lundi 22 août 2011

[Critique] 17 fois Cécile Cassard, de Christophe Honoré



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17 fois Cécile Cassard, de Christophe Honoré (France, 2001)



Note :
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Dès son premier film, Christophe Honoré fait preuve d’un sens aigu de la mise en scène et d’une fougue libertaire dans son montage disparate. Malgré ses maladresses, « 17 fois Cécile Cassard »
dresse ainsi un superbe portrait de femme tout en consacrant le talent d’un grand cinéaste à venir…

En découpant son film autour de 17 « moments clés » dans la vie d’une femme qui essaie de se reconstuire après la mort de son mari, Honoré livre un rôle en or à l’ensorcelante Béatrice Dalle. Son
personnage est à fleur de peau et abandonne son fils pour s’essayer à une autre vie, dans une nouvelle ville, non sans avoir d’abord pensé à la mort… L’actrice est intense et bouleversante, comme
à l’accoutumée, et incarne à merveille une vie à la dérive, entre pulsion de vie et pulsion de mort. Cécile Cassard va de rencontre en rencontre, entre sensualité presque adolescente et morbidité
tenace, et finira par reprendre goût à la vie. Deux regards caméra de la comédienne tiennent compte de ce changement : l’un, noir et triste, vers le début du film, l’autre, solaire et souriant,
dans le dernier plan du film, centré sur le visage radieux et vivant du personnage au bord d’une rivière…

Malgré un scénario aux enjeux dramatiques assez réduits, le réalisateur fait preuve d’une inventivité constante pour lui donner une teneur véritable à l’écran. Formellement, il tente diverses
audaces : ça passe ou ça casse, mais ça reste toujours intéressant et mu par une volonté de création certaine… Outre Béatrice Dalle, Romain Duris est extra en homo qui rêve lui aussi d’une autre
vie, vers cet ailleurs « magique » que semble rechercher tous les personnages. Ces superbes comédiens portent un film qui a la fougue de la jeunesse, entre expériences visuelles, collages
littéraires et hommages à de multiples figures… A travers ses images, Christophe Honoré crie en effet son amour à un cinéma de liberté, à celui de la nouvelle vague française ou de l’underground
cinéphile ! On retrouve un amoncellement de petites perles ici et là, comme une séquence homo-érotique nocturne « queer » et moite, que l’on jurerait tout droit sortie du « Querelle » de
Fassbinder, ou comme cette scéne dans laquelle un Romain Duris en slip rose se croit dans un film de Jacques Demy en reprenant – chorégraphie incluse – la chanson de « Lola »… Rien que pour ça,
et parce que le film signe les prémices du talentueux réalisateur que l’on sait, « 17 fois Cécile Cassard » mérite le détour !



 



Mise en perspective :



- Homme au bain, de Christophe Honoré (France, 2010)



- Domaine, de Patric Chiha (France-Autriche, 2010)































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