samedi 27 août 2011

[Déclaration d’amour] 9 fois 13 Honoré


christophe_honore.jpgOde à un Bien-aimé…




La première fois que j’ai été confronté à l’œuvre de Christophe Honoré, ce devait être en 2005 ou en 2006, lorsque son téléfilm « Tout contre Léo », version adulte de son roman pour enfant, a
enfin été rendu visible, après que M6, qui l’avait produit en 2002, ait renoncé à le diffuser pour une malheureuse scène d’amour entre deux garçons, que le cinéaste avait alors refusé de couper…
parce que l’art avant tout, et bien avant la censure, évidemment !

Et puis il y a eu l’expérience du grand écran, avec « Dans Paris », et puis surtout « Les chansons d’amour ». Une révélation pure et simple : un film que j’ai aimé
d’amour au premier coup d’œil, un film qui m’a parlé à la première réplique, un film qui m’a mis à nu et bouleversé… L’un de ces films rêvés, que l’on n’osait imaginer voir un jour, et qui
pourtant se déroulait là devant mes yeux, sans fausse note, exactement comme le long métrage que j’avais toujours désiré en secret…

J’ai alors découvert à rebours « 17 fois Cécile Cassard » et « Ma mère
», des films un peu à part, moins aimables au premier abord mais tout aussi originaux et sincères… Et puis j’ai lu les romans d’Honoré, aussi : quelques textes pour la jeunesse, mais surtout «
L’infamille », « La douceur », ou encore ce « Livre pour enfants » pour adultes… Et toujours ce même plaisir, cette même intimité partagée… Troublant. « Parce que je suis un narrateur homosexuel.
Ce qui n’aura pas échappé à mon lecteur confident. Parce que j’ai dans l’idée que mon lecteur – si tant est que j’admette être lu, et que donc ce livre, et les romans qui ont précédé, et les
films sont bien des lettres adressées à ce confident – est convaincu des préférences de mon sexe »*. Continuez de lire à la page 25…

Et la passion, dévorante, ne s’est pas arrêtée : il y a eu encore « La belle personne », où jamais la jeunesse n’a été aussi belle, et tendre… Et tout s’est enchaîné si vite, à un rythme que peu
de cinéastes savent tenir avec autant de talent : « Non ma fille tu n’iras pas danser », « Homme au bain », et jusqu’à ces « Bien-aimés » aujourd’hui… Un film par an, minimum. Et en tout 9 films comme autant de
raisons d’être enchanté : 9 fois TRES Honoré…

« Le cinéma nous inachève. Il nous apprend que nous ne sommes pas entiers, que notre construction est fragile. La présomption du sentiment amoureux est une expérience de la déperdition, nous y
revoilà, et quand le cinéma ne nous offre pas cette expérience-là, il est de propagande »*… Les errances de l’amour, le sentiment d’incomplétude, ou même la solitude : le cinéma de Christophe
Honoré nous parle avec une grâce et une beauté infinie de l’intériorité des êtres, fragiles. « Une insoutenable tendresse »* et une tristesse rassurante parcourent tous ses films, transmises par
des personnages touchants, portés par des acteurs et des actrices bouleversants… Une famille de cinéma, que le réalisateur a su s’inventer avec ferveur…

Dans ses films, l’amour est scandé sur tous les tons : il est joyeux, mélancolique, sensuel ou sexuel… Il peut même devenir politique lorsque le cinéaste adapte, avec « La belle personne », le
premier roman d’amour français « La princesse de Clèves », en réaction aux déclarations incultes d’un détestable petit président de la « république » (ce qu’il en reste)… L’amour est « scandé »,
comme si tout était affaire de musicalité : et les chansons d’Alex Beaupain se marient en plus si bien à l’univers d’Honoré… Depuis le refrain de « La Bastille » improvisé sur un banc dans « Tout
contre Léo », la plupart des longs métrages comportent au moins une chanson, comme un moment à part : le magnifique « Avant la haine » au téléphone dans « Dans Paris » ou bien « Comme la pluie »,
à pleurer dans « La belle personne »…

Jusqu’à ces deux films majeurs, « Les chansons d’amour » et « Les Bien-aimés », véritables comédies musicales « en chanté », qui convoquent dans leur
essence l’esprit de Jacques Demy. Les références au cinéaste étaient déjà nombreuses avant ça, depuis la chanson de « Lola » reprise avec délice par Romain Duris dans « 17 fois Cécile Cassard », mais elles explosent ici, dans la capacité d’Honoré à
réenchanter le monde par la musique, à l’instar du cinéma de Demy… Mais un Demy pas qu’à moitié, si l’on peut dire, dans le cas d’Honoré : Il serait finalement un peu comme un Jacques Demy qui
s’assume enfin, au romantisme « prosaïque » plus ancré dans la réalité et surtout carrément libéré sexuellement ! Tout y passe ou presque : homosexualité, inceste, prostitution, ménage à trois,
jeux sexuels, adultère… l’amour sous toutes ses formes, en somme… Question d’époque, assurément !

Pour ses libertés, pour ses audaces, pour l’amour que j’ai de ses films, que Christophe Honoré soit ici honoré et infiniment remercié…

* « Le livre pour enfants », de Christophe Honoré (Editions de l’Olivier)































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4 commentaires:

  1.  


    Salut amical des cafards en vadrouille


     

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  2. Entièrement d'accord en tous points...Moi aussi j'ai toute son oeuvre en dvd ou en livres et je suis toujours enchanté comme la première fois ou j'ai découvert Mr Honoré...

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  3. oui, je crois qu'il a ses fans en effet ! :)

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