mercredi 18 mai 2011

[Critique] Moon, de Duncan Jones



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Moon, de Duncan Jones (Grande-Bretagne, 2009)



Note :
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Dans le futur, quand les hommes auront creusé tout ce qu’il y avait à creuser sur Terre, ils iront creuser sur la Lune, pour y extraire de l’hélium 3, minerai capable de fournir aux hommes
l’énergie dont ils demeurent dépendants… Et puis comme c’est pas super cool de rester tout seul dans la base lunaire afin de contrôler que tout se passe bien et que les machines font bien leur
travail, qu’à cela ne tienne : l’homme créera des clones de lui-même pour qu’ils aillent se faire chier et devenir fou à sa place dans le vide intersidéral du silence et de l’isolement sur
l’unique satellite naturelle de sa planète…

Ce récit de science-fiction éminemment cérébrale et existentielle est superbement rendu à l’écran par une mise en scène sobre et classieuse… Lenteur de plans quasiment hypnotiques, précisions des
décors et des équipements scientifiques : on est très clairement dans l’espace, dans son infinie solitude et sa détresse métaphysique… On pense fatalement au « 2001, l’odyssée de l’espace » de
Kubrick, dont la référence semble bien souvent ici très clairement revendiquée : autant d’ailleurs dans la description de la vie d’un spationaute que dans les conversations qu’il a avec
l’intelligence artificielle qui gère tous les équipements… L’isolement du personnage est encore souligné par la distance qu’il entretient avec les habitants de la Terre, dont il ne reçoit que des
enregistrements vidéos en différé… Et quand il découvre par erreur qu’il n’est qu’un clone, qu’il n’a jamais vécu sur la planète bleue et qu’il n’y reviendra certainement jamais, la
science-fiction pénètre très clairement le champ de la philosophie et de la bioéthique, avec un questionnement subtil sur la valeur de la vie humaine. Un clone ne peut-il pas prétendre à une vie
comme tous les hommes ? N’est-il rien d’autre qu’une machine, comme ce curieux robot intelligent qui lui tient compagnie sur la Lune ? Rien n’est cependant assené comme une évidence, et tout est
au contraire décrit à hauteur d’homme… ou tout du moins de clone. Fin et captivant !

Si la beauté formelle du film et ses interrogations métaphysiques s’avèrent impressionnantes et très réussies, force est de constater cependant qu’elles n’ont rien de particulièrement novateur…
On a effectivement souvent eu droit à de telles thématiques dans de nombreux autres récits de SF, et cela depuis longtemps, même au cinéma ! « Moon » sait pourtant se distinguer par un challenge
assez incroyable pour une production à budget modeste, puisque le film se construit avant tout autour de la performance d’un acteur unique, que l’on voit seul évoluer dans la station lunaire… Sam
Rockwell est tout bonnement génial dans ce rôle à devenir fou, dans la mesure où il doit dialoguer avec lui-même lorsque deux clones sont accidentellement mis en présence. On retient alors son
visage perdu, celui d’un homme délaissé par ses semblables et pétri de doutes dans la solitude stellaire où on l’a abandonné…



 



Mise en perspective :



- Source Code, de Duncan Jones































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8 commentaires:

  1. Une bonne surprise que j'ai découverte par hasard. L'ambiance du film est très réussie et vaut le coup d'oeil.

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  2. Tant qu'à spoileter sale bête annonce aussi que c'est Kevin Spacey qui joue le robot futé et qu'on s'attend pendant tout le film à ce qu'il lui fasse un coup de jarnac

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  3. Daccord avec ta critique. Je me suis même un chouia ennuyé ds la seconde partie.


     


    Ber

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  4. Une petite étoile pour ce beau film fascinant ? Tssssss ;)

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  5. Sur le questionnement de la condition des clones je préfère nettement le traitement de Never Let Me Go. Moon reste cependant un bon film qui démontre les qualités artistiques de Duncan Jones!!

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  6. Magnifique film et je ne me suis pas ennuyé, Moi ;) Même si c'est pas novateur, la façon d'appréhender le sujet est émminement poétique et profond. Et ça c'est énorme pour un (premier) film.

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  7. Belle critique qui semble mériter au moins une petite étoile supplémentaire... Selon moi, Jones décroche plus sûrement la lune que ne le fait Malick avec son big bang bouffi de Berlioz et de
    balivernes (à prononcer la bouche pleine).

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  8. ah non hein ! elle est très belle sa lune à jones, c'est sûr... mais la tige (pardon "l'arbre" je veux dire) de malick, elle est magistrale ! (et surtout novatrice, elle !)

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