mardi 7 mai 2013

[Critique] Jurassic Park 3D, de Steven Spielberg



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(Etats-Unis,
1993-2013)



Reprise en salles et en 3D le 1er mai 2013




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coeur


Alors que ma vieille VHS de « Jurassic Park » trône toujours en bonne place dans ma vidéothèque (le charme décoratif des objets « vintage », qu’on a tant usé à une époque qu’il devient presque
rassurant de les conserver…), voilà que le film ressort en salles et en 3D pour célébrer son vingtième anniversaire… 20 ans ! Putain, ça fiche un sacré coup de vieux quand on y pense… et même si
je ne conserve pas une grande affection pour ce qui a probablement été l’une des pires périodes de ma pathétique existence, se dire que mon adolescence a 20 ans, ça fait un drôle d’effet ! Mais
ça reste en tout cas rudement chouette de redécouvrir ce film aujourd’hui, d’autant qu’on pourrait dire de lui, contrairement à mon pauvre corps, qu’il n’a quasiment pas pris une ride… et ça,
même pas à cause du lifting en relief qu’on lui a fait subir, mais juste parce que son réalisateur a un immense talent !

Tout le monde, je crois, connaît l’histoire de « Jurassic Park » : celle d’un parc d’attraction d’un nouveau genre sur une île, porté par un vieux fou friqué et mégalo, qui ne cesse de répéter
avoir « dépenser sans compter » pour recréer des dinosaures « pour de vrai » à partir de leur ADN retrouvé dans un moustique préhistorique conservé dans de l’ambre… Avant d’ouvrir son parc, le
riche John Hammond a besoin de rassurer ses actionnaires et propose donc une visite test avec des scientifiques, un avocat et ses propres petits enfants, qui servent à illustrer le « public cible
» de l’entreprise. Bien sûr, rien ne va se dérouler comme prévu et tout ne va pas tarder à partir en sucette…

A l’époque de sa sortie, le film s’imposait comme révolutionnaire dans le domaine des effets spéciaux, tout spécialement les images de synthèse que seul « Terminator 2 » avait jusqu’alors
exploité à une moindre échelle… Mais si le film fonctionne encore aussi bien aujourd’hui et demeure ce qui peut se faire de mieux en matière de divertissement, ce n’est pas seulement grâce à ses
effets spéciaux incroyables et à ses scènes d’action vibrantes, c’est surtout parce que Steven Spielberg savait parfaitement ce qu’il faisait à travers sa mise en scène ! Outre les multiples
détails d’un scénario rigoureux et d’un montage virtuose, parvenant notamment à faire se répondre avec une fluidité idéale deux scènes se déroulant au même moment, le cinéaste capte l’attention
en évitant toujours de se gargariser de ses propres images. Même si les effets spéciaux sont éclatants et merveilleux, nul besoin de les montrer plus qu’il ne faut, car il y a une histoire à
raconter et des personnages à rendre vivant ! Et c’est bien là tout le talent du réalisateur : même dans un film à grand spectacle, il parvient à placer ses acteurs au cœur du dispositif… et on
peut dire qu’ils le valent bien, tant Sam Neill, Jeff Goldblum, Laura Dern ou Richard Attenborough campent leurs personnages avec convictions ! Le goût du détail, de la réplique qui fait mouche
(celles du mathématicien incarné par Goldblum sont savoureuses d’ironie froide !), du « truc » qui permet finalement de toujours jouer avec le spectateur pour lui garantir le plus grandiose des
spectacles… Adjointes à la partition inspirée et toute en crescendos de John Williams, les images de Spielberg savent d’ailleurs souvent se montrer d’un lyrisme jouissif, et ce jusqu’à la
dernière « image symbole » du film, rassemblant un oiseau et un hélicoptère dans un même vol, avec une poésie folle !

