samedi 6 juillet 2013

[Critique] West Side Story, de Robert Wise et Jerome Robbins



west side story
(Etats-Unis, 1960)



Passez un été "en chanté" avec Phil Siné !




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Chef-d’œuvre indémodable et universel, le film « West Side Story » est l’objet d’une double adaptation. Il est d’abord la version cinéma d’une comédie musicale à succès, créée à Broadway en 1957.
Mais celle-ci étant déjà une transposition moderne du « Roméo et Juliette » de William Shakespeare, on peut ainsi dire que le film l’est lui aussi ! La présence de deux noms à sa réalisation
dénote en outre une autre forme de la complexité de son élaboration : si le chorégraphe Jerome Robbins fut un temps écarté du tournage (en raison notamment de son perfectionnisme trop coûteux
pour la production), le film n’en garde pas moins son empreinte dans la mise en scène des séquences dansées, sublimées en outre par les cadrages précis et méticuleux de Robert Wise !

Ce qui surprend en premier lieu à la vision de « West Side Story » demeure sans doute sa capacité à se situer en constante rupture avec la comédie musicale traditionnelle, qui eût d’ailleurs ses
heures de gloire dans les années 50. Ici, la gaîté jusque-là inerrante à ce type de cinéma se transforme en véritable tragédie… Sans oublier que la dimension politique et sociale du film, qui
décrit un univers réaliste de violences urbaines, est parfaitement inédite dans un genre que l’on assimilait alors à du divertissement pur ! L’histoire, archi-connue, nous plonge en effet au beau
milieu des affrontements de deux bandes rivales d’un quartier pauvre de Manhattan, les Jets et les Sharks, qui stigmatisent en réalité des tensions palpables entre des américains « natifs » (bien
qu’issus d’immigrations polonaises ou italiennes antérieures) et des migrants Portoricains fraîchement débarqués en Amérique. Robert Wise livrait ainsi une vision éminemment pessimiste de son
pays, en proie au racisme et à l’intolérance ordinaire, qui débouche fatalement sur la tragédie : ici symbolisée par le couple de Tony et de Maria, deux amoureux appartenant chacun à une bande
rivale… Leur amour et leurs efforts pour maintenir la paix ne seront bien sûr pas suffisant pour s’opposer à la haine qui inonde le cœur de leurs camarades respectifs et qui fera fatalement
couler le sang !

Dans ce contexte violent surnage pourtant les plus belles mélodies qui soit, maintenant le film dans cet extraordinaire et admirable paradoxe : celui de décrire l’horreur avec l’élégance superbe
d’une comédie musicale ! La composition musicale, signée Leonard Bernstein, comprend un nombre de tubes incroyables, tous d’une extrême originalité et d’une dansante musicalité… On passe avec une
aisance jubilatoire d’un morceau vigoureux et hargneux de jeunes gens prêts à en découdre à une chanson au romantisme le plus fou et émouvant ! L’humour peut même s’inviter avec délice dans
certains titres, comme « America » qui détruit joyeusement le rