mardi 2 août 2011

[Critique] 2001 : l’odyssée de l’espace, de Stanley Kubrick



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2001 : l’odyssée de l’espace, de Stanley Kubrick (Grande-Bretagne, Etats-Unis, 1968)



Note :
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Une « expérience » : comment décrire autrement « 2001, l’odyssée de l’espace », film culte et mythique incompris en son temps de Stanley Kubrick ? Le long métrage possède en effet de nombreux
accents expérimentaux, depuis l’utilisation de la musique (parfois même de la musique « concrète ») jusqu’aux effets spéciaux souvent hallucinatoires (le franchissement d’un « couloir du temps »
vers l’infini par l’astronaute dans la dernière partie du film, la vision d’un fœtus flottant dans l’espace…), en passant par une atmosphère très largement contemplative et hypnotique… Rien que
le pré- et post-générique de « 2001 », un écran noir sur lequel le cinéaste donne à écouter de la musique classique pendant plusieurs minutes, relève d’un dispositif hors norme et hors du commun,
quitte à horripiler ou faire partir avant la fin « véritable » de l’œuvre les spectateurs les moins ouverts aux expériences nouvelles… Tant pis pour eux, ils ne ressentiront pas cette émotion
proche de la révélation métaphysique que peut procurer la vision de ce film de science-fiction unique en son genre !

Il est bien difficile de parler de « 2001 » tant on a déjà glosé sur ce film d’une richesse infinie, qui demeurera à jamais un immense mystère et un puit sans fond à qui osera prétendre en
fournir une analyse exhaustive… Ma tentative n’est ici rien d’autre qu’un modeste hommage à cette œuvre culte et une incitation pour tous à y plonger sans la moindre retenue !

Il convient d’observer d’abord la structure très précise du film, en quatre partie, exactement comme la composition en quatre mouvements d’une symphonie classique. « L’aube de l’humanité », des
hommes dans l’espace et sur la lune quatre millions d’année plus tard, « Mission Jupiter », « Jupiter et au-delà de l’infini » : Kubrick livre une vision complète et parfaite du cycle de la vie
humaine, depuis son origine à l’état animal jusqu’à sa renaissance vers un au-delà encore insaisissable à notre entendement… Chaque partie du film est une étape à franchir. On reste bien sûr
toujours admiratif devant l’une des ellipses les plus célèbres du cinéma : un singe venant d’apprendre à manipuler un os comme une arme pour tuer (et symbolisant par là même « l’aube de
l’humanité », encore une vision très pessimiste de l’homme !) le lance en l’air (mouvement ascendant) juste avant que le plan passe à un vaisseau spatial « tombant » dans l’espace (mouvement
descendant, annonçant alors déjà la fin d’une civilisation, commencée quatre millions d’années plus tôt).

Dans l’espace, sur la lune, puis vers Jupiter, l’homme part à la découverte du cosmos et peut-être d’une entité supérieure. C’est bien le sens probable de la présence du mystérieux « monolithe »
noir qui relie entre elles chacune des quatre parties : sa première apparition permet à des grands singes de se servir de l’outil (premier stade de la civilisation), sa seconde apparition (sur la
lune) permet aux hommes d’organiser une mission loin dans l’espace, puis sa dernière apparition permettra à un homme ayant franchi l’espace temps de renaître à lui-même, sous forme d’un fœtus
géant contemplant la Terre, comme pouvant désormais observer et comprendre le monde dans sa globalité… Si l’homme accède ainsi à l’humanité en maîtrisant l’outil, puis la technologie
(ordinateurs, vaisseaux spatiaux…), il ne peut gagner l’éternité et la compréhension des choses qu’en s’en affranchissant complètement, possible métaphore de la mort elle-même… Et toutes ces
étapes, il ne peut les franchir que grâce à ce monolithe, qui agit comme une aura supérieure à lui : qu’il soit Dieu, extraterrestre, guide spirituel ou simple « force » maintenant l’équilibre
dans l’univers façon « Star Wars », cet objet lisse et parfait incarne peut-être avant tout le déterminisme qui a conduit l’homme à devenir ce qu’il est… Kubrick impose ici sa vision pessimiste
et existentialiste du monde, d’un homme tout petit dans un univers où il n’est quasiment rien !

