
étant défiguré, et par gagner les bras de Swan, pour la gloire et l’argent.

Heureusement, la musique est là pour illuminer un peu tout ça, même si là encore elle comporte bien souvent une « inquiétante étrangeté », qui lui confère une couleur plus tragique et opératique…
La boîte métallique créée par Swan pour permettre à Winslow de chanter à nouveau (après son séjour assez ironique au pénitencier de « Sing Sing », nom ô combien symbolique !) lui offre par
exemple une voix plutôt curieuse et peu harmonieuse. Quant au spectacle musical au « Paradise », la boîte de Swan, il offre au public des choses assez sordides, comme la mort « électrique » de
Beef (le chanteur gay exubérant) sur scène, laissant d’ailleurs la foule hystérique et enthousiaste… Un public qui continuera d’ailleurs de danser en riant jusqu’à la fin, applaudissant la mort
même du pauvre Winslow ! De Palma interroge ainsi assez brillamment autant la fabrication mercantile d’un spectacle que sa réception par des gens finalement assoiffés de sang et de sensations
fortes, bien plus que de culture et d’émotions… « Phantom of the paradise » devient alors à la fois l’illustration parfaite et la critique même de son propre sujet : le tour de force est total !



Perspective :



- Passion, de Brian De Palma































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