[Critique] Star Trek Into Darkness, de J.J. Abrams

(Etats-Unis,
2013)

Sortie le 12 juin 2013

Rien ne va plus à Starfleet ! Le frivole et spontané Jim Kirk, encore trop jeune pour les hautes responsabilités qu’on lui a confié, se voit sérieusement rétrogradé pour avoir un peu déconné lors
de sa dernière mission (mais ses écarts ont tout de même permis de sauver la vie de Spock !), Spock et son manque d’empathie atavique semblent tout faire pour mettre l’amitié que lui porte Kirk à
rudes épreuves… et surtout Starfleet se retrouve menacée par un mystérieux terroriste, à la force surhumaine ! L’avenir de la Fédération et du maintien de la paix avec les Klingons se retrouvent
alors entre les mains de l’équipage de l’Enterprise, chargé d’une mission secrète pour neutraliser le terroriste. Les trahisons et les coups de théâtre peuvent alors se multiplier dans une
profusion d’action stimulante et survitaminée !

Quand on regarde un peu le scénario de « Star Trek Into Darkness », suite du déjà excellent « Star Trek » signé J.J. Abrams, on peut se demander si l’on n’est pas là devant un pur délire de geek,
fan d’une franchise usée jusqu’à la corde, entre ses 36 films et 52 séries dérivées… Sauf que pas du tout ! On est au contraire devant un grand film populaire, dans lequel le grand spectacle est
au service d’une histoire aussi passionnante qu’édifiante… Dès la scène d’introduction, où les héros fuient les autochtones d’une planète qu’ils vont finalement sauver d’une éruption volcanique
(allant donc à l’encontre de la directive première de Starfleet, qui est de ne pas intervenir dans l’évolution d’une civilisation reculée), on comprend que le long métrage ne nous laissera pas
une seconde de répit, nous emportant avec fougue et délectation d’une séquence choc à l’autre, multipliant les moments de bravoures et les exploits extraordinaires ! Aidé par des effets spéciaux
nickels et impressionnants, on en prend littéralement plein la tronche au cours de plus de deux heures de métrage, qui semblent passer en un instant, preuve d’une réussite incontestable dans le
domaine du divertissement « efficace »…

Mais « Stark Trek Into Darkness » n’est pas non plus le film qui casse la baraque sur le moment, puis que l’on finira par oublier… Il est au contraire taillé pour durer et accéder très
probablement au statut de mythe cinématographique, à l’instar de « Star Wars » ou autre «
Terminator » ! Et cela pas seulement parce qu’il appartient lui-même à l’une de ces sagas fameuses, mais parce qu’il constitue et accomplit en lui-même quelque chose de fort, de grand et de
généreux… D’ailleurs, il s’agit peut-être même de reconnaître que dans tout l’univers de « Star Trek », les deux films de J.J. Abrams demeurent peut-être ce qui a été fait de mieux… Car en plus
de la jouissance physique et visuelle qu’ils procurent, il y a en eux un discours à l’intelligence universelle, qui brasse des thèmes ontologiques fondamentaux : « Star Trek Into Darkness » nous
parle de l’humanité, de la civilisation, des comportements, de l’affrontement de valeurs, de sagesse, de filiation, de transmission, de loyauté, d’amitié et même d’amour… On y voit des héros
débutants dans leur étoffe de héros, qui commettent des erreurs mais en prennent conscience, qui doutent de tout et même d’eux-mêmes. Et puis il y a ce visible et communicatif amour du
réalisateur pour la saga dont il nous présente ici les origines : le finale se révèle notamment épatant, quand les mots du capitaine Kirk à son équipage semblent alors se confondre avec les
intentions purement pacifistes des explorateurs de l’univers qu’ils seront tous dans la série originelle, dites « classic », de « Star Trek » ! On en pleurerait presque tellement c’est beau…

Perspective :

- Super 8, de J.J. Abrams