samedi 29 septembre 2012

[Critique] Johnny s’en va-t-en guerre, de Dalton Trumbo



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(Etats-Unis, 1971)




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Unique film de Dalton Trumbo, « Johnny s’en va-t-en guerre » est en réalité l’adaptation d’un roman du même auteur. Oeuvre antimilitariste forte, son impact fut décuplé par les périodes durant
lesquelles le livre et le long métrage sortirent : si le texte fut publié au tout début de la seconde guerre mondiale, le film fut couronné du Grand Prix du Jury au Festival de Cannes en 1971,
soit en pleine guerre du Vietnam dans laquelle s’embourbaient les Etats-Unis… Dès lors, l’œuvre de Trumbo fut considérée très vite et très justement comme une dénonciation universelle de
l’horreur et de l’absurdité de toutes les guerres !

Le plus grand choc, à la vue de « Johnny s’en va-t-en guerre », c’est l’intensité psychologique qui en émane. Le film nous raconte le calvaire de Johnny, un jeune homme engagé volontaire durant
la première guerre mondiale, qui reviendra du front littéralement en charpie, puisque pourvu uniquement d’une tête et d’un tronc, et parfaitement incapable de bouger ou de communiquer… Son
cerveau étant considéré comme mort, les médecins l’utilisent alors comme cobaye pour « faire évoluer la médecine », comme ils le prétendent. Sauf que nous, spectateur, allons être témoin à
travers une voix off des pensées intérieures de Johnny, qui vit encore consciemment malgré son état ! On l’écoutera ainsi évoquer la douleur physique et la souffrance intérieure qu’il ressent,
les souvenirs de sa vie passée et son désir de mourir désormais…

Le film est un immense électrochoc pour qui voudra bien en faire l’expérience ! Si le réalisateur évite toute image sensationnelle (il ne filme à aucun moment du sang ou le corps mutilé, se
contentant de nous montrer les parties encore « vivantes » de Johnny), il se concentre sur le tourment intérieur du personnage, qui cherche désespérément à communiquer avec le monde extérieur et
auquel seule une infirmière bienveillante apporte encore un peu d’apaisement et d’humanité… Esthétiquement, le film sait trouver une forme à la fois sobre et pertinente : l’essentiel consiste à
établir un contraste entre des images en noir et blanc pour montrer le présent horrible de Johnny mutilé dans une chambre d’hôpital et des images en couleurs pour l’évocation de souvenirs
bienheureux ou de diverses rêveries du personnage.

Mais outre son antimilitarisme, « Johnny s’en va-t-en guerre » sait aussi montrer l’essentiel de la vie humaine et ce que recherche tout un chacun : une vie simple et si possible comblée par
l’affection des autres… Les émois de Johnny l’amène à la terrible conclusion qu’il ne voudrait pas que sa famille ou sa petite amie le voient ainsi désormais et que la meilleure chose à faire
dans sa situation, c’est d’en finir avec la vie, qui ne vaut alors plus la peine d’être vécue… En filigrane, on pourrait ainsi presque lire dans cette œuvre intense et inoubliable une évocation
des interrogations actuelles sur le suicide assisté : la vie vaut-elle toujours la peine d’être vécue coûte que coûte, ou certaines situations extrêmes et désespérées mériteraient-elles
l’euthanasie ? Malgré son âge, cette œuvre dure mais nécessaire semble réussir le défi de demeurer dans une perpétuelle modernité !































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