mardi 26 juin 2012

[Critique] Wrong, de Quentin Dupieux



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(Etats-Unis, 2012)



Sortie le 5 septembre 2012




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« Dolph a perdu son chien, Paul. Le mystérieux Master Chang pourrait en être la cause. Le détective Ronnie, la solution. Emma, la vendeuse de pizzas, serait un remède, et son jardinier, une
diversion? Ou le contraire. Car Paul est parti, et Dolph a perdu la tête. » Il faut bien reconnaître que « Wrong » se révèle intrigant dès son synopsis… Et si vous n’y comprenez rien, à vrai dire
ce n’est pas très grave, car il n’y a pas grand chose à comprendre ! « Wrong » est tout simplement l’histoire d’un type dont le chien a disparu et qui évolue dans un monde parfaitement étrange,
un peu comme une dimension parallèle à la notre… The Twilight Zone ?

Une nouvelle fois après « Rubber », Quentin Dupieux signe ainsi un film décalé, dont
l’atmosphère poético-absurde fascine et parvient à elle seule à imposer un style, une signature parfaitement propre au cinéaste-musicien-expérimentateur… Dans « Wrong », la patte du réalisateur
s’avère constamment identifiable, à travers tout un enchaînement de situations étranges et inattendues : le réveil du héros déclenche l’alarme à 7h60, un sapin a remplacé un palmier dans son
jardin, il pleut en permanence dans le bureau où il travaille (synonyme de l’ennui d’une profession bureaucrate monotone ?), un détective parvient à obtenir des images de la mémoire d’un étron
canin (sic)… Mais ce qui surprend le plus, c’est probablement la faculté des personnages à accepter tout à fait « normalement » cette réalité sans queue ni tête ! C’est d’ailleurs de là que vient
l’effet comique du long métrage, ainsi que de dialogues capables de dériver à l’infini : la conversation que le héros a au téléphone avec la standardiste d’une pizzeria est à ce titre un « must »
!

Si ce film atmosphérique est plutôt plaisant à suivre et amuse à de nombreuses reprises, on pourra néanmoins lui reprocher son aspect pour le moins statique, résultat d’une mise en scène assez
figée : « Wrong » menace alors régulièrement de sombrer dans l’ennui ou le systématisme, phénomène bien heureusement sauvé par les nombreuses pirouettes et rebondissements de son scénario, dont
la mise bout à bout des saynètes est suffisamment rapide pour faire illusion…

A propos d’illusion justement, si Dupieux se révèle un virtuose de la forme, on est aussi en droit de s’interroger sur le fond qu’il cherche à véhiculer dans ses films… Si la vague mise en abyme
du cinéma déjà en place dans le dispositif de « Rubber » se poursuit un peu ici, avec
une réflexion sur le non-sens et le principe du « no reason », on pourra néanmoins trouver la démonstration un peu courte et entrevoir une forme de vacuité idéologique s’immiscer peu à peu dans
ce cinéma-là… Certes, « Wrong » commence avec la scène d’un pompier qui défèque en public (l’image possible d’un cinéaste qui ferait de la merde pour ses spectateurs ? Dupieux critiquerait alors
tous ceux qui se contentent de faire un cinéma calibré qui ne sort jamais des clous…), mais la suite déroule surtout 90 minutes de tripotage de nouille… une nouille par ailleurs enroulée sur
elle-même ! (difficile de bien pisser avec ça…)



Perspective :



- Rubber, de Quentin Dupieux































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3 commentaires:

  1. Tiens, encore un réalisateur français qui fait des films américains ? J'ai vu que Wrong est en compétition au festival de Deauville où il sera projeté demain... tu crois qu'il a ses chances ?
    J'aime bien l'anecdote du réveil en tout cas :)

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  2. papa tango charlie16 septembre 2012 à 10:44

    J'ai bien aimé, ta critique m'a donné suffisamment de curiosité pour aller le voir et j'ai beaucoup souri aux répliques des nombreux personnages,malgré l'atmosphère froide et pesante du film. Et
    puis la VO c'est cool quand c'est eric judor qui parle anglais!  

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  3. tu veux dire qu'on comprend ce qu'il dit même sans sous titres ? ;)

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