lundi 6 mai 2013

[Critique] I Want Your Love, de Travis Mathews



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(Etats-Unis, 2012)



Sortie le 1er mai 2013




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Version longue d’un court-métrage que le réalisateur avait signé (disponible ici), avec une série de trois documentaires, en réaction à l’image
de la vie homosexuelle véhiculée par les médias, « I want your love » se veut ainsi une description plus réaliste de la vie d’un jeune gay à San Francisco, loin de l’imaginaire « gay pride » ou
de la stigmatisation (dans le bon ou le mauvais sens) qu’un regard trop rapide pourrait percevoir de la vie de « ces gens »… Le long métrage de Travis Mathews donne justement l’image d’un
trentenaire parfaitement « normal », qui se prépare à un grand changement dans sa vie : celui de retourner dans sa province natale, notamment pour mieux se concentrer sur son travail d’artiste…
Avec une esthétique et des errances scénaristiques très « cinéma indépendant américain », le portrait se révèle touchant. On aime la douceur et l’amertume qui se dégagent du personnage, dont la «
mélancolie métaphysique » se manifeste à travers le regard qu’il porte sur sa vie, mais aussi grâce au charme ténu du comédien Jesse Metzger.

Pour tourner, le cinéaste a opté pour une large part d’improvisation avec ses acteurs, afin de rendre un réalisme et une crudité qui sonnent toujours « vrais ». Il déclare lui-même qu’"après
avoir réécrit plusieurs fois les scènes, on laissait les scripts de côté et j'encourageais [les acteurs] à être réactifs, à répondre instinctivement, à résister à la tentation de jouer. Beaucoup
de belles choses viennent de ces exercices." Tous les acteurs réussissent parfaitement l’accomplissement de la volonté de Mathews, donnant l’image d’un groupe d’amis soudé et complice…

Et puis, il y a le cul. Car « I want your love » se démarque de la plupart des films qui sortent en salles dans la mesure où il flirte constamment avec la pornographie. Il pourra y avoir débat
sur la nécessité de ces scènes crues et explicites au milieu de ce portrait d’un groupe de jeunes gay, on pourra discuter aussi de la dimension clairement cinématographique de relations sexuelles
non simulées (où est exactement le travail d’un comédien s’il ne « joue » plus ?), n’empêche que la façon dont tout ça est filmé contraste largement avec ce que propose généralement l’industrie
pornographique habituelle – qu’elle soit gay ou hétéro d’ailleurs… Ici, on demeure loin du culte de la performance ou de la recherche de positions impossibles (et sans doute inconfortables, soit
dit en passant), puisque les scènes appartiennent toujours à ce « naturalisme » revendiqué par le film. On sent également de la part du réalisateur une volonté de montrer des gens faire l’amour
plus que simplement « baiser », en montrant tout ce que leurs rapports peuvent avoir de ludique et d’humain : voir un couple éclater de rire après l’orgasme, montrer aussi que l’on ne peut pas
toujours atteindre l’orgasme… voire même qu’un rapport a parfois le droit d’être interrompu tout net, au moment où le héros comprend justement ce dont il a vraiment besoin, comme une révélation
ou une renaissance à sa nouvelle vie à venir… Privilégier finalement la tendresse à l’excitation purement mécanique, voilà peut-être un exemple que les producteurs de films pornos devraient
suivre ?



Perspective :



- Mon Top 15 des films les plus Gay !



- Gorge profonde, de Gerard Damiano































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2 commentaires:

  1. Ca peut être intéressant mais ça ne sortira de toute manière jamais ici...


    Par contre, j'ai noté un nombre très important de guillements ^_^. Le sujet qui veut ça?

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  2. Depuis le temps que j'entends parler de ce film, je m'imaginais qu'il pourrait bien s'agir d'un porno tourné avec un vrai regard d'auteur, une intention un peu autre que ce dont on a l'habitude
    (en somme, de quoi faire mentir ceux qui refusent de parler de "cinéma" pour ces films... ;). Mais en fait, ce serait plutôt le contraire : un vrai film d'auteur mais qui donne (enfin) du sens
    aux scènes de cul qui le parcourent... non ? Car pour ma part, j'ai trouvé qu'elles ajoutaient vraiment quelque chose au propos, c'était chouette (et plus évident dans ce format qu'en à peine 14
    minutes).


    En revanche, je discuterais effectivement sur la notion de cinéma si les "acteurs" ne jouent pas la comédie et "incarnent" en fait leurs propres rôles en improvisant... ça, c'est vraiment
    dommage... m'enfin, ça ne pouvait pas être parfait, hein !

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