mercredi 24 août 2011

[Critique] Les chansons d’amour, de Christophe Honoré



chansons amour



Les chansons d’amour, de Christophe Honoré (France, 2007)



Note :
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Honoré, Garrel, Mastroianni… Le générique fait défiler les noms de famille seuls des participants au film, sans en préciser ni la fonction ni les prénoms, le tout sur des images volées dans les
rues de Paris… « Les chansons d’amour » possède dès le départ un romantisme moderne, mêlant une certaine grâce (celle de noms glorieux qui s’imposent en gros à l’écran) et une poétique plus
urbaine, exposant plein cadre la crasse ou la pauvreté d’une ville tour à tour lumineuse et grise… Si le film est une ode à Paris, il n’en devient pas pour autant « parisianiste », comme
certaines mauvaises langues le lui ont reproché (reproche d’autant plus idiot que le réalisateur est un pur produit de la province) : nous en tiendrons pour preuve les aléas sentimentaux modernes
et universels qui composent une histoire pleine de surprises et de chemins de traverse.

En composant avec une histoire personnelle, Christophe Honoré dessine les contours d’une « carte du tendre » d’aujourd’hui, mêlant habilement les sexes et les sexualités, les amours passagères et
les histoires qui durent… Il parle des sentiments, de l’absence, de l’errance affective, avec une grâce touchante et des mots qui pourront faire écho à toute une génération vivant l’amour et ses
drames dans les années 2000. Si « les chansons d’amour » est un beau film générationnel, qui porte et qui transporte tous ceux qui voudront bien en faire l’expérience, il est aussi bien plus que
cela et tend souvent à l’universel, notamment par une forme riche et maîtrisée, à la fois libre et intelligente…

Encore une fois, Honoré cite abondamment la nouvelle vague et mêle dans son film le cinéma, la littérature, la poésie ou le théâtre… Il signe un film à la confluence des arts, finalement, inscrit
dans une économie de moyen qui donne justement leur force aux images : certaines séquences de rue semblent prises sur le vif, comme volées, et ajoutent au charme d’un long métrage profondément
touchant et sincère… Outre des tentatives formelles diverses, audacieuses et souvent judicieuses, on reconnaît un hommage évident au cinéma de Jacques Demy, à travers le découpage du film en
trois parties (le départ, l’absence, le retour) qui évoquent celles des « Parapluies de Cherbourg », à travers également une Chiara Mastroianni couronnée reine lors d’un dimanche d’Epiphanie en
famille (tout comme sa mère Catherine Deneuve dans les même « Parapluies de Cherbourg »), ou encore à travers la présence fantaisiste de marins dans les rues de Paris (référence aux « Demoiselles
de Rochefort »). Tout cela sans compter bien sûr les allures de comédie musicale du long métrage…

Avec l’aide de son ami compositeur Alex Beaupain, Christophe Honoré livre d’ailleurs une partition magistrale, à travers des chansons façon nouvelle scène française, joliment mélodiques et à la
teneur textuelle sensible et lyrique… Parfaitement intégrées à la narration, les chansons permettent aux personnages d’exprimer leurs sentiments à merveille, et le fait d’avoir pu utiliser la
véritable tessiture des voix des acteurs pour les chanter rend le résultat plus émouvant encore.

« Les chansons d’amour » s’offre ainsi comme un pur délice acidulé, entre lyrisme et réalisme, entre tendresse et tristesse, traînant sa douceur mélancolique au fond de nos cœurs bien longtemps
après la fin du film… Tous ces personnages, merveilleusement écrits et incarnés, sont devenus comme des mythes modernes, qui nous parlent et se fondent en nous. Les acteurs y sont bien entendus
pour beaucoup, et l’on admire avec quelle maestria Honoré a su se composer l’une des plus belles familles du cinéma contemporain, qu’il fidélise de film en film : Louis Garrel (plus beau que
jamais), Ludivine Sagnier, Chiara Mastroianni, Clotilde Hesme, Grégoire Leprince-Ringuet, Brigitte Roüan… et jusqu’à des apparitions surprises savoureuses, comme celle de Gael Morel au début du
film, filoutant pour passer devant tout le monde dans une file d’attente au cinéma. Le personnage de Ludivine Sagnier s’y rend justement au cinéma, parce que c’est forcément là que tout commence,
et on tombe immédiatement amoureux d’elle lorsqu’elle prend son ticket en disant simplement « Pardonnez-moi s’il vous plait », puisqu’elle va voir le film « Pardonnez-moi » de Maïwenn. Voilà
peut-être d’ailleurs la meilleure définition de ces « chansons d’amour » : un film où l’on tombe amoureux, amoureux des êtres qu’on y croise, amoureux de leurs chansons, amoureux de la ville, de
la vie et de ses hasards, amoureux de l’amour, aussi…



 



Mise en perspective :



- Homme au bain, de Christophe Honoré (France, 2010)



- 17 fois Cécile Cassard, de Christophe Honoré (France, 2001)































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3 commentaires:

  1. Oui, c'est un film qui donne envie d'aimer. Si le début ne m'a pas convaincu j'ai après été totalement emporté. Et je ne peux que te conseiller Les bien-aimés, que j'ai trouvé
    encore plus beau.

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  2. Et alors, "Les bien-Aimés", tu l'as vu? J'y suis allée ce soir et encore une fois, sans que je ne comprenne pourquoi, je suis tombée sous le charme du film. Sauf qu'il me fait déprimer grave
    celui-là.


    Au fait (si tu as vu le nouveau film donc), Ludivine Sagnier, tu l'as aimée dedans? Parce que je l'ai trouvé à chaque fois un peu trop dans l'exagération, surtout comparée aux autres (et puis
    elle ne chante pas très bien :-()

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  3. Alors pourquoi aucun autre acteur n'est dans cette optique, pas même son amant jeune? Et puis c'est un style de jeu que j'avais déjà remarqué dans d'autres films récemment, dès lors je ne
    l'associe pas à son rôle mais bien à l'actrice. C'était déjà "en germe" dans "Gouttes d'eau..." et "Swimming Pool", mais ça ressort à mort depuis "Molière" (où je l'ai trouvée très très mauvaise)
    et "Les chansons d'amour" (j'avais cru à cette exagération là, mais plus depuis que je l'ai vue dans d'autres films faire la même chose).


    Nan, rien à faire, autant je l'ai adorée avant, autant je ne la supporte plus maintenant...

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