mercredi 16 octobre 2013

[Critique] La confusion des genres, d’Ilan Duran Cohen



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La confusion des
genres



d’Ilan Duran Cohen



(France, 2000)




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C’est la confusion dans la vie sentimentale d’Alain, 40 ans et avocat. Il égrène les aventures, laisse filer les inconnu(e)s dans son lit, et surtout hésite toujours entre filles et garçons,
jeunes ou vieux… bref ! il est indécis en amour… Une collègue à la Cour, amoureuse de lui, déprime à l’idée qu’il ne l’aime pas, mais il lui propose pourtant de l’épouser et d’avoir des enfants,
comme pour lui faire plaisir… Le simulacre de leurs fiançailles, puis de leur mariage, est d’ailleurs à se tordre de rire !

Car oui, « La confusion des genres » est une comédie. Mais pas une comédie comme les autres… Le rire y est varié et surtout subtil. Il est humain, aussi, car la notion de sentiment n’est ici
jamais mise à l’écart… Il possède aussi un certain cynisme, mais un cynisme joyeux, rendu joyeux par la conscience distanciée des personnages sur leurs existences absurdes et dérisoires. Et
quelle galerie de personnages nous propose là Ilan Duran Cohen ! Ils ont tous l’air fous et névrosés, mais finalement tellement proches de la plupart des mortels que nous sommes… Autour d’Alain
vibrionnent ainsi Laurence, qu’il va épouser, mais aussi le jeune Christophe, qu’il a pris sous son aile et avec lequel il va vivre juste après s’être marié avec Laurence. Entre-temps, il aura
été troublé par le beau ténébreux Marc, son client qu’il voit en prison, qui l’incite à aller parler à son ex-fiancée Babette, avec laquelle Alain finira aussi par avoir une aventure… Tout
tourbillonne ainsi dans un fracas d’émotions et dans une circulation alerte et incessante du sentiment amoureux !

La finesse du film s’incarne assez vite dans les dialogues savoureux et plein d’esprit qu’échangent les personnages, et où l’on reconnaît la patte typiquement littéraire d’un cinéaste qui est
aussi un excellent romancier… Leurs conversations nous emportent du rire à la mélancolie, de l’amour à la cruauté, dans une ronde toute romanesque du désir, incarnée par une ribambelle d’acteurs
tous plus beaux et merveilleux les uns que les autres ! Pascal Greggory porte le film avec une aisance qui lui semble si naturelle, quand Nathalie Richard joue le dépit amoureux avec une ironie
touchante… Le craquant Cyrille Thouvenin devient le parfait jeune amant, Julie Gayet se révèle une Babette pleine de surprises et son ex-fiancé taulard est un Vincent Martinez instinctif et
magnétique ! En prison, on y croise même Alain Bashung, dans un rôle tout à fait inattendu…

Mais outre l’humour et l’amour, « La confusion des genres » porte aussi en lui les promesses de belles avancées sociales, vers une société peut-être plus tolérante et ouverte sur la complexité
des êtres… Un homme n’est-il finalement pas une femme comme les autres, et inversement ? Ce mélange des « genres » pose d’ailleurs presque innocemment des questions intrinsèques à la sexualité, à
la notion de couple, à la multiplicité du désir… et même à l’homoparentalité, entre autre, avec cette fin autour d’une mère dépourvue d’instinct maternel, contrairement au jeune amant du père,
qui ne peut résister à prendre l’enfant dans ses bras… Beau, fin, brillant : Ilan Duran Cohen charme et surprend avec fougue et élégance !































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