lundi 16 mai 2011

[Critique] La ballade de l’impossible, de Tran Anh Hung



ballade_de_l_impossible.jpg



La ballade de l’impossible : Norwegian Wood, de Tran Anh Hung (Japon, 2010)



Sortie le 4 mai 2011



Note :
star.gif

star.gif




Adapté d’un roman de l’écrivain japonais Haruki Murakami, « La ballade de l’impossible » est un film subtil et sensible, dont le sous-titre, « Norwegian Wood », est celui d’une chanson des
Beatles, que l’on entend à plusieurs reprises tout au long de l’histoire, et qui agit comme un vecteur de souvenirs et de sensations… Tout n’est qu’appel aux sens, d’ailleurs, dans ce long
métrage plastiquement magnifique, souvent contemplatif, baigné par une nature enveloppante, et construit comme une douce musique, aux sons et tonalités graves et poétiques…

Après le suicide du jeune Kizuki, son meilleur ami (Watanabe) et sa petite amie (Naoko) vont se retrouver, se soutenir, s’aimer un instant, puis se séparer… et se retrouver pour mieux s’éloigner
encore… La valse des sentiments, le mal être de la jeunesse japonaise, est rendu palpable par la caméra de Tran Anh Hung, avec une langueur et une beauté à tomber. La grâce pointe au détour de
nombreux plans, la souffrance recouvre lentement la fragilité des âmes… La tristesse des personnages, leur mélancolie, inonde chaque séquence, et la sensualité des corps, éclatante et fiévreuse,
nous plonge dans une moiteur fascinante…

Un instant, on pense à une version nippone des « Amants réguliers » de Philippe Garrel, notamment lorsque Watanabe traverse un rassemblement d’étudiants en révolte contre les institutions de la
fin des années 60… Sauf que les personnages ici sont tellement dépassés par leurs sentiments qu’ils ne parviennent qu’à se préoccuper d’eux-mêmes, en proie à leurs doutes et à leurs regrets, à
leur angoisse de la mort qui a déjà pris leur ami, si tôt… Les personnages n’ont pas vingt ans qu’ils ont déjà l’air de penser que tout est fini et qu’il est trop tard. Sensation de vide et de
détresse existentielle que le cinéaste explique superbement : "Soudain, par surprise, on s’aperçoit trop tard qu’on n’a pas suffisamment vécu, suffisamment aimé, suffisamment souffert par amour.
Trop tard. On n’aura vécu qu’une infime partie des aspirations de la jeunesse, cette époque des grandes affirmations, des certitudes proclamées les larmes aux yeux. Le temps du saut dans
l’inconnu qu’est le sentiment amoureux est passé. Passées également, les grandes frayeurs éprouvées dans l’amour. Et une poignante mélancolie vous saisit, une mélancolie de l’existence telle que
même un sentiment amoureux renouvelé ne pourrait qu’en accentuer l’intensité. Voilà ce qu’il y a de saisissant dans « La ballade de l'impossible »."

Mais dans ce film à la fois bel objet plastique et fable bouleversante de la jeunesse, on demeure également fasciné par un ton inhabituel et pourtant incroyablement juste. Les personnages parlent
en effet souvent avec une crudité peu commune de leurs sentiments ou de leur sexualité, et pourtant le film garde cette intensité poétique d’un bout à l’autre de la pellicule ! On a beau entendre
parler frontalement de masturbation ou de sécheresse vaginale, l’émotion nous transperce… Les personnages sont d’ailleurs toujours filmés dans leur animalité la plus brut, comme s’ils n’étaient
que désirs et ressentis : ils sont toujours à l’affût d’une odeur ou d’une caresse, et ils nous apparaissent littéralement comme des êtres éminemment sensuels… Même le réalisme est ainsi rendu
ici admirable !































  • Plus










3 commentaires:

  1. Personnellement, j'ai été presque gêné quand ils parlaient sexualité. Ca cassait le charme poétique du film

    RépondreSupprimer
  2. C'est vrai que le ton sur lequel est évoqué la sexualité ne m'a pas choqué mais surpris au début.


    J'ai vu le film un peu fatigué ce qui est en génral fatal pour ce genre de film au rythme lent. Mais j'ai tenu le coup et je ne le regrette pas.Lles images sont magnifiques, Watanabe, le
    personnage principalnavigue perdu comme Ulysse dans l'océan de ses sentiments.


    Le suicide du début par son désespoir esthétique m'a fait pensé à Virgin Suicides, sauf qu'ici c'est l'acte fondateur du film et de l'évolution/destruction de ceux qui restent. Je n'avait rien vu
    de ce réalisateur depuis lapapaye verte, mais qu'il prenne son temps, car ça en vaut la peine.

    RépondreSupprimer
  3. je ne suis plus très sur mais je crois que je n'avais pas aimé la papaye... à moins que je confonde... mais j'étais encore jeune, vierge et innocent...

    RépondreSupprimer