mercredi 28 août 2013

[Critique] Chantons sous la pluie, de Stanley Donen et Gene Kelly



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(Etats-Unis,
1952)



Passez un été "en chanté" avec Phil Siné !




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coeur


Classique parmi les classiques, indémodable et probablement indépassable, « Chantons sous la pluie » s’impose comme une comédie musicale de référence, si ce n’est « LA » comédie musicale la plus
absolue, incarnation pure de l’âge d’or du genre, que l’on pourrait regarder encore des centaines de fois sans éprouver la moindre lassitude ! Il faut dire aussi que le film en impose dès son
générique : le réalisateur Stanley Donen s’était déjà fait la main sur des films musicaux marquant (« Mariage royal » avec Fred Astaire, « Un jour à New York », déjà en collaboration avec Gene
Kelly), Gene Kelly était alors au sommet de sa gloire (« Un Américain
à Paris
», de Vincente Minnelli, venait de casser la baraque) et une ribambelle de stars montantes confirmaient ici leur talent, entre Debbie Reynolds, Donald O’Connor ou Cyd Charisse…

La magie de « Chantons sous la pluie » ne s’explique peut-être pas, puisque c’est justement ça, la « magie » du cinéma, mais un certain nombre de facteurs plaident tout de même en sa faveur, à
commencer par cet équilibre tout simplement merveilleux que le film parvient à maintenir entre les scènes dialoguées et les numéros dansés et chantés…  Jamais lassantes ou systématiques, les
chansons – incroyablement nombreuses – s’agencent toujours à la perfection dans le déroulement du scénario, confèrent un rythme toujours adéquat au long métrage et donnent lieu à une diversité
qui semble couvrir toutes les possibilités que le genre pouvait alors offrir ! Les séquences musicales sont ainsi tour à tour intra ou extra-diégétiques, font avancer l’action ou sont de simples
interludes, sont romantico-mélancoliques ou au contraire très dansantes et joyeuses, etc. Surtout, elles proposent une infinités d’émotions, de la comédie complètement désopilante (le « Make ‘em laugh » de Donald O’Connor) au romantisme pur (Gene Kelly et Debbie Reynolds dans un studio de cinéma).

Un autre atout majeur du film demeure son ton incroyablement drôle et ironique. Les acteurs s’en donnent vraiment à cœur joie dans la comédie, et leur enthousiasme est toujours formidablement
communicatif ! Les gags s’enchaînent et ne se ressemblent pas, offrant là encore une large palette d’inventivités et de procédés, capables de dérider n’importe qui… Dès le début, tout le
flash-back sur sa vie que le personnage de Gene Kelly raconte à un journaliste est hilarant dans la contradiction qu’il offre entre le discours et les images : la star clame que toute sa carrière
a toujours été guidée par la dignité, pendant que les images nous montrent toutes les humiliations et les jobs misérables qu’il a du accepter avant d’en arriver là… Par la suite, qu’il s’agisse
de jeux sur les mots ou de gags purement visuels, l’humour de « Chantons sous la pluie » fait toujours mouche et donne au spectateur un sourire jusqu’aux oreilles !

Mais là où le film fait très fort, c’est dans une mise en abyme du cinéma assez sidérante et passionnante ! « Chantons sous la pluie » est en effet un vibrant hommage à l’une des périodes les
plus délicates que le septième art ait eu à passer : celle de l’avènement du parlant. S’il le présente avec humour et légèreté, ce passage a pourtant signer l’arrêt de la carrière de nombreuses
stars à l’époque. Ici, on se moque plutôt du personnage de Lina Lamont, peste aussi bête qu’insupportable, ayant une voix calamiteuse et zozotante… Si l’on assiste à des cours de diction
irrésistibles, donnant lieu d’ailleurs à une chanson sur une de ces phrases imprononçables pour s’entraîner à « bien parler » (« Moses Suposes »), le
film nous présente avec délice le casse-tête que les premières prises de son ont été lors des premiers tournages parlant : où placer le micro ? comment faire comprendre à une actrice idiote
qu’elle doit toujours parler dans la même direction ? etc. Outre faire référence au « Chanteur de jazz », le premier film « sonorisé », « Chantons sous la pluie » rend un réel hommage à la
technique, au procédé du doublage (scène savoureuse à la fin, où Lina, prise au piège, se retrouve en train de chanter en play-back sur la voix masculine du personnage de Donald O’Connor) et
surtout à la multitude de comédies musicales qui fleurirent à cette époque, les chansons devenant alors une sorte de panacée pour régler certains problèmes d’enregistrement des dialogues… On
retrouve alors des scènes musicales très belles, enrichies parfois de nombreux effets spéciaux, symptomatiques de la créativité nouvelle que l’innovation technique a vu naître… jusqu’à cette
longue séquence narrative très réussie et devenue mythique en hommage aux comédies musicales typiques de Broadway. De cette profusion de tons et de tonalités, de couleurs et de dégradés, «
Chantons sous la pluie » s’insinue comme un immense chef-d’œuvre, que l’on n’a pas fini de revoir, de chanter et de danser !































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3 commentaires:

  1. Adèle de Saint-O30 août 2013 à 11:04

    Bien dit ! Un de mes films fétiches !


    Et ce qui est incroyable c'est que ce film ne passe jamais à la télévision. La plupart des gens autour de moi ne l'ont jamais vu.. Dommage, non ?

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  2. Chef d'oeuvre... La perfection du genre, culte et mythique... 4/4

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  3. on ne le dira jamais assez...

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