samedi 10 août 2013

[Critique] Roméos, de Sabine Bernardi



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(Allemagne, 2011)



Sortie le 4 septembre 2013




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Sur un sujet délicat et peu traité au cinéma, la réalisatrice Sabine Bernardi réussit un film sensible et complexe, à l’image de son personnage principal… Car « Roméos » aborde de front le
délicat passage d’un sexe à l’autre dans la vie d’un jeune transgenre. Lukas était une fille et est en train de devenir un garçon pendant qu’il fait son service civil à Cologne. Mais dans le
centre où il arrive et retrouve sa meilleure amie Ine, il se trouve qu’on l’a placé côté filles dans la mesure où sur le papier, la société le considère encore comme tel. Pourtant, à quelques
détails physiologiques près, Lukas ressemble déjà à un garçon et tout son combat, émaillé par la peur, va être de ne pas trahir son secret devant les autres…

Outre des soucis d’intégration ou de compréhension de la part des autres, Lukas va faire la connaissance de Fabio, un beau garçon volage duquel il s’éprend… Mais là encore, est-ce qu’il le désire
par amour ou parce qu’il voudrait lui ressembler, notamment pour avoir son corps parfait, dépourvu des stigmates féminins qui hantent encore le sien… S’il parvient à s’intégrer à un groupe de
jeunes homos pour sortir le soir, Lukas demeure toujours dans des problématiques bien palpables et bien rendues par la mise en scène de Sabine Bernardi : l’impossibilité de dévoiler son corps,
qui ressemble encore à une chimère, à ceux dont on a envie, pour ne pas leur faire peur mais aussi pour se préserver… « Roméos » posent au fond une question très moderne, celle de savoir si
l’amour peut aller au-delà des corps…

Si le film n’est peut-être pas aussi subtil et abouti que « Laurence Anyways » sur
un sujet similaire (du jeune cinéaste Xavier Dolan), il demeure néanmoins assez bien fichu, explore de façon poussée les états d’âme et les questionnements de Lukas, et se révèle surtout
respectueux de son sujet… Lukas discute régulièrement par webcams à des personnes comme lui, ce qui lui permet d’échanger des expériences et d’évoquer d’autres problèmes qu’un trans peut
rencontrer. Ces séquences permettent d’entrer dans une certaine intimité avec le personnage et d’être en empathie avec lui. « Roméos » sait maintenir une charge émotionnelle forte et parvient
habilement à nous troubler, notamment via la façon qu’a la réalisatrice de filmer le corps de son personnage… Le trouble, mais aussi la sensualité, sont très joliment exploités par des images à
fleur de peau : les jeunes acteurs réalisent d’ailleurs de belles performances en ce sens, à commencer par Rick Okon (dans le rôle de Lukas) et Maximilian Befort (dans celui de Fabio).

Reste aussi les questions du regard des autres, même parfois de son entourage proche qui reste dans une incompréhension involontaire… Quand la meilleure amie de Lukas lui balance « si t’aimes les
hommes, ça serait plus simple de rester une fille », celui-ci lui répond choqué que ça n’a rien à voir, rappelant efficacement que le genre et la sexualité relèvent bel et bien de sentiments et
de désirs distincts… La détermination de Lukas reste d’ailleurs toujours très bien mise en avant, notamment lorsque la responsable du centre lui dit qu’il pourra revenir chez les filles s’il le
souhaite lorsqu’il est enfin autorisé à aller s’installer côté garçons : « Non, jamais ! » est la réponse de Lukas, bien décidé à rester un garçon après tous ses efforts et ses souffrances… «
Roméos » s’impose alors comme le récit d’un combat quasiment héroïque !































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2 commentaires:

  1. Tout à fait, c'est un joli film qui traite assez bien son sujet. Intéressant et bien fait.

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  2. oui, le sujet n'est pas si souvent exploité...

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