Malgré ses nombreuses zones d’ombres et sa conclusion quasiment insaisissable, « 2001, l’odyssée de l’espace » demeure pourtant encore aujourd’hui une œuvre absolument passionnante ! Pas
seulement à cause de son mystère porteur de fascination et de sidération d’ailleurs, mais aussi grâce à sa façon d’exploiter une multitude de thématiques universelles… Sa vision du futur
notamment, hyper visionnaire à l’époque (l’homme n’ayant pas encore tout à fait mis le pied sur la Lune), demeure encore aujourd’hui d’une troublante actualité : très documentée, la conception
des vaisseaux ou de la vie dans l’espace impressionne… Mais là où le film se révèle très fort et passionnant, c’est dans sa capacité à explorer et à alterner les genres même du cinéma : presque
documentaire animalier au début, le film relève par la suite autant du drame que de la fable politique (des dirigeants discutant du comportement à adopter à l’égard des populations par rapport à
la découverte sur la Lune), du film de science-fiction philosophique que du thriller horrifique (le fameux épisode où HAL, l’ordinateur de bord du vaisseau, se met à dérailler au point de tuer un
à un les membres de l’équipage…)

Œuvre foisonnante à l’infini, il serait vain de vouloir absolument tout comprendre de « 2001 ». Evocation parfaitement nihiliste de la civilisation humaine ou vision d’une renaissance divine de
l’homme, chacun pourra appréhender le film à sa façon… L’œuvre « éternelle » de Kubrick doit avant tout demeurer une expérience hors du commun et absolument fantastique : même sans comprendre la
moindre scène du long métrage, le spectateur pourra toujours s’abandonner à la sidération devant les images incroyables et troublantes de ce film indubitablement essentiel et « nécessaire »… Une
« pure » œuvre de cinéma, et bien au-delà !



 



Mise en perspective :



- Exposition : Kubrick à brac ! (à la Cinémathèque française)



- Les sentiers de la gloire, de Stanley Kubrick



- Lolita, de Stanley Kubrick



- Shining, de Stanley Kubrick



- Eyes Wide Shut, de Stanley Kubrick



- Orange mécanique, de Stanley Kubrick































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8 commentaires:

  1. Film déconcertant et fascinant... Une sorte de SF psychédélique avec une sorte de réflexion sur l'origine de l'homme (extra-terrestre par le cube ?!) où tout simplement un poème dont le sens
    profond n'est connu que du grand Kubrik lui-même et que chacun interprètera à sa façon (un mixte des deux ?!). 4/4

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  2. Bel hommage. Un film magnifique et insaisissable qu'il est en effet vain de tenter de comprendre dans son intégralité.


    Je suis en train de lire les livres et sans égaler cet opus, les suites ne sont pas mal du tout :)

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  3. Lire cela, donne envie de s'y pencher dessus.


    Bonne journée. Et rappelle toi, les poules d'eau au bois de Vincennes, ça doit être la période pour elle de faire les grâcieuses. :-)


    Tchuss.

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  4. Une oeuvre toujours aussi envoûtante...

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  5. A voir absolument sur grand ecran (MK2 Bibliothèque pour les parisiens, par ex), au "pire", le BluRay est de toute beauté (à 10-15€ !).


    Un Kubrick s'apprécie souvent au deuxième visionnage.

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  6. Ah je ne sais pas du tout pour les trois autres livres mais pour le premier, ils ont écrit le scénar et clarke devait écrire le livre et kubrick réaliser...

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  7. Une belle ode à ce film des plus insaisissables. je vais franchement me repencher dessus un de ces quatre.


     


     


    Ber

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