jeudi 18 juillet 2013

[Critique] Grand Central, de Rebecca Zlotowski



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(France, 2013)



Sortie le 28 août 2013




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Le premier grand mérite de « Grand Central » est de nous montrer des travailleurs d’aujourd’hui, que l’on croirait pourtant échappé d’une autre époque… Ils pourraient être les mineurs de «
Germinal » ou les « liquidateurs » de Tchernobyl, c’est à dire des gens dont la société abuse sans jamais leur être reconnaissant ou des individus qui se sacrifient pour les autres sans pour
autant être bien conscients de le faire… Ils sont en fait un groupe de « nettoyeurs » dans une centrale nucléaire, des pauvres gars payés au contrat, qui font le sale boulot, au plus près des
radiations, et qui travaillent pourtant pour pas un rond, contrairement aux ingénieurs de ces mêmes centrales… Si la réalisatrice dit s’être inspirée de « La centrale », le roman d’Elisabeth
Filhol, elle parvient justement parfaitement à décrire le quotidien anxiogène et précautionneux de ces gens-là, qui ont en permanence cette épée de Damoclès au-dessus de leur tête lorsqu’ils
travaillent : et si je prenais une trop forte dose de radioactivité ? Dans les couloirs de la centrale, c’est au fond un rapport incessant à la mort, qui rode dans un climat et un décor
éminemment froid et déshumanisé…

Sans militantisme, Rebecca Zlotowski montre avec une réelle tension cet univers dangereux et inconscient, notamment à travers le personnage de Gary, un pauvre type sans diplôme, embauché pourtant
sans problème pour faire ce que peu veulent bien faire, au péril de leur santé… C’est pourtant l’occasion pour lui de découvrir un groupe plutôt soudé et solidaire, condamné à se faire confiance,
lié justement par la même angoisse de l’invisible péril. Bien sûr, ce n’est pas toujours rose dans leurs relations, et une violence, sourde et virile, s’insinue progressivement… Gary va malgré
lui tomber amoureux de Karole, qui doit se marier avec un collègue, situation qui va ajouter encore de la tension à la tension…

La mise en scène de la cinéaste est discrète mais puissante. Le contraste entre les scènes à l’intérieur et à l’extérieur de la centrale est souvent saisissant… La lumière du film, intense et
superbe, sait se faire profondément inquiétante… Et le dilemme de Gary parvient à devenir aussi tragique qu’universel : il apparaît au fond comme un être humain condamné d’avance, hésitant entre
un amour interdit et la fascination d’un travail qui le tue… L’amour et la mort finissent comme souvent par se rejoindre, sur fond de passion « nucléaire » ! Les acteurs qui illustrent cette
fiction le font avec une grâce, une force et une conviction épatante : Tahar Rahim est sublime, Olivier Gourmet est parfait, Johan Libéreau est très beau… et puis avec Léa c’est doux, forcément !































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6 commentaires:

  1. Trés beau film et moments magiques pour nous les travailleurs du nucléaire...


    Claude Dubout auteur de "Je suis décontamineur dans le nucléaire" et conseiller technique sur le tournage de Grand central...

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  2. Bonsoir,


    ce sera sans doute le film de ma rentrée cinéma ! Ben oui j'ai pas vu de film depuis début juillet avec Blackbird ...


    Bises

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  3. Pas trop emballé par ce film dont le propos le plus intéressant réside finalement, comme tu l'as très bien décrit, dans la description de ce métier ingrat et dangereux de décontaminateur.
    Malheureusmeent le film de Zlotowski s'inétresse à bien autre chose : ce triangle amoureux pas passionnant et qui n'est sauvé que par la prestation des comédiens : Rahim, excellent, Ménochet
    formidable, et Seydoux, très bien mais qui va devoir lever le pied dans ses rôles de fille super-triste sous peine de finir en Cotillard.

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  4. Un beau film auquel il manque juste une passion plus forte et évidente entre les amants (Karole ne semble jamais plus aimé son amant que sons mari)... Et question casting celui qui m'a le plus
    impressionné et touché dans ce film est Denis Ménochet... 3/4

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  5. J'ai envie de le voir celui-là ! Et oui, un film français m'attire ^^


    Bref, ton jeu de mot est pourri ^^

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  6. Lea, c'est doux ? ;)


    mais je ne fais que des jeux de mots pourris non ? j'ai une réputation à tenir... ;)


    tu l'as vu ?

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