vendredi 25 octobre 2013

[Critique] Gravity, d’Alfonso Cuaron



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Gravity



d’Alfonso Cuaron



(Etats-Unis, Grande-Bretagne, 2013)



Sortie le 23 octobre 2013




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Sept ans après le magistral chef-d’œuvre d’anticipation « Les fils de l’homme », le réalisateur mexicain Alfonso Cuaron nous revient enfin avec un autre film de science-fiction, qu’il ancre cette
fois-ci avec un certain réalisme dans notre présent… Il est d’ailleurs assez amusant de constater que « Gravity » diffuse une sorte d’imaginaire « retro-futuriste », tant les stations spatiales
et les modules y semblent « vintage » par rapport à des films actuels où le high-tech est omniprésent, de « Star Trek » à « Oblivion »… Ici, les astronautes doivent donc encore tourner des manivelles pour ouvrir les
portes de leurs gros engins spatiaux aux rouages assez lourds et appuyer sur des grosses touches pour les commander dans des cabines apparemment pas très confortables : tout cela révèle bien sûr
la voie réaliste du film, qui met en scène un matériel aérospatial contemporain, réalisé avec l’aide et les conseils de la NASA… Un futur très « années 60 » dans le fond, assez symptomatique des
budgets consacrés à la recherche spatiale par les gouvernements depuis des décennies !

Mais là n’est peut-être pas le sujet et autant se consacrer à la beauté manifeste du film, qui sait se montrer grandiose et époustouflant à plus d’un titre ! « Gravity » est en effet un superbe
objet, rutilant et solide, qui trace peu à peu les contours d’un « survival dans l’espace », à l’efficacité redoutable et à la fascination immersive qui devrait bluffer plus d’un spectateur ! Si
le scénario est simple, il permet justement de nous consacrer sur le destin d’un personnage en particulier : suite à l’explosion d’une station orbitale, une réaction en chaîne inspirée du
syndrome de Kessler ou plus généralement de la théorie du chaos fait qu’une multitude d’éclats vont s’entrechoquer dans l’espace et parvenir jusqu’aux astronautes d’un satellite en cours de
réparation : parmi eux, Ryan Stone (Sandra Bullock), dont c’est la première sortie dans l’espace, et le vieux briscard Matt Kowalski (George Clooney), qui lui tiendra compagnie un moment… Suite
au choc d’un éclat sur leur station, les voilà comme « perdus dans l’espace », errant dans l’immensité du vide à la recherche de moyens de rentrer sur Terre… Si la 3D semble plutôt accessoire,
voire parfois gênante (reflets pénibles dans le casque des combinaisons ou objets volants comme autant de scories venant troubler une bonne lisibilité des images), la mise en scène de Cuaron nous
tient en haleine d’un bout à l’autre avec une douceur enveloppante qui ménage de nombreux moments de pur suspense ! Le film sait d’ailleurs trouver une tonalité élégante en nous montrant de
grandes choses et en nous faisant frissonner tout en conservant une réelle simplicité et modestie formelle…

Par ailleurs, au-delà de l’aspect sensationnel inhérent au genre, « Gravity » nous propose l’odyssée personnelle d’une jeune femme perdue, qui s’est isolée dans la solitude de l’espace pour fuir
une vie terrestre devenue épouvantable… Dans cette optique de lecture, on peut alors dire que le long métrage retrace sous nos yeux sa renaissance. Quand elle parvient enfin dans une station
spatiale alors que sa combinaison vient à épuisement de son oxygène, on la voit par exemple prendre une posture fœtale après qu’elle ait refermé la porte de ce cocon spatial, rempli d’ailleurs de
câbles rappelant des cordons ombilicaux, que le cinéaste filme alors comme un utérus matriciel… La métaphore se poursuivra jusqu’au retour sur Terre quand elle ressortira des eaux en rampant,
comme un bébé expulsé avec violence du ventre de sa mère… Sa mère, qui n’est autre ici que la planète Terre, éternel symbole de la vie dans l’univers !



Perspectives :



- 2001 : l’odyssée de l’espace, de Stanley Kubrick



- Moon, de Duncan Jones



- La saga "Alien"



- Space Time : l’ultime odyssée, de William Eubank































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10 commentaires:

  1. TB sans être le chef d'oeuvre annoncé !

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  2. Mon fils est allé le voir ce soir, avec sa fiancée.

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  3. Papa tango Charlie27 octobre 2013 à 04:47

    J'avais peur de m'ennuyer un peu: quelle surprise! Superbe et assez émouvant ( George!) ce fut un grand spectacle.

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  4. Techniquement impeccable. J'ai également beaucoup apprécié l'allégorie en toile de fond qui nous sort finalement du simple réservoir à péripéties du genre pour nous ramener vers des
    préoccupations finalement pas si éloignées des "fils de l'homme"..

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  5. C'est le film de cette fin d'année !

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  6. Un pur moment de cinéma. Trop rare dans une vie hélas...

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  7. Ouf ! Rassuré de voir qu'un emminant cinéphile ne s'extasie pas devant le prétendu chef d'oeuvre Gravity. Je me fais déboulonner à ce sujet sans pour autant déconsidéré ce très bon film. C'est
    d'une beauté sidérale et on reste scotché au siège, Cuaron est vraiment un des meilleurs réalisateurs actuels.


     


    Mais comme tu le dis si bien, Les Fils de l'Homme reste le vrai chef d'oeuvre du réalisateur.

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  8. Superbe immersion, pour une fois la 3D n'est pas un gadget, Bullock y trouve son plus beau rôle, c'est juste magnifique... Juste un bémol pour le cpôté survival un peu simpliste... 4/4

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  9. Ben ça doit être le côté simpliste qui ne m'a pas emballé... En plus je l'ai vu en VF ce qui n'arrange rien. Je me suis même un peu ennuyée... Les films spaciaux c'est pas mon truc. Bises

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  10. dommage... mais c'est bien d'essayer ! :)

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