samedi 10 septembre 2011

[Critique gonzo] Borgia, série créée par Tom Fontana


borgia.jpgBorgia, série créée par Tom Fontana (France, 2011)



Note :
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Quand un producteur (ou un distributeur, diffuseur, tout ce que vous voulez…) doute du programme audiovisuel qu’il est censé vendre au public, il va alors tout tenter pour se mettre la critique
(voire parfois une partie du public) dans la poche, quitte pour cela à commettre des dépenses folles dans des supports promotionnels insensés ou des soirées thématiques un peu débiles, ce que
l’on nomme des « évènementiels » quand on veut un peu se la jouer… Et généralement plus il doute, plus il va mettre le paquet !

Il se trouve que j’ai justement été invité ces jours-ci par Canal + (via une agence de com, cela va sans dire !) à découvrir « l’événement de la rentrée » sur la chaîne cryptée, le tout dans un
lieu tenu secret jusqu’à la dernière minute, et où l’on m’emmènera en taxi… Environ 50 euros au compteur plus tard (c’est là que l’on voit que les compagnies de taxi se servent bien quand elles
travaillent avec une société, le taxi du retour démarrera d’ailleurs sa course à 12 euros !), j’arrive au lieu dit et on m’annonce après tous ces mystères un peu vains que je vais assister à la
projection des deux premiers épisodes de « Borgia », qui sera diffuser à partir d’octobre… Bon, pourquoi pas, allons-y, me dis-je, me demandant toujours pourquoi on m’avait invité alors que mon
sujet favori tourne plutôt autour du grand écran… et d’autant plus que tous les autres blogueurs invités écrivaient plutôt sur les séries, l’univers geek ou évènementiel, justement.

Sauf qu’avant la projo, il a fallu quand même passer par une sorte de buffet réception, avec champagne et petits fours certes (ça, c’est toujours bon à prendre !), mais surtout avec une mise en
scène kitsch et outrée à mort, qui faisait un brin « too much » : comité d’accueil habillé en curés ou en nonnes sexy, décorum religieux en carton pâte, bougies dégoulinantes de cire un peu
partout, écrans plasma et gadgets technologiques ludiques mais surtout plein de vanité… Après la dégustation d’une hostie en chocolat blanc (nettement meilleur que le pain azyme), il était enfin
possible d’accéder à la salle de projection, où l’on m’apprit cependant que l’on m’avait filmé à l’insu de mon plein gré pendant mon voyage en taxi, pour voir ma réaction devant un appareil photo
plein de clichés douteux abandonné sur mon siège que jamais je ne trouvai… Si la salle avait l’air plutôt joyeuse, dans l’ensemble, de s’être ainsi faite piégée et manipulée, je commençais à
trouver l’atmosphère de cette absurde mise en scène assez pesante et pénible, sans compter que le procédé de filmer les gens à leur insu me paraissait douteux et intrusif : une terrible atteinte
à mon intégrité venait d’être franchie… Sans compter que l’utilisation de ces images reste encore incertaine.

A l’issue de la projection, un sac plein de cadeaux nous attendait encore : un beau (et gros) livre sur le travail de David Lachapelle (un cadeau de moins à acheter pour Noël !), le dossier de
presse sur papier glacé très épais et rangé dans une boîte classieuse (quand des films magistraux me font bien plus d’effet avec un dossier de presse modestement imprimé sur quelques feuilles A4
agrafées les unes aux autres), un carton à fermeture aimantée contenant divers goodies à l’effigie – religieuse – de la série (dont un « chapelet clé USB » qui ne pénètre dans aucun port USB de
mon environnement technologique !) Bref ! Tout un tas d’éléments pour mieux « acheter » l’opinion de leurs « influents » invités, comme ils nous appelaient pour nous caresser dans le sens du
poil… Sauf que ce genre d’afféteries ne marche pas avec Phil Siné, qui ne se laissera jamais corrompre pour vous donner son avis, mes chers et fidèles lecteurs !

Quant à la série « Borgia » en elle-même, je ne sais pas si c’est à cause de tout ce tralala, mais elle m’a paru bien fade au final… Le style y est pompeux, le scénario très bavard et verbeux,
les décors semblent parfois assez cheap (malgré les moyens astronomiques engagés : un comble !), le casting n’est pas des plus glorieux (certains acteurs sont même plutôt mauvais, osons le dire
!), la mise en scène manque cruellement d’audace et suit un schéma très plan-plan et « télévisuel »… Sans compter le vrai problème de l’ensemble, qui est cette volonté purement gratuite de
toujours vouloir être dans la provocation sans jamais y parvenir : ce n’est certainement pas deux ou trois scènes un peu porno chic ou gore qui vont suffire à convaincre un public moderne, qui
aura déjà vu ça mille fois, d’autant plus que ces pseudo provocations n’apportent absolument rien à ce feuilleton infiniment vain et définitivement sans intérêt… et je vous interdis de dire que
je suis de mauvaise foi en disant ça ! « N’ayez pas foi en eux », comme l’annonce le slogan de la série à propos des Borgia, mais ayez un peu foi en moi !































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5 commentaires:

  1. Ouh que j'ai aimé ton article. Bon il faut dire que je ne suis pas objectif : une série concurrente créée par Neil Jordan est actuellement diffusée aux Etats-Unis. En tout cas, petit
    coquinou, je retiens de ta chronique que tu t'y connais en porno chic :p

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  2. Ils ont invité énormément de blogueurs (même moi, mais je vis trop loin de Paris ^^), avec tout l'argent dans le projet, forcément, il fallait créer l'événement...


    Le coup du taxi et de l'appareil photo m'a bien fait rire (c'est vraiment n'importe quoi cette histoire), et à ta place, j'aurais eu la même réaction, c'est très énervant comme procédé.


    La série m'attire quand même beaucoup, pour son sujet et Tom Fontana, mais j'entends des avis partagés pour le moment (tout le monde semble d'accord sur la mise en scène et la photographie).
    L'autre série, sur Showtime, serait semble-t-il plus racoleuse, et peu convaincante, je préfére attendre celle de Canal quand même.

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  3. ahahahahaa ! Nous, on a la "chance" de ne pas avoir été invité, mais le procédé de gaver les bloggeurs et de les "acheter" me parait répugnant, bien que normal, dans l'air du temps... Ce qui est
    terrible, c'est de lire des articles dont  on sait pertinemment que l'auteur s'est fait invité et n'ose pas descendre le film, pour éventuellement être invité de nouveau... Par exemple,
    dernièrement, la critique dithyrambique de Unification sur Cowboys et envahisseurs nous a apparu bien suspecte (étant en plus apparue avant la sortie...) Bravo, si tu gardes toute ton intégrité
    !  Et pour Borgia, on trouve que c'est un peu la "lose" pour Canal de sortir cette série après la 1ère saison réussie et à succès de celle de Showtime !!!

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  4. Bien dit Phil ! Non mais on n'achète pas les gens comme ça !

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  5. non, pas comme ça... on m'achète autrement moi ! :)

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