dimanche 15 septembre 2013

[Critique] Found, de Scott Schirmer


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de Scott Schirmer



(Etats-Unis, 2012)



Le Jour du Saigneur # 128




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Soi-disant tourné avec 10 000 dollars (mais l’argument est peut-être purement commercial tant le film semble impressionnant), « Found » se révèle un pur électrochoc dans le maelström des films
d’horreur actuels. Il faut dire qu’il ne ressemble à aucun autre et qu’il trace sa route loin des histoires déjà maint fois racontées ou des effets de mode trop faciles… Son originalité, mais
aussi son atmosphère très particulière et extrême, en fait un pur objet filmique – et plastique – non identifié, qui ne pourra certainement pas être vu par un très large public (autant parce
qu’il sera vraisemblablement diffusé confidentiellement, mais aussi parce qu’il ne pourra sans doute pas être « supporté » par tous), mais dont les qualités méritent qu’on en parle amplement
!

L’atmosphère de « Found » peut a priori dérouter lorsque l’on s’y plonge dedans tête la première. L’image y est sombre et sale, offrant au spectateur une ambiance à la fois glauque et malsaine…
Mais le caractère « malsain » du film ne passe bien sûr pas que par ses images ou sa photographie, il y a jour_du_saigneur_bis.jpgégalement une dimension de dérive douce dans les émotions, la psychologie des personnages, la façon de montrer les désirs ou les pulsions
de chacun, qui affleurent souvent et se réalisent plus rarement comme on peut les voir dans « Found »… Quand le jeune Marty, douze ans, découvre que son frère est un tueur en série à travers les
têtes décapitées qu’il trouve dans sa chambre, sa vie bascule fatalement, glissant doucement mais sûrement vers l’horreur pure…

La force de ce premier film de Scott Schirmer (qu’il conviendra de suivre attentivement désormais) vient peut-être principalement de son point de vue, celui de cet enfant à la vie plutôt banale
qui sombre peu à peu dans l’ignoble… Un film d’horreur à hauteur du regard d’un enfant, voilà qui se révèle en effet diablement efficace ! Les effets gore sont plutôt rares dans « Found », qui
préfère se rendre plus insidieux et plus axé sur une terreur psychologique… Déjà fasciné par les films d’horreur et globalement rejeté par les enfants de son âge à l’école, Marty ne sait plus
quoi penser de son frère après sa macabre découverte, qu’il poursuit néanmoins avec cette fascination malsaine qui innerve tout le film, puisqu’il persiste à chaque fois à aller voir les têtes de
nouvelles victimes de ce bourreau si proche et singulier qui occupe la chambre à côté de la sienne… Le long métrage se noue pleinement lorsque le garçon visionne un film d’horreur hyper réaliste
avec un camarade, dans lequel un tueur décapite ses victimes. L’image de son frère prend alors la place du serial killer, matérialisant les doutes de Marty sur ce qu’il doit penser de son frère
maintenant…

Cette oscillation entre les émotions, le bien et le mal, l’amour ou la haine que l’on voue parfois aux mêmes personnes, particulièrement dans le cadre de la cellule familiale, fait de « Found »
un film à l’ambiguïté puissante… On se laisse littéralement happer par son ambiance étouffante et déroutante, dérangeante et perverse, nous guidant jusqu’aux portes de la folie humaine… Schirmer
livre un film enragé et retors, passionnant d’un bout à l’autre, à la mise en scène intensément psychologique. On reste marqué par un film « modestement puissant », au parcours atroce et réussi
jusqu’aux limites du macabre et de l’horreur !































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