jeudi 23 juin 2011

[Carte blanche] Forrest Gump, de Robert Zemeckis (vu par Merome)


Ecolo-militant éclairé, Merome fait part directement en ligne de la réduction de son « empreinte écologique » grâce à son vélo. Sensible à la situation
économique et politique actuelle, ou à des idées nouvelles et progressistes comme la décroissance, il est également romancier et créateur de jeux en ligne : vous trouverez tout cela (et bien plus
encore !) sur le site Merome.net. Blogueur qui se laisse le temps de réfléchir, Merome écrit ses états d’âme sur « On refait le
blog !
», un espace virtuel où il caresse le doux espoir, consciemment utopique, de « refaire le monde »… Pour sa carte blanche, il a choisi de nous parler du film « Forrest Gump », qu’il se souvient avoir
vu dans d’étonnantes circonstances.



carte blanche
forrest_gump.jpg



Forrest Gump, de Robert Zemeckis (Etats-Unis, 1994)



Carte blanche de Merome



Blog : On refait le blog !



Ce devait être en 1995, une époque où j'allais assez peu au cinéma, encore moins que maintenant, c'est dire. Mes premières vacances avec celle qui allait devenir ma femme, les balbutiements de la
vie de couple, en rôdage sous une tente plantée dans un camping pas loin d'Annecy.
Encore étudiants tous les deux, avec un budget vacances assez limité, les journées étaient longues sous le soleil autour du lac et les sorties rares, car payantes.
Nous sommes tombés sur une affiche proposant une soirée cinéma dans un camping voisin, à moins que ce ne soit dans une petite structure municipale, je ne me souviens plus. Le prix de la place
était dérisoire, nous nous sommes donc offerts cette folie.

Le soir venu, il y avait du monde et nous étions en retard. Le film intitulé "Forrest Gump" m'était totalement inconnu, puisque je n'avais accès, à l'époque, à aucun média diffusant des
informations sur l'actualité du cinéma. Principalement par choix, parce que le cinéma ne m'intéressait guère.
C'est donc l'esprit totalement vierge d'idées préconçues que nous nous sommes installés au fond de la salle, dans le noir, car la projection avait plus ou moins déjà commencé. La salle était
remplie, les sièges en plastique étaient inconfortables et il faisait chaud.

Le ton du film nous a semblé original, une façon drôle et presque irrespectueuse d'évoquer la situation de handicap. Et comme à chaque fois que l'on est surpris en bien (par un film ou autre
chose), on a tendance à juger exagérément positivement les choses.
Au-delà de l'histoire de Forrest Gump et de sa vie comme une boite de chocolat, c'est toute l'Histoire récente de l'Amérique qui est revisitée, avec d'astucieuses incrustations du personnage
principal du film dans des images d'époques qui apportent une sorte de réalisme à la fiction.

Les spectateurs que nous devinions dans la pénombre devant nous étaient assez peu attentifs. Ces ambiances de camping et de vacances sont assez peu propices à la réflexion que pouvait inspirer le
film. Dans les moments les plus tristes du film, lorsque l'amie du héros est atteinte par la maladie, nous trouvions un peu agaçante toute cette agitation et l'irrespect qui semblait régner dans
l'assemblée.

Et puis le générique de fin est apparu, et les lumières se sont rallumées. Autour de nous, des dizaines d'handicapés, atteints de léger retard mental, ou d'infirmités physiques plus ou moins
graves assistaient à la représentation. Sans doute un centre spécialisé local les avait amenés ici en bus pour leur offrir un divertissement inhabituel.

Tout d'un coup, le film qui était pourtant terminé à l'écran, a pris une autre dimension. J'essayais de me mettre à la place de ces gens qui ont vu le film les tourner en ridicule, certes
gentiment et avec tendresse, mais sans détour. J'essayais d'imaginer leur réaction quand avec nos éclats de rires, nous nous moquions des limites intellectuelles du héros qu'ils partageaient
peut-être avec lui. En avaient-ils pleinement conscience ?

A posteriori, cela reste un des souvenirs les plus marquants de tout ce que j'ai pu voir au cinéma. Le film n'était pas forcément le meilleur que j'ai vu, la salle était pourrie, ainsi que les
sièges. Les conditions n'étaient clairement pas les bonnes pour apprécier le film dans ses qualités cinématographiques. Mais ce jour-là, peut-être plus que tous les autres, la projection d'un
film m'a fait réfléchir et prendre conscience de certaines choses.



 



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