samedi 30 juin 2012

[Sortie DVD] Oslo, 31 août, de Joachim Trier


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(Norvège, 2011)



Sortie en DVD et Blu-Ray le 3 juillet 2012 chez Memento films



Note :
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coeur


Tout commence par une balade solitaire en forêt… et puis une tentative de suicide ratée à la Virginia Woolf, au beau milieu d’une nature romantique : un jeune homme regarde l’onde comme s’il
voulait y plonger, puis s’enfonce doucement dans le lac, armé d’une lourde pierre contre le corps… Il coulera et refera surface, essoufflé. Trempé, il rentre au centre de désintoxication où il
termine mornement sa cure… Dès les premiers plans, « Oslo, 31 août » transpire un style atypique et hypnotique, tout à la fois beau et tragique, poétique et contemplatif, duquel on ne ressortira
certainement pas indemne…

Ce second long métrage de Joachim Trier (après « Nouvelle donne » sorti en 2008) raconte l’errance dans Oslo d’Anders, ce jeune toxico autorisé à sortir pour une journée du centre où il a presque
terminé sa cure de désintoxication… Il doit passer un entretien d’embauche, mais va surtout en profiter pour revoir sa famille et ses amis, tous ces proches auprès desquels il pourra peut-être
trouver une deuxième chance… Après une vie gâchée par la drogue, parviendra-t-il, ou plus précisément « voudra-t-il » tenter ce nouveau départ que la vie lui offre ?

Avec une grâce intime et précieuse, « Oslo, 31 août » se révèle sur la longueur, avec sa mise en scène douce et lente, qui agit comme une élégie tendre et fascinante sur la fragilité humaine… Le
réalisateur sait se faire discret pour isoler son personnage dans des décors urbains protéiformes, dans lesquels il erre comme dans les méandres de sa propre intériorité. On le sent aussi à
l’écoute des autres, à travers des scènes absolument remarquables et fascinantes où il observe les habitants anonymes d’Oslo, dont on entend des fragments d’idées, dont on vit des parcelles
d’existence… Anders cherche sa place dans ce monde, mais sait qu’il ne pourrait se contenter d’une vie « normale » : la longue conversation qu’il a avec son meilleur ami, désormais marié avec
enfants, possède une justesse infinie et révèle une vérité des âmes sublime… Son ami semble lui-même étonné et désespéré de la vie qu’il mène, quand Anders finit par lui décrire finalement ce
vers quoi il tend désormais, et ce vers quoi il nous mènera surtout jusqu’à la fin du film… Evoquer la mort avec un calme impressionnant et une atonie déchirante : le long métrage trouble au
moins autant qu’il sidère et envoûte…

Joachim Trier parvient à nous parler de la vie elle-même avec une mélancolie bouleversante, à travers le regard de ce jeune homme déchu qui n’aspire plus à rien et qui choisit de ne plus
participer à l’absurdité de ce monde… Malgré l’espoir d’une nouvelle vie qui se dessine au fur et à mesure de ses pérégrinations à travers la ville, il va pourtant volontairement tout détruire :
il quitte son entretien d’embauche alors même qu’il avait si bien commencé, il se détourne peu à peu de ses amis, ou même de cette belle inconnue qu’il vient de rencontrer, promesse d’une belle
relation… Mais Anders pense à une autre fille, vestige désormais muet de sa vie révolue… A quoi bon recommencer tout ça lorsque l’on se sent déjà usé par la vie à 30 ans, lorsque l’on ne trouve
plus de sens à rien… Pour incarner le personnage principal, l’acteur Anders Danielsen Lie irradie l’écran de sa douceur triste et de son charme ambigu, masque d’une faille profonde… Le monde et
les gens semblent désormais passer sur lui sans que plus rien ne se passe en lui : voici le touchant portrait d’une jeunesse à la dérive…



Bonus DVD :



Deux forts sympathiques entretiens avec le cinéaste Joachim Trier, accompagnés d'une filmographie et d'une revue de presse, servent de bonus à la superbe édition DVD du film, présentée dans un
classieux digipack... L'occasion inespérée de faire entrer sans attendre l'un des plus beaux films de l'année dans sa vidéothèque !































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1 commentaire:

  1. Ah oui, c'est en effet un très beau film qui ne peut pas laisser indifférent... J'ai trouvé la photo magnifique d'un bout à l'autre et le personnage d'Anders ainsi que son interprète sont
    absolument fascinants : on a tellement envie qu'il s'en sorte mais on n'effleure finalement qu'à peine cette "faille profonde" évoquée dans ta superbe critique... C'est dur et bouleversant mais
    un coup de coeur que je partage, je le reverrai volontiers un peu plus tard. Merci beaucoup pour cette découverte ! :)

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