jeudi 16 mai 2013

[Série] Don't Ever Wipe Tears Without Gloves


don_t_ever_wipe_tears.jpg(Suède, 2012)




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coeur


Adapté d’un roman de Jonas Gardell, « Don't Ever Wipe Tears Without Gloves » (« Torka aldrig tårar utan handskar » dans la langue de Bergman) est une mini-série suédoise composée de trois
épisodes d’une heure environ. C’est aussi un pur émerveillement, tant la fougue qui innerve d’un bout à l’autre le feuilleton vous prend aux tripes et vous emporte dans des océans d’émotions
fortes, traversées autant de rires que de larmes… Si les « années Sida » vécues par la communauté gay – au sein de laquelle ont été dénombrées les premières victimes – ont déjà été portées à
l’écran, qu’il soit grand (« Les nuits fauves », « Les témoins »…) ou petit («
Nés en 68 »…), les voir situées dans le Stockholm des années 80
a quelque chose de frais et d’inédit ! On suit ainsi le terrible destin de Rasmus qui quitte sa province natale pour venir faire ses études dans la capitale, mais surtout pour vivre enfin
pleinement sa sexualité, dans une communauté homosexuelle de plus en plus libérée… Il fera la connaissance d’un groupe d’amis haut en couleurs et tombera amoureux de Benjamin, avec qui il vivra
sa plus belle histoire d’amour, jusqu’à ce que la maladie ne s’en mêle…

Si l’intrigue se resserre autour de l’histoire tragique et émouvante de Benjamin et Rasmus, les autres personnages ne sont pas en reste : toujours très bien écrit et caractérisé, chacun sait nous
toucher à sa façon, ce qui rend don_t_ever_wipe_tears_4.jpgjustement cette série éminemment
bouleversante ! Notre rapport aux personnages se crée ainsi assez naturellement, presque comme une évidence, et l’on passe par mille sentiments en leur compagnie, partageant leurs bonheurs et
leurs peines. La série aurait pu commencer joyeusement en décrivant la libération des mœurs des homosexuels et s’achever dans le tragique pur en s’appesantissant sur les nombreux morts emportés
par le virus du Sida, mais par un vrai petit miracle elle sait au contraire maintenir un équilibre funambulesque entre le rire et les drames, jusqu’à mêler les deux, notamment dans un enterrement
final tout bonnement incroyable… On peut prendre aussi pour exemple la visite de Benjamin, le témoin de Jéhovah introverti, à Paul, le gay exubérant : alors que le premier venait pour offrir la
révélation de Dieu au second, c’est ce dernier qui « révèle » au premier qu’il est homosexuel, rendant le passage tour à tour hilarant, à travers la situation incongrue, puis bouleversant, devant
la prise de conscience soudaine de Benjamin…

« Don't Ever Wipe Tears Without Gloves » sait aussi ne pas se cantonner au seul sujet qu’il prétend décrire – l’épidémie du Sida dans le Stockholm des années 80 – pour proposer des thématiques
bien plus larges et capables de toucher tous les publics : le rapport à la famille ou à la religion, plus encore lorsque l’on est différent et parfois rejeté par ses proches, est traité avec une
belle subtilité et parfois avec une cruauté terrible ! Demeurant toujours don_t_ever_wipe_tears_ter.jpgimmensément généreux et
humain, le feuilleton traite bien sûr avec tact le rapport à la maladie : le rapport aux autres lorsque l’on se sait malade, le rapport des autres face aux malades (qui explique notamment la
dureté du titre, que l’on peut traduire par « n’essuie pas les larmes – sous entendu des personnes contaminées – sans gants » – autrement dit sans te protéger), ou encore des choses moins
évoquées habituellement comme la tentation du suicide… Loin de tous les clichés, certaines séquences lancent même comme des échos aux problématiques plus contemporaines : lorsque Rasmus meurt et
que ses parents veulent organiser l’enterrement sans l’avis pourtant le plus légitime de Benjamin, son amant, on comprend pourquoi la législation – comme au hasard le mariage pour tous – demeure
une nécessité absolue pour régler des situations très concrètes…

Si la beauté et la grâce qui traversent cette série magistrale doivent beaucoup à la force et au magnétisme de leurs superbes interprètes – Adam Lundgren et Adam Pålsson forment un couple tout en
charme et en douceur –, on pense aussi à la puissance d’une mise en scène plutôt futée et soignée. Si elle connaît quelques menues maladresses, sa dramaturgie éclatée, mêlant l’enfance et
l’avenir au présent des personnages, reste sa signature la plus visible et affirme un peu plus l’anticonformisme plein de ferveur de cette œuvre originale et sincère !




don t ever wipe tears bis




Présentée à la dernière édition du festival "Séries Mania" au Forum des images
, la série y a obtenu le Prix du
public
!































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4 commentaires:

  1. Ca a l'air rudement chouette ce truc... Mais comment le voir ?!

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  2. papa tango charlie20 mai 2013 à 02:50

    on peut trouver les trois épisodes sur dailymotion, mais en VO sous titrée anglais.


     


     

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  3. Papa tango charlie21 mai 2013 à 02:14

    La.série est poignante par son réalisme et la diversité des thèmes abordés. On est loin des caricatures américaines ( les gays sont de plus en plus présent, mais ça sent le quota...) Le côté
    dramatique l'emporte quand même nettement, encore une fois comme pour beaucoup de scenarios gays.

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  4. c'est un point négatif pour toi ce que tu appelles le côté dramatique ? pas complètement convaincu alors ? les acteurs sont merveilleux non ? ;)

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