lundi 4 juin 2012

[Critique] Prometheus, de Ridley Scott



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(Etats-Unis, 2012)



Sortie le 30 mai 2012




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37 ans avant l’aventure du Nostromo dans « Alien, le 8e passager », mais
33 ans après qu’on l’ait découverte au cinéma, voici enfin le « préquel » de la saga mythique, dont l’action se passe en 2085… On y découvre une expédition scientifique atterrir sur une planète
après plus de deux ans de voyage dans l’espace en « stase ». Leur but est d’explorer un site où les « architectes » (entendez : « ceux » qui nous auraient créé) nous auraient invité à venir
depuis la nuit des temps, le film reprenant ici la théorie selon laquelle les civilisations terrestres anciennes avaient toutes de solides connaissances astronomiques sans pourtant s’être
concertées, ce qui veut forcément dire que les extraterrestres les leur avaient inculquées… Comment expliquez cela autrement après tout ?

Ce qui est d’ailleurs intéressant dans « Prometheus », et qui n’était pas présent dans « Alien », c’est justement ce débat entre la science et la foi à propos de nos origines… L’héroïne
principale (interprétée par Noomi Rapace) ne sait d’ailleurs plus à quel Saint se vouer, portant ou retirant sa croix autour du cou à tout bout de plan. Le film s’achève en cela sur une immense
frustration : alors qu’il nous promettait de nous révéler les secrets sur l’origine de la vie (bon, on n’y croyait pas trop non plus, hein, on n’est pas con…), non seulement il ne propose aucune
conclusion même évasive (le finale semblant surtout appeler une ou plusieurs suite(s), Dieu du marketing quand tu nous tiens !), mais en plus il ne se contente, comme dans de nombreuses autres
histoires de cet acabit, que de déplacer le problème en faisant intervenir les extraterrestres, qui seraient à l’origine de la vie sur Terre… sauf que l’origine des extraterrestres, elle, on n’en
sait que couic ! On verra bien la suite de ce « Prometheus » (que l’on imagine probable, tant le film ne fait pas de lien direct avec le premier volet d’« Alien » et le SOS capté par le vaisseau
d’Ellen Ripley), mais même si l’on apprécie la vague allusion à l’existentialisme cosmico-ontologique de « 2001, l’odyssée de l’espace » (à travers notamment la présence de ce vieillard
et les échanges avec « l’autre monde », le rapport entre l’humanité et les dieux étant suggéré aussi par le nom du vaisseau spatial, évoquant le mythe de Prométhée), on ne se fait toutefois guère
d’illusion quant à la capacité – ou la volonté – de la saga d’aller beaucoup plus loin…

Du coup, si « Prometheus » est en partie un film déceptif dans son contenu diégétique même, il s’agit toutefois de tempérer en reconnaissant au long métrage son extrême qualité et son emballante
efficacité en tant que divertissement intelligent… Si l’univers de la science-fiction a bien du mal à évoluer, restant toujours un peu dans les mêmes représentations, qui rappellent d’ailleurs
celles que Ridley Scott avait contribué à créer au début de sa carrière (avec « Alien » ou « Blade Runner »), force est de constater qu’il est ici esthétiquement sublime et
porté surtout par une mise en scène époustouflante, montrant bel et bien que le cinéaste n’a pas perdu la main ! N’ayant vu le film qu’en 2D, la fluidité et la douceur des plans laissent supposer
pourtant une 3D agréable et immersive… On restera tout autant impressionné par la beauté et l’immensité des décors que par la maîtrise des effets spéciaux ou la réussite de certaines séquences
qui devraient facilement restées dans les annales… L’exploration du site souterrain sur la planète joue du suspense et de l’obscurité ; le crash du vaisseau à la fin relève du spectacle pur ; la
scène de l’opération en éveil pour sortir le fœtus d’alien d’un ventre est à la fois un moment de tension horrifique et de décalage ludique, tant la pince qui plonge dans les entrailles de
l’héroïne rappelle celle des machines à peluches dans les fêtes foraines !

Du grand spectacle, il y en a donc à foison dans « Prometheus » ! Les amateurs de science-fiction gore et impressionnante seront à coup sûr comblés par ce que le film a à leur offrir… Mais il y a
cependant de quoi rester sceptique devant le peu d’innovations ou de révélations que les scénaristes sont – ou seront – capables de nous offrir dans cet épisode et les possibles / probables
suivants…



La saga "Alien" vue par Phil Siné



Autres films de Ridley Scott :



Alien, le huitième passager (1979)



Blade Runner (1982)



Thelma et Louise (1991)































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10 commentaires:

  1. papa tango charlie3 juin 2012 à 05:41

    J'ai beaucoup apprécié le coté science fiction accompagné de quelques effets d'horreur plutôt originaux et réussi: quelle tension dans le médipad!  mais on voit beaucoup de mutations, de
    transformations, des actes inexpliqués de certains personnages qui laissent beaucoup trop d'interrogations... et la fin fait vraiment bordélique voir parfois agacante: je veux la suite tout de
    suite!


    Pour la 3D, je l'ai trouvé inutile car beaucoup trop discrète, je n'ai pas vu d'effets visuels interessants, mais il parait que c'est pour ça que le relief était interessant... bof!  


     

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  2. Même si j'ai moi aussi eu des difficultés avec certains aspects du scénario, je suis tout de même resorti très satisfait de ce très bon film, que j'ai trouvé fascinant.

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  3. Un superbe film de SF mais qui reste un peu bancal. L'ADN Alien prend trop de place pour ce qui est, au final, une nouvelle saga ety non un prequel. Cette sensation du cul en tre deux chaises est
    assez déplaisante mais le prochain film donnera sans doute plus de lumière... 3/4

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  4. J'ai pris mon pied pour ma part, mais c'est vrai que je n'ai pas trop cherché le rapport à Alien non plus...

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  5. Je suis d'accord avec le précédent com : la 3D ne remplit plus son office passée la première demi-heure. Quelques bonnes idées sur les aliens (l'aspect viral qui évoque la passion des frères
    Scott pour le "mystère Andromède" de Crichton/Wise), et visuelles (les hologrammes, la tension dans le médipad, mais trop brève et pétrie d'incohérences) mais ce scénario, ce montage, quelle
    horreur ! L'équipage est aux abonnés absents, on dirait une bande de boy scouts partis en exploration. Les actions et les intentions des personnages sont totalement obscures (je n'ai toujours pas
    compris ce qui faisait croire au vieux qu'il pourrait trouver l'immortalité sur la planète) et souvent dessinées à gros traits (les ingénieurs se voient affublés de traits de caractères propres
    aux ouvriers dans le premier volet, c'est absurde). Après avoir vu "Pandora", Scott s'égare dans le vertige du gigantisme, quitte à verser dans des théories fumeuses qui se rapprochent du
    Créationnisme (le mécréant qui croit encore au darwinisme s'appelle hellburn !). Il paraît que le director's cut arrangera le problème des ellipses hasardeuses. Pour ce qui est le version salle,
    on n'est plus proche du gros nanar.

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  6. Une réussite formelle pour un échec sur le fond. Est-ce suffisant pour rattraper le tout? J'aurai tendance à répondre par la négative...

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  7. Chouette article qui monte bien l'aspect paradoxal de Prometheus ! Ce film plein de promesses est certes maladroit et bourré d'aspects caricaturaux, il présente aussi quelques bonnes surprises,
    une 3D vraiment bien utilisée (et ce n'est pas souvent), et soulève malgré tout de nombreuses questions dans notre esprit après la projection...
    Je vous propose mon billet sur le même sujet si cela vous intéresse :


    http://lechatmasque.wordpress.com/2012/06/10/prometheus-de-ridley-scott-jusquou-iront-les-voleurs-de-feu-en-2091/


    Bonne soirée, au plaisir !

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  8. C'est clair, cette (absence d') explication foireuse refroidit un peu. Reste que l amise en scène est sublime et que l'interprétation est impeccable. Au fait pour info la 3D est en effet très
    bien intégrée

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  9. Excellent et le deuxième volet vient d’être annoncé ! Je suis très impatient de voir ce que cela va donner avec le duo Fassbender et Rapace. 

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  10. oui, on suivra ça avec attention !

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