jeudi 11 août 2011

[Critique] Super 8, de J.J. Abrams



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Super 8, de J.J. Abrams (Etats-Unis, 2011)



Sortie le 3 août 2011



Note :
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E.T., le retour…




Directement inspiré des grandes productions du cinéma populaire des années 80 (les films de Steven Spielberg, Joe Dante, Richard Donner…), « Super 8 » restera probablement et paradoxalement comme
le meilleur divertissement hollywoodien de l’été 2011, comme si l’on n’avait finalement jamais fait mieux depuis ces temps bénis des premiers « blockbusters » de l’histoire…

Le nouveau film de J.J. Abrams, fils spirituel de Spielberg, se veut ainsi avant tout un vibrant hommage, sincère et amoureux, dénué de la moindre ironie ou du cynisme galopant qui a contaminé le
cinéma ces dernières années. Un hommage tout à la fois à la technique et à son résultat. En intitulant son film « Super 8 » et en proposant comme enjeu dramatique premier la réalisation d’un film
avec la fameuse caméra familiale par des adolescents, le cinéaste évoque la naissance même de son amour pour le cinéma, lorsqu’il s’amusait lui-même avec cette caméra alors qu’il était un enfant,
à l’instar d’un Spielberg adolescent d’ailleurs ! Mais l’hommage est peut-être surtout celui qu’il rend à l’innocence des premières grosses productions d’il y a près de 30 ans, celles-là même qui
ont fait rêver toute une génération d’enfants et d’adolescents, à qui l’on offrait enfin des programmes de qualité. Si la vision dans « Super 8 » de ce groupe d’ados dans une petite ville de
l’Ohio rappelle beaucoup la bande des « Goonies », l’époustouflante scène de l’accident du train nous emporte quant à elle du côté d’« Indiana Jones »… Abrams se réfère en outre constamment à son
maître à penser Spielberg, que ce soit dans la mise en scène, avec l’ampleur de certains plans, la douceur dans la façon de filmer l’enfance, ou que ce soit dans l’utilisation de la lumière : on
demeure littéralement hypnotisé devant ces rayons bleus omniprésents, les fameux « lance flare », ces reflets de lumière sur la caméra que l’on a souvent vu dans le cinéma de Spielberg, notamment
dans « Rencontres du troisième type ». On pensera enfin à « E.T. » devant la présence de cet extraterrestre qui se débat au milieu des hommes dans la seule intention – pacifiste – de rentrer chez
lui, et jusqu’à cette superbe séquence finale, véritable copié-collé admiratif de l’ultime scène d’« E.T. », avec ces mêmes gros plans sur les visages des enfants et ce même vaisseau traversant
le ciel… On retiendra le bon mot de Spielberg, qui parle de « Super 8 » comme d’"un film sur les cinéastes amateurs des années 70 et sur le cinéma qu’ils ont enfanté".

Mais loin d’être une simple réplique figée des films auxquels il se réfère constamment, « Super 8 » revendique également sa propre modernité ! Elle se manifeste d’abord par ses effets spéciaux en
grande partie réactualisés : si le petit film dans le film que fabrique artisanalement les ados évoque le pré-cinéma de Spielberg, les trucages numériques se réfèrent quant à eux au cinéma qui
vient après, même si Spielberg y a justement largement contribué à sa naissance dans les années 90 avec « Jurassic Park ». Du coup, on peut être déçu par le design de la créature, qui contraste
avec l’univers bricolé par les jeunes personnages, mais c’est peut-être ça, après tout, le prix de la modernité : il faut un peu vivre avec son temps, semble se résigner Abrams, et
l’extraterrestre gagne du coup en bestialité et en crédibilité ce qu’il perd en émotion…

Pourtant, même si elle n’atteint pas la puissance de son modèle, l’émotion ne manque pas dans « Super 8 » ! Les enfants y sont touchants et la force dramatique parvient souvent à tout emporter…
Les situations familiales calamiteuses de ce petit monde trouveront une résolution dans un beau flot de larmes final, l’envol de la créature laissant derrière lui des retombées liquides
abondantes… Au fond, toute la morale du film pourrait reposer sur la phrase que prononce le jeune héros téméraire dans les bras de l’extraterrestre : « il y a des malheurs, et puis la vie
continue… » Simple et naïf, sans doute, mais universel et efficace, à n’en pas douter, et surtout à milles lieues des contenus au mieux insipides au pire cyniques des productions hollywoodiennes
contemporaines… « Super 8 » est un grand et beau film pour adultes et adolescents, à savourer en famille ou entre copains, mais plus que tout à ne pas manquer !































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8 commentaires:

  1. D'accord à 100%. Je rajouterais juste la constatation qu'il fait de la fugacité de l'enfance et ton article est parfait :)

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  2. Très bel article ! C'est étonnant le plaisir très simple qu'on a à le voir, sans doute grâce à cette absence de cynisme en effet !

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  3. j'ai lu des critiques très mitigées sur ce film: visiblement, il semble faire le débat parmi les critiques ciné.

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  4. Oh non!! Je suis déçu car j'étais certain que tu ne tomberais pas dans le panneau de cette resucée de E.T.!!

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  5. Un film d'une douceur infini. Je trouve que l'émotion qu'il sucite est assez proche d'un film de Eastwood, dans sa simplicité, son clacissisme et son efficacité. Excellent article avec un très
    intelligent parallèle entre le film des gosses et celui de Abrams. Je trouve que Abrams prouve que la technique a beau avoir évolué, on arrive encore aujourd'hui a prendre du plaisir et à renoué
    avec une certaine forme de pureté des emotions.

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  6. A je sais pas avec la planète des singes mon coeur balance :)

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