vendredi 22 juin 2012

[Critique] Adieu Berthe ou l’enterrement de mémé, de Bruno Podalydès



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(France, 2012)



Sortie le 20 juin 2012




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coeur


A partir d’une expression populaire signifiant généralement la fin des haricots (héhé), les frères Podalydès tissent avec « Adieu Berthe » une nouvelle comédie poético-hilarante et joliment
funambule sur l’impact de la mort d’une grand-mère quasiment déjà oubliée (dans la solitude d’une maison de retraite) sur la vie d’un homme, éternel indécis, partagé entre sa femme et sa
maîtresse… Cet homme, c’est Armand. Mais ça pourrait tout aussi bien être Albert Jeanjean, le héros hésitant et maladroit du désopilant « Dieu seul me voit », à un âge plus avancé et une nouvelle
fois incarné par le merveilleux Denis Podalydès, dont le jeu tout en charme lunaire et en fébrilité gracieuse demeure toujours aussi fin ! On adore le cinéma à la fois si drôle et si touchant de
ces frères-là, que l’on a déjà volontiers suivi depuis « Versailles rive gauche » (1992) et jusqu’à « Bancs publics (Versailles rive droite) » (2009), sans oublié leur irrésistible détour par «
Liberté-Oléron » (2001). L’univers que ces deux garçons complémentaires se sont construits est unique et se révèle à chaque fois qu’on le pénètre d’une fraîcheur badine que l’on n’oublie pas
!

Il y a d’ailleurs de quoi faire, question délires, dans « Adieu Berthe » ! Il y a bien sûr d’abord cet humour pas complètement noir mais pour sûr existentiel sur la mort, puisque l’enterrement de
mamie Berthe est un peu le fil rouge du film. Armand cherche à tout prix un autre entrepreneur de pompes funèbres que celui que recommande sa belle-mère détestée, qu’il appelle « mère supérieure
» et qui loge dans le même immeuble que le sien, et il tombe sur des propositions pas piquées des vers : entre une promo trouvée sur internet (du genre un cercueil pour le prix de deux !) et un
numéro téléphonique limite mafieux, il finit par opter pour l’entreprise « Obsècool », dont le slogan « La mort hop c’est fait, hop c’est cool ! » annonce bien le programme… Mais l’humour sait
aussi se faire plus subtil, à travers des dialogues extraordinairement bien écrits, des tournures langagières tordantes, des lapsus ou des néologismes autant comiques que lyriques. Les crises de
fou rire ne manquent vraiment pas d’un bout à l'autre de ce film délicieusement rythmé et composé…

Mais si l’on rit beaucoup pour cet enterrement, il ne manque pas moins à « Adieu Berthe » une profondeur généreusement humaine, déroulant progressivement et discrètement une philosophie de la vie
qui fait un bien fou… Les indécisions d’Armand qui se retrouvent dans le devoir de philo (sur la question du choix) de son fils, avec lequel il essaie de reprendre le dialogue : un échange
étonnant entre un père et son fils, croyant chacun que l’un ne connaît pas l’autre, alors que… bref, une scène vraiment surprenante ! Tout comme ce final en suspens, que l’on pourrait qualifier «
final de la disparition », avec la notion de magie qu’elle contient et qui parcourt sans cesse les aspirations du héros…

Profondément humain, tous les personnages le sont d’ailleurs, révélés par des acteurs de talent, depuis Valérie Lemercier à Pierre Arditi, en passant par Samir Guesmi ou Bruno Podalydès lui-même,
sans oublier ce rôle mélancoliquement absurde de Noémie Lvovsky qui hante les cimetières en pleurant et en s’agrippant à qui voudra bien la consoler… L’humanité est constamment prégnante en
chacun de ces acteurs, de leurs personnages et des situations qu’ils traversent : les échanges de textos d’Armand à sa maîtresse en pleine nuit, qui ressemble soudainement à un grand adolescent
amoureux, l’épisode extravagant du mulot dans le parc de la maison de retraite (ça, il faut le découvrir !), ou encore l’enterrement de Berthe dans l’une des dernières séquences du film,
véritable hymne à l’amour, bien plus qu’à la mort… La vie passe, l’amour passe, adieu Berthe… Pauvre mémé !































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7 commentaires:

  1. Un très joli film, en effet, qui mérite amplement le qualificatif de "coup de coeur".

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  2. Il faut que je trouve le temps d'y aller, pour mefaire mon avis :)

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  3. Les Podalydès réussissent une fois de plus leur coup. Poétique et mélancolique avec un humour noir des plus élégant... 3/4

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  4. J'ai hâte de le voir, je garde un très bon souvenir de Bancs publics ! Bises

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  5. Excellent moment passé avec les frères Podalydès. Une comédie De profundis mais sinephile qua non.

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  6. Ben mince alors, je suis passée à côté. Je me suis même ennuyée.. Et j'avais adoré Bancs publics et Liberté Oléron pourtant..

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  7. oh ?! comment est-ce possible ? ade n'a donc pas fait lol devant adieu berthe ???!!! :)

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