Ce qui est intéressant avec « Jurassic Park », c’est qu’en plus d’être un blockbuster ludique et réellement divertissant, il offre plus discrètement une vraie réflexion ontologique sur la vie et
le devenir de l’humanité… D’abord parce que les théories scientifiques s’y bousculent avec un vrai plaisir pédagogique : celle du paléontologue qui soutient que les dinosaures sont devenus les
oiseaux que nous côtoyons aujourd’hui, celle de la théorie du chaos exprimée par le mathématicien facétieux, celle des biologistes sur la reconstitution de l’ADN à travers un petit film plutôt
malin, créé pour les futurs visiteurs du parc… Ensuite parce que Spielberg met en garde une humanité trop présomptueuse qui se prendrait pour Dieu : en manipulant la vie elle-même, les hommes
pourraient bien risquer de perdre la leur, si fragile malgré ce qu’ils peuvent en penser avec leurs petits airs supérieurs… c’est ce qu’illustre au fond la mise en pratique de la théorie du chaos
que propose le long métrage. Le film se place clairement du côté des humbles et sages scientifiques, éblouis par le spectacle mais qui ne peuvent s’empêcher de douter, et punit idéalement
l’arrogance ou la traîtrise… Si Hammond est sauvé par Spielberg, c’est parce que ses intentions étaient sincères et parce qu’il prend conscience peu à peu de sa folie des grandeurs. Ce ne sera
pas le cas de l’avocat, lâche et attiré égoïstement par le seul profit financier, ou de l’informaticien, menteur et voleur, qui seront bel et bien punis de mort par les dinosaures – donc par la
nature elle-même ! Nous assistons au fond à une cartographie de l’humanité selon l’idéal spielbergien, où les bons survivent quand les méchants meurent… Si le résultat est simpliste, la réflexion
pour nous y conduire se révèle pourtant ainsi bien plus fine et intelligente !

Il convient enfin d’évoquer la conversion du film en 3D. S’il est évident que celle-ci ne sert à rien et qu’elle ne fait qu’ajouter des effets inutiles à un film qui n’en manque pas (d’effets
utiles, donc !), son résultat final demeure néanmoins de qualité honnête, bien loin de la calamiteuse version en relief de « La menace fantôme », par exemple… Certes, certains éléments
d’avant-plan rendent parfois l’image gênante à regarder et quelques couacs demeurent présents ici et là (un reflet sur l’eau, un détourage un peu trop marqué…), mais l’ensemble reste appliqué,
proposant notamment une belle profondeur de champ lors de certaines séquences et conservant surtout une image nette. Il faut dire que le film, à la mise en scène relativement fluide et au montage
peu découpé, s’y prêtait assez bien, comme Spielberg l’a lui-même expliqué, tout en émettant certaines réserves : « J’ai pensé que ‘Jurassic Park’ se prêtait bien au relief. Et puis, c’est le
vingtième anniversaire du film, il fallait quelque chose de plus pour qu’Univers Sale accepte de le ressortir en salles. La 3D est un outil de plus dans la boîte à outils, rien d’autre. Je sais
que j’ai eu tort de retoucher numériquement ‘E.T.’ il y a quelques années,
corrigeant certains dialogues, gommant des armes à feu. C’était une erreur d’altérer une œuvre déjà existante et je ne le referai pas. » Voilà qui est rassurant pour l’avenir…



Autres films de Steven Spielberg :



Cheval de guerre (2011)



Les dents de la mer (1975)



E.T. l’extra-terrestre (1982)



Lincoln (2012)



Sugarland Express (1974)



Les aventures de Tintin : le secret de la Licorne
(2011)































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3 commentaires:

  1. Rien est à redire concernant la qualité du film. La 3D était tout à fait acceptable, on ressent une belle profondeur de champ à plusieurs moments, quelques amorces et jaillissements fonctionnent,
    c'est une expérience certes pas très utile mais pas non plus désagréable. Après j'ai préféré la reconversion de Titanic, perso.

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  2. En effet, la conversion du film en 3D ne sert pas à grand chose d'autant plus lorsque l'on n'est pas fan de la 3D. Mais cette action a le mérite de remettre ce film culte au devant de la scène.
    Nous pouvons espérer que la trilogie gagnera ainsi en notoriété auprès de la nouvelle génération.

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  3. la "nouvelle" génération ? nous serions déjà l'ancienne ? :'(

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