mercredi 12 septembre 2012

[Critique] Killer Joe, de William Friedkin



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(Etats-Unis, 2011)



Sortie le 5 septembre 2012




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William Friedkin, le réalisateur mythique de « L’exorciste » ou de « French Connection », semble encore bien vert pour réussir à nous proposer des histoires toujours aussi sombres et perverses… «
Killer Joe », son dernier film, déroule en effet une intrigue assez retorse, doublée en outre d’un traitement complètement inattendu, s’approchant parfois du registre de la comédie noire… Malgré
le choix d’un genre déjà surexploité (on pourra parler de « polar social »), Friedkin parvient ainsi à conserver la surprise du spectateur, en optant pour un traitement éminemment satyrique !

Dans « Killer Joe », on suit l’itinéraire du jeune Chris (superbe Emile Hirsch, que l’on avait déjà tant aimé dans « Into the wild »), pauvre petit dealer de pacotille et en plein marasme, devant
solder des dettes à son « fournisseur » avec lequel on ne déconne pas. Pour trouver de l’argent rapidement, il monte alors une combine aussi glauque que délirante avec son paternel, celle de
faire tuer sa mère haïe de tous par un tueur à gages, afin de toucher son assurance vie… Sauf qu’il fait appel à Killer Joe (excellent et vénal Matthew McConaughey, au jeu pétri d’ambiguïté
tordue), qui demande à être payé d’avance… à moins qu’on lui laisse s’amuser avec la douce et virginale Dottie, la jeune sœur de Chris, en attendant son salaire… L’acceptation du « héros » de
faire tuer sa mère ou de laisser sa sœur se faire abuser en dit long sur la morale qui parcourt le film et sur le caractère sans scrupule des personnages que l’on croise dans ce milieu de bouseux
qui sent fort l’Amérique profonde…

Bien sûr que le cinéaste fait part d’une forte critique à l’égard de son pays et de ses habitants, il pousse même le vice en prétendant revisiter un conte, comme s’il cherchait à moraliser
l’histoire atroce qu’il raconte : "C’est une version un peu tordue de l’histoire de Cendrillon. Juno Temple joue une jeune fille dont le frère et le père monnayent les charmes auprès d’un tueur à
gages chargé d’assassiner leur mère. Cendrillon veut se libérer de cette famille, et la seule solution qui s’offre à elle pour y parvenir, c’est de tomber amoureuse de son prince, un flic qui est
aussi tueur à gages". Mais l’on sent bien sûr l’ironie derrière ces propos et l’intention constante de Friedkin de faire dévier son film dans l’outrance la plus folle… Si le mal habite ses
personnages, il prend soin néanmoins de leur faire garder un visage humain : leur bêtise finit même bizarrement par les rendre attachant…

Et au-delà de l’excellent équilibre que « Killer Joe » parvient à maintenir entre une histoire familiale ultra-glauque et un humour acide parfaitement ravageur, la mise en scène du grand William
Friedkin nous emporte aussi pour quelques morceaux de bravoures cinématographiques assez grandioses : entre une poursuite à pieds et à motos et une séquence mi-révulsante mi-hilarante à base de
pilons de poulet, on retiendra un finale en forme d’apothéose hyper brutale et libératrice !































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3 commentaires:

  1. Très bon retour de Friedkin après plus de 20 ans de disette (excepté le bancal "Bug"). Un très bon thriller aussi dingue que maitrisé... 3/4

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  2. Papa tango Charlie17 septembre 2012 à 05:13

    J'ai adoré: du sexe malsain, c'est dégoulinant de violence et de vice! L'acteur de magic mike joue vraiment à merveille les ordures vicieuses!

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  3. excellent en effet ! je savais que le côté pervers te comblerait... ;)

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