lundi 5 janvier 2009

La famille Wolberg, d’Axelle Ropert (France-Belgique, 2009)




Note :



« La famille Wolberg », premier long métrage d’une ancienne critique de cinéma, est un film constamment placé dans un entre-deux. Entre deux genres : comédie et mélodrame. Entre deux traitements :
artifices et intériorités, légèreté et profondeur. Entre deux visions : la réalité et les illusions, autant dire ce que l’on voit et ce qui est véritablement… Une dualité récurrente parfaitement
illustrée par le personnage du père, tiraillé entre ses obligations familiales et sa fonction de maire d’une petite commune, mélangeant les deux au passage, aidant ses concitoyens comme des membres
de sa propre famille ou parlant à sa fille à la façon d’un homme politique. Ce monde coupé en deux, c’est aussi cette ligne que trace le beau-frère au jeune fils de la famille : d’un côté le monde
tel que tout le monde le conçoit et de l’autre une façon décalée d’être au monde. Si le fils hésite encore sur le côté où se placer, le beau-frère se pose et s’affirme d’ailleurs en observateur du
monde, sans que l’on sache jamais s’il s’agit là d’un choix ou d’une fatalité et si, du coup, il est heureux ou malheureux… Cette bipartition constante est à la fois la force et la faiblesse du
film. Car si sa dernière partie réserve des moments très poignants (et larmoyants), qui arrivent à remuer une vérité très profonde au fond de nous, tout le début se montre très hésitant, coincé
entre plusieurs directions à prendre. Ce grand écart rend le film difficile à cerner et l’on demeure par là même des spectateurs distraits, en retrait, ayant finalement un peu de mal à rentrer
pleinement dans cette histoire…

La réalisatrice dresse avec sa « Famille Wolberg » un portrait familial assez fort et touchant, dans lequel chacun devrait pouvoir se retrouver à sa façon… Mais ce qu’elle cherche avant tout à nous
montrer, c’est que dès que l’on gratte un peu trop sous les apparences, on finit toujours par trouver des blessures et des béances redoutables ! Ainsi, si tout a l’air d’aller au début du film, la
suite nous révèlera très vite que chacun a ses failles et ses secrets : sous des allures de maire agité en campagne, le père est en train de mourir d’un cancer ; sous les traits d’une mère parfaite
et aimante, la femme cache un amant ; avec la volonté obsessionnelle de rendre sa fête d’anniversaire unique et grandiose, la fille de bientôt 18 ans prépare en réalité une soirée d’adieux à sa
famille… Quant au jeune fils, introverti et mélancolique avant l’âge, il réserve lui aussi quelques surprises. Mais en filmant la déflagration douce et discrète d’une famille, presque par infimes
glissements successifs, Axelle Ropert donne paradoxalement à voir un amour énorme et absolu entre chacun de ses membres. Quoi qu’il arrive, malgré les ruptures et les détachements, la puissance du
lien familial demeure toujours bien ancrée…

Une telle subtilité dans les traits de chacun de ses personnages rend d’autant plus rageant l’inaboutissement de ce film un brin bancal. Il donne en tout cas à observer de très bons acteurs, à
commencer par le belge François Damiens. On y retrouvera également le jeune acteur Jocelyn Quivrin, récemment disparu…






























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1 commentaire:

  1. ça y'est je l'ai vu !
    Je ne suis pas sûre de te suivre sur l'aspect réalité/illusions. Mais j'ai aussi cette impression d'être restée en dehors.
    Peut-être que je me suis un peu braquée contre le personnage principal que je trouve mégalo, sûr de lui et pour le coup pas très drôle (la réalisatrice voulait qu'il le soit apparemment). Il
    laisse peu de place aux autres membres de la famille, heureusement la jeune fille s'en sort bien. Et les moments que je préfèrent sont ceux où il pleure.

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