dimanche 25 juillet 2010

Inception, de Christopher Nolan (Etats-Unis, Grande-Bretagne, 2010)



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Note :
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Toupie or not toupie ?



 



« Inception » réussit le pari formidable du film populaire « intelligent », qui parvient à rassembler un large public, du plus bourrin au plus subtil… Les nombreuses séquences de fusillades et
explosions en tout genre, tout comme la multiplication d’effets spéciaux époustouflants participant à la déformation constante du réel, satisferont haut la main les amateurs d’un cinéma de
l’esbroufe, dans lequel l’étalage de gros moyens à l’écran peut suffire à faire un film. Cependant, « Inception » ne se contente pas d’être un catalogue m’as-tu-vu d’images tape-à-l’œil et
bruyantes, il propose avant tout une histoire passionnante et complexe, brillamment écrite et mise en scène… C’est merveilleux de pouvoir constater que quand le Blockbuster se fait cérébral, on
peut se distraire sans s’abrutir !

On est plongé dès les premières minutes du film dans un univers merveilleux et onirique, plutôt intelligemment présenté… Le suspense est bien exploité, laissant entrevoir les différents éléments
de l’histoire progressivement, de façon harmonieuse et cohérente. Dans cette impressionnante histoire fantastique, dans laquelle la science-fiction n’est largement pas en reste, on fait la
connaissance de Dom Cobb, brillant « extracteur » de souvenirs et de secrets dans le subconscient des individus, qu’il leur dérobe dans leurs rêves… Accusé d’avoir assassiné sa femme, il ne peut
plus rejoindre ses enfants sur le territoire américain : s’il accepte de réaliser une « inception » dans le cerveau d’un jeune héritier (c’est à dire l’inverse d’une « extraction », soit
l’intégration d’une pensée dans son subconscient), un riche industriel lui promet de mettre fin à son exil. Ce type d’opération est cependant difficile et nécessite de pénétrer profondément le
subconscient de la victime, par le biais des rêves emboîtés les uns dans les autres… On est alors impressionné par l’incroyable virtuosité avec laquelle Nolan met en scène les différents degrés
de rêves. Le film se fait jouissance pure, entre parcours labyrinthique précisément décrit et sensation d’apesanteur à la fois très belle et poétique (certaines scènes où tout semble flotter
paraissent comme des références à « 2001 : l’odyssée de l’espace »). On reste bluffé par la maîtrise formelle de l’ensemble et par la capacité du scénario à nous plonger avec une telle aisance
dans cette complexe construction gigogne !

Dans ce grand tout hyper léché, signalons aussi des acteurs hyper léchables : Leonardo DiCaprio, Cillian Murphy, Joseph Gordon-Levitt… Tous sont parfaitement désirables, à l’exception bien sûr de
la neurasthénique et agaçante Marion Cotillard ! Deux autres petites choses gênent également dans « Inception », sans pour autant vraiment gâcher le plaisir du spectacle et du spectateur : la
voix d’Edith Piaf comme gimmick de passage entre les différentes strates des rêves (est-ce la présence de la Cotillard qui a influencé ce choix plutôt inattendu ?), et le rôle de DiCaprio, avec
ce « twist » final que l’on voit un peu venir de loin, et qui ressemble étrangement à celui de « Shutter Island »…

Parlons-en, justement, de ce retournement de situation final, sur lequel le film mise toute son ouverture : un simple plan sur une toupie qui tourne sur une table parvient à faire se poser au
spectateur des questions les plus complexes ! En effet, sachant que si la toupie ne s’arrête pas de tourner, c’est le repère pour Cobb qu’il se trouve toujours dans un rêve, le fait que le
personnage se détourne de la toupie pour aller rejoindre ses enfants et que nous seuls voyons la toupie continuer de tourner avant un plan noir final assez brutal, cela peut signifier très
exactement une chose et son contraire. On reste dans l’incertitude la plus totale : la toupie continue-t-elle vraiment de tourner sur la table après ce dernier plan ? Cobb est-il encore en train
de rêver ? Cela signifierait-il que tout le film n’est finalement qu’un rêve dépourvu de réalité, auquel cas il se peut qu’il s’agisse du rêve qu’il a décidé de faire avec sa femme soi-disant
morte, et que celle-ci s’en soit libérée pour retourner dans la réalité en sautant de la fenêtre de l’hôtel, quand Cobb a pour sa part refusé de sauter et ainsi de rejoindre le monde réel,
pensant justement qu’il y était déjà ? Ou alors plus simplement, plus sournoisement aussi, Nolan veut nous signifier que la réalité n’existe finalement nulle part, ou qu’au contraire elle est
partout à la fois, dans tous les degrés de rêves que l’on nous a présenté, qui sont en fin de compte chacun comme autant d’univers ou de monde parallèles possibles et coexistants les uns avec les
autres ? Le film serait alors une fable métaphysique qui questionne et qui met à l’épreuve avec beaucoup de grâce le principe même de réalité…



 



Mise en perspective :



- Shutter Island, de Martin Scorsese (Etats-Unis, 2010)



- Total recall, de Paul Verhoeven (Etats-Unis, 1990)































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8 commentaires:

  1. Dis pas de mal de Marion malheureux !


    N'oublie pas que la toupie est à elle ^^


     

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  2. Bien vu ta critique!! Quant à moi j'en dirais plus Mardi matin!!

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  3. Les multiples interprétations que peut avoir le scénario est indéniablement son point fort. Pour ma part, je pense que le film est un rève continu.

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  4. Pour sûr, ce film toupite fort du chapeau ^^


     

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  5. Je l'ai revu hier et une phrase me fait réfléchir.


    "Faire acte d’espérance"


    Cette phrase est citée par Saito dans l'hélicoptère, mais aussi plus tard par Mall, quand elle se trouve sur le rebord de la fenêtre. C'est une phrase qui n'est pas utilisée tous les jours. Dans
    Inception, elle est donc adressée deux fois à Dom. J'ai le sentiment que c'est un indice qui a son importance... Ou pas.

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  6. Cotillard est extra dans ce film, je vois pas pourquoi tu la démonte. Et "l'incpetion" d'Edith Piaf est rigolote (l'actrice vie un rêve éveillé depuis ce film là) et pertinente (Une chanson sur
    le regret, l'acceptation, théme qui parcoure le film).
    Pour ma part, la fin, je dirais que DiCaprio peut être dans la réalité (il ressort tous simplement indem de sa recherche de Saito) ou perdu dans les différents niveau de rêve. Car le toupie
    tourne, mais elle vacille, elle ne tourne pas parfaitement, mais en même temps elle tourne encore. C'est à se pendre cette image final.

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  7. Un des films les plus attendus de l'année est aussi un des rares qui rassemble critiques et publics... Et on doit avouer que ce film est une petite perle. Ce film a le génie d'unir cinéma
    d'auteur et blockbuster dans un mixte parfait. Le scénario à la fois alambiqué et compréhensible est sans aucun doute le point fort du film tant il est palpitant. Casting impeccable avec
    notamment une Marion Cotillard impressionnante et une révélation qui confirme en la personne de Joseph Gordon-Levitt. Cependant je ne puis mettre la note maxi car quelques petites choses gênent
    un peu... Juste un petit exemple comment se fait-il que Fischer ne reconnaissent pas Saïto alors que ce dernier est son concurrent principal ?! ... Mais le film reste un must qui en met plein la
    vue qui terminera sans aucun doute dans les top 10 de l'année.

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  8. assez d'accord avec toi, sauf pour la cotillard évidemment ! :)

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