vendredi 7 juin 2013

[Critique] Bambi, de Sébastien Lifshitz



bambi.jpg
(France, 2013)



Sortie le 19 juin 2013




star.gif

star.gif


Avec « Bambi », le cinéaste Sébastien Lifshitz poursuit un travail documentaire de mémoire entamé avec « Les invisibles » : "Dans Les Invisibles comme dans Bambi, je travaille sur une mémoire
des minorités et je le fais avec mes outils de cinéaste. Je ne suis pas un sociologue, encore moins un historien, mais je pense que le cinéma peut contribuer à préserver cette mémoire et à
transmettre des témoignages essentiels de ce qu'a pu être la vie d'homosexuels et de transsexuelles d’hier comme d’aujourd’hui. A travers leur récit, on raconte aussi l’évolution de la société
française depuis les années quarante jusqu’à nos jours."

Si le témoignage de Marie-Pierre Pruvot, alias Bambi, devait à la base s’intégrer dans le film « Les invisibles », Lifshitz a rapidement compris que les enjeux étaient trop différents pour être
mis sur le même plan. « Bambi » a donc désormais son film bien à elle, "d'abord parce qu'elle est quelqu’un de connu et que Les Invisibles ne parlait que d'anonymes, ensuite parce que l'histoire
de l'homosexualité n'a rien à voir avec celle de la transsexualité, ou plutôt ce sont deux histoires parallèles. L’une touche à l’identité, l’autre à la sexualité".

De ces confrontations à l’identité et à la sexualité, Bambi nous en parle justement avec beaucoup d’apaisement. Et c’est peut-être cela qui impressionne le plus dans le film, cette capacité de
demeurer toujours aussi plein d’optimisme malgré les saloperies que la vie nous a mis sur la route. Le visage paisible et heureux de Bambi fascine ainsi bien plus que l’idée de sa «
transformation », de son passage d’un corps d’homme à celui de femme, qui finalement est montré comme une nécessité tout à fait naturelle pour Marie-Pierre, qui en éprouvait le désir dès la plus
tendre enfance, alors même qu’elle refusait le prénom de Jean-Pierre que ses parents lui avait donné…

Le parcours de vie de Bambi impose le respect : une enfance à Alger, une histoire d’amour déçue, l’arrivée à Paris, la fascination du monde du spectacle, la porte de sortie par l’éducation
nationale où elle a enseigné le français pendant 25 ans… On est profondément ému et touché par ce témoignage unique, qui mêle des dimensions quasiment paradoxales : les mots de Bambi nous bercent
entre une grande force et une extrême fragilité et montre un accomplissement grandiose avec une délicate modestie… Mêlant images d’archives, films en super 8, retour aujourd’hui de Bambi sur les
lieux de son enfance en Algérie, le documentaire de Sébastien Lifshitz se révèle un témoignage vibrant en forme de leçon de vie : la volonté et la détermination discrète de Bambi, malgré toutes
les entraves que la vie a pu mettre sur la construction de sa propre personne, inspire un respect et un espoir magnifique, que l’on aimerait garder comme un exemple à suivre…



Perspectives :



- Les invisibles, de Sébastien Lifshitz



- Plein Sud, de Sébastien Lifshitz



- Mourir comme un homme, de Joao Pedro Rodrigues



- Strella, de Panos H. Koutras



- Hedwig and the angry inch, de John Cameron Mitchell































  • Plus










2 commentaires:

  1. Le film a été pour moi la découvert d'une femme belle et courageuse, qui a su traverser les obstacles avec douceur et sérénité.

    RépondreSupprimer
  2. oui, un très beau personnage en effet, fort et touchant !

    RépondreSupprimer