samedi 17 juillet 2010

New York, New York, de Martin Scorsese (Etats-Unis, 1977)



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Note :
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Boudé lors de sa sortie en salle, « New York, New York » a depuis été largement réhabilité en devenant une pure merveille dans l’œuvre de Martin Scorsese. D’abord accusé de posséder un style «
vieillot », le film sera ensuite perçu comme un hommage à la comédie musicale des années 40 et 50, qui transcende le genre bien plus qu’il ne l’imite ! D’une bravoure technique incommensurable,
on voit bien que le film est le fruit d’un cinéaste qui a mis tout son talent et toute son énergie à recréer une époque disparue : les couleurs, les décors, la façon de mettre en scène, avec ces
plans larges ou ces longs travellings fluides et merveilleux… Je crois que ça s’appelle « l’extase cinétique » !

Mais avec « New York New York », Scorsese met surtout en scène une grande et bouleversante histoire d’amour, aussi belle que tragique. Juste après la fin de la seconde guerre mondiale, Jimmy
Doyle et Francine Evans se rencontrent. La première séquence du film, d’une durée de plus de trente minutes (!), est l’une des plus incroyables scènes de rencontre amoureuse que le cinéma n’ait
jamais filmé ! Lors d’une fête de la victoire américaine, on y voit Jimmy draguer lourdement Francine, qui repousse immanquablement toutes ses avances… C’est à la fois très drôles et
cinématographiquement exemplaire, ces premiers échanges entre les personnages préfigurant finalement toute leur histoire à venir. Les deux tourtereaux ont effectivement des caractères si
différents, si opposés, que toute relation ne peut que les mener à l’échec… Et l’échec de leur relation s’effectue d’ailleurs en parallèle sur deux plans au cours du film : leur histoire d’amour
et leur façon d’appréhender la musique. Jimmy est impulsif et rustre, quand Francine est plus classe et sophistiquée. Lui est un saxophoniste sauvage, qui joue fort et improvise beaucoup, alors
qu’elle est une chanteuse plus « classique », qui a besoin de précision rythmique. Leur union symbolise donc aussi l’opposition entre deux styles musicaux : le music-hall et le jazz, et par là
même entre deux époques : l’une classique, l’autre moderne… On suit à l’écran avec passion leur mariage inattendu et rapide, puis la lente destruction de leur couple, par déchirements successifs,
jusqu’à leur séparation implacable. On passe peu à peu de la comédie au drame, dans un rendu filmique absolument magistral et impressionnant. On est charmé par ces deux personnages, qui doivent
aussi beaucoup à leurs interprètes inoubliables : Robert DeNiro et la sublime Liza Minnelli !

Dans la dernière partie du film, où l’on assiste à une longue scène de comédie musicale intitulée « Happy Endings » (c’est en réalité un film dans lequel joue Francine), c’est à un autre Minnelli
que l’on pense : Vincente, le père de Liza… C’est là que Scorsese rend un hommage merveilleux et talentueux aux plus grandes comédies musicales américaines, notamment à celles de Minnelli, où de
longues scènes musicales venaient clore joyeusement le film… Sauf que là, le « Happy Endings » chanté vient s’opposer au refus du « Happy End » dans l’histoire de Jimmy et Francine. Les deux
personnages se retrouvent des années plus tard, se donnent même rendez-vous pour se revoir… Et Jimmy finira cependant tout seul sous la pluie ! Une pluie mélancolique à milles lieues de celle
sous laquelle jouait comme un enfant Gene Kelly dans « Chantons sous la pluie ». On est clairement à la fin des années 70 ici, et Scorsese souligne le désenchantement de sa cinéphilie, en
confirmant d’une certaine façon la mort de la comédie musicale classique, d’un âge d’or mythique à tout jamais révolu… D’ailleurs, « New York New York » peut être vu comme une « anti-comédie
musicale », car malgré cette ultime séquence tout à fait symptomatique du genre (qui n’est de toute façon qu’un film que regarde Jimmy au cinéma), tous les numéros de musique et de chants du film
sont réalisés dans un cadre réaliste et ne servent par à « réenchanter » la vie, comme ça pouvait être le cas des comédies musicales d’antan. Tout le long métrage baigne pourtant dans l’univers
musical, notamment autour du thème principal de la chanson de Frank Sinatra, mais cette musique-là, qui ponctue l’histoire de désamour des personnages, est doucement marquée par le sceau de la
mélancolie…



 



Mise en perspective :



- Les infiltrés, de Martin Scorsese (Etats-Unis, 2006)



- Shutter Island, de Martin Scorsese (Etats-Unis, 2010)



- Un Américain à Paris, de Vincente Minnelli (Etats-Unis, 1951)































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2 commentaires:

  1. Connait pas. Je suis pas trop comédie musicale (mise à part Blues Brothers). J'ai été tellement dégouté par Moulin Rouge et Chicago que maintenant je refuse d'en voir une. Mais vu que là, c'est
    Scorsese dérrière la camera, c'est pareil.

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  2. chicago je comprends... mais moulin rouge !!! enfin ? tu as perdu le sens commun ?! ;o)


    bon, plus sérieusement, c'est vrai qu'il faut aimer le genre pour apprécier les comédies musicales, après tout c'est assez spécial... mais tu as vu toutes les vieilles comédies musicales (genre
    chantons sous la pluies, un américain à paris, etc.) ?


    NY NY tu peux y aller les yeux fermé, surtout que comme je le dis, ce n'est pas strictement une comédie musicale...

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