mercredi 14 août 2013

[Critique] Je ne suis pas mort, de Medhi Ben Attia



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(France,
2012)



Sortie le 7 août 2013




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coeur


"La première idée a été de raconter l’histoire d’un homme qui se réveille « dans la peau d’un Arabe », explique le cinéaste Medhi Ben Attia à propos de son deuxième long métrage. Il y avait donc,
au départ, un postulat très simple de film fantastique. Au fur et à mesure de l’écriture et, tout en restant fidèle à ce postulat, le scénario s’est étoffé de nuances." Et toutes ces nuances
finissent par former un film passionnant et fascinant, qui explore nombre de perspectives assez impressionnantes compte tenu de son apparente simplicité… Car « Je ne suis pas mort » peut être vu
aussi bien comme un thriller psychologique, une fable fantastique, une parabole sociale, un drame romantique… et toute la subtilité de sa mise en scène est justement de ne jamais choisir une
interprétation plus qu’une autre pour laisser libre celle de son spectateur et maintenir le trouble dans son esprit...

A voir cette œuvre audacieuse et atypique dans le cinéma français, on comprend que le réalisateur-scénariste ait galéré pour écrire et construire son récit : "L’histoire est simple mais le
scénario est complexe. L’écriture et surtout la réécriture du film m’ont pris beaucoup de temps. Une fois la structure posée, j’ai beaucoup travaillé les « rimes » entre Yacine et Richard.
Souvent dans le film, les phrases que dit l’un pourraient être prononcées par l’autre. Il y a un véritable effet miroir entre eux. D’une certaine manière, secrètement, Richard et Yacine sont un
seul et même personnage à deux âges différents et dans des positions sociales différentes. A chaque étape du scénario – il y a eu une bonne vingtaine de versions – correspondait un
approfondissement. Au fond, ce qui m’intéressait, c’était d’interroger ce dispositif : Pourquoi veut-on être quelqu’un d’autre ? Pourquoi croit-on qu’on n’est pas celui que l’on est ? Qu’est-ce
que cela révèle ?". Le soin accordé à l’écriture fait de « Je ne suis pas mort » un film fort et prenant, qui nous parle de quête d’identité ou de la difficulté d’exister quand on est issu de
population immigrée en France, à travers le parcours du jeune Yacine, doué pour les études mais galérant pour avancer dans la vie ou pour se construire une personnalité propre. Quand son
professeur, Richard, le prend sous son aile, de nouvelles opportunités s’ouvrent à lui, et sa mort alimente son côté caméléon, Yacine affirmant être Richard, coincé désormais dans le corps du
jeune étudiant…

Si l’élément fantastique de ce trouble de l’identité fascine, les perspectives politico-sociales du film, amenées plutôt finement, passionnent ! Le film diffuse en outre assez subtilement de
riches idées sur le principe de transmission, sur les jeux et enjeux du pouvoir, sur le trouble identitaire ou la construction de soi… L’ambiguïté constante du personnage de Yacine envoûte plus
encore grâce à l’interprétation magistrale du jeune acteur Mehdi Dehbi, à la beauté aussi lisse que mystérieuse, au charme assuré et au talent dramatique intense… Le reste du casting (Emmanuel
Salinger ou encore la sublime Maria de Medeiros) suit largement par sa qualité, faisant de « Je ne suis pas mort » un film important, qu’il serait très dommage de ne pas remarquer dans le vide
intersidéral des sorties cinéma de l’été… Courrez-y vite, je suis sûr que vous m’en remercierez !































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