mardi 29 octobre 2013

[Critique] Regard neuf sur Olympia 52, de Julien Faraut



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Regard
neuf sur Olympia 52



de Julien Faraut



(France, 2013)



Sortie le 23 octobre 2013




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« Regard neuf sur Olympia 52 » est le résultat d’une étonnante mise en abyme dans l’univers toujours un peu facétieux et inattendu du génial « documentariste-cinéaste-poète » Chris Marker… A
l’idée de restaurer le tout premier film du monsieur, réalisé sur les Jeux Olympiques d’Helsinki de 1952 pour répondre à une commande du Ministère de la Jeunesse et des Sports, celui-ci a
expliqué trouver le projet « parfaitement saugrenu » et ne plus vouloir montrer « ce brouillon de jeunesse » en tant qu’œuvre à part entière… Ce refus catégorique a intrigué Julien Faraut, qui a
fini par transformer ce qui devait n’être qu’un simple bonus DVD d’une éventuelle restauration d’« Olympia 52 » en film à part entière, véritable film sur le film original, qui reste donc à ce
jour le seul moyen de porter un « regard » sur ce fameux premier film de Marker…

Débutant comme un documentaire assez classique – bien qu’un « documentaire sur un documentaire » est déjà en soi quelque chose de peu conventionnel –, la voix de Julien Faraut nous explique qu’il
n’existe quasiment aucune documentation sur « Olympia 52 », qui semble au fond avoir été peu vu et commenté, sans compter que ce que l’on trouve généralement sur le film demeure bien souvent
erroné… Tout le travail de recherche était donc à fournir et « Regard neuf sur Olympia 52 » se transforme peu à peu en essai tentant d’imiter le style un peu ludique des documentaires de Chris
Marker… Le tout est d’ailleurs plutôt plaisant à suivre, se partageant entre des réflexions et commentaires sur le contexte de création ou de projection du film, sur des courts extraits d’«
Olympia 52 » ou encore sur des échanges de courriels, étonnamment mis en scène, de Julien Faraut avec Chris Marker, qui s’était finalement révélé plutôt enthousiaste à l’idée d’un
méta-documentaire sur son documentaire originel, plutôt qu’une ressortie de celui-ci…

Le projet de « Regard neuf sur Olympia 52 » s’étant déroulé peu de temps avant la mort du cinéaste Chris Marker, une vive émotion innerve le film, et on sent d’ailleurs une grande admiration de
la part du jeune Julien Faraut, dont c’est d’ailleurs le premier film… Un premier film sur un premier film : voilà qui ajoute encore au vertige de la mise en abyme ! Et tout l’intérêt de cet
étrange documentaire est également de nous convaincre que malgré le point de vue sévère de Marker lui-même sur son « œuvre de jeunesse », « Olympia 52 » possède déjà en germe toute l’audace de
l’œuvre qui suivra : les quelques extraits ici proposés nous prouvent en effet que la notion de point de vue est au cœur de ce documentaire peu conventionnel sur les jeux olympiques, dont le
résultat agaça d’ailleurs quelque peu le Ministère de la Jeunesse et des Sports… On y sent déjà le goût de Chris Marker pour les « à-côtés », celui-ci filmant plus volontiers le micro-événement
que les performances sportives, ou allant même jusqu’à s’intéresser au regard des spectateurs plus qu’à ce qui se passe sur le stade ! On y voit également sa volonté de jouer avec le spectateur
et avec la vérité, incluant par exemple ici des plans furtifs de ses amis dans la foule, alors qu’ils n’étaient pas présents à Helsinki… C’est tout le désir de cinéma, et plus spécifiquement d’un
cinéma poétique, qui affleure alors dans cet « Olympia 52 », dont on se dit à l’issu de ce « Regard neuf » qu’il serait peut-être bon de (re)découvrir enfin dans son intégralité, en dépit de ce
que pouvait en dire son auteur lui-même !



Films de Chris Marker :



- Chats perchés, de Chris Marker (France,
2003)



- Le Joli Mai, de Chris Marker et Pierre Lhomme (France, 1963)



- Level Five, de Chris Marker (France, 1996)































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