mardi 3 mai 2011

[Critique] Les nuits rouges du bourreau de jade, de Julien Carbon et Laurent Courtiaud



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Les nuits rouges du bourreau de jade, de Julien Carbon et Laurent Courtiaud (Hong-Kong, France, 2009)



Sortie le 27 avril 2011



Note :
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Avec son titre à rallonge, « Les nuits rouges du bourreau de jade » est un nouvel hommage au giallo italien, après « Amer » l’année dernière, qui déjà était réalisé par deux français. Mais
là où « Amer » relevait plus de la pure performance et de la démonstration technique qui finissait par se révéler assez vaine ou ennuyeuse, le film de Carbon et Courtiaud, deux frenchy exilés à
Hong-Kong (travaillant notamment avec Tsui Hark !) se révèle nettement plus performant et pertinent ! Non seulement parce qu’il parvient à intéresser, voire à fasciner, son spectateur, mais aussi
parce qu’il ne se contente pas de rendre un hommage admiratif et béat à un certain cinéma de genre : il embrasse lui-même ce cinéma-là, en livrant une œuvre tout à fait digne dans cette
trajectoire si segmentante du septième art… Il ne se contente pas non plus d’uniques références au giallo, puisqu’il s’inspire également du cinéma asiatique plus contemporain ou laisse même
planer l’ombre d’un Hitchcock ou d’un Bunuel dans certaines séquences !

A travers cette histoire d’antiquité volée qui contient le poison du bourreau de jade, qu’une femme chinoise cherche à récupérer pour réitérer à notre époque ses meurtres pervers et rituels, le
film de Carbon et Courtiaud se permet toutes les audaces ! On est tout de suite happé, notamment, par une mise en scène hyper léchée, qui délivre à de nombreuses reprises des plans d’une beauté
inouïe… On est mystérieusement attiré par ces images qui nous emmènent entre perversion et fascination, mélangeant allègrement et sans le moindre complexe le gore le plus frontal à l’érotisme le
plus marginal, allant du fétichisme du pied (ah, les gros plans podophiles sur des talons aiguilles ou des petons déchaussés !) au bondage SM le plus absolu (un « lit de suffocation » à baldaquin
hautement technologique, dans lequel la personne allongée se fait intégralement étouffer de latex). On assiste à des scènes de tortures meurtrières d’une originalité sans borne, partagées entre
la gracieuse beauté et l’ignoble sadisme…

« Les nuits rouges du bourreau de jade » s’impose alors comme un « bel objet », pas toujours très abouti et avec ses maladresses certes, mais à l’univers et à l’esthétique suffisamment
particulier et inédit pour surprendre et attirer… Sans compter que sa beauté glacée n’exclut pas non plus de légères et parcimonieuses touches d’humour tout à fait bienvenues : comme c’est le cas
par exemple dans la scène où la femme chinoise, incarnation moderne du fameux bourreau de jad(is), nous explique en pleine séquence de torture la recette du parfait Dry Martini ! Mais le plus
délicieux reste peut-être de voir déambuler notre « Bel » Frédérique à Hong-Kong, un peu perdue et décalée dans ce pays qui n’est pas le sien : un curieux pistolet à la main, elle marche et
hésite, déclame ses répliques dans un drôle de jeu et oscille parmi toute une palette d’expressions savoureuses… Un film pour a-mateur, peut-être, mais qui vaut le coup d’œil !



 



Mise en perspective :



- Amer, de Hélène Cattet et Bruno Forzani (France-Belgique, 2010)



- Giallo, de Dario Argento (Italie, 2008)































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4 commentaires:

  1. salut philcine,


    c est jm de 09h09.


    email dans le commentaire


    jm

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  2. J'ai vu la BA, ça a l'air carrément bizarre ce truc... Mais c'est justement ce qui rend la chose intéressante je pense.

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  3. Alors coquin on veut essayer le pieu ?


    Amer est très beau, mais très différent du Bourreau. Y a eu un petit échange sur MadMovies entre les 4 réalisateurs. J'ai enfin réussi à poster ma petite note. Ouf !

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  4. ah tiens j'ai pas fait attention à l'échange dans madmovie... oui j'ai vu ta note ! thanxs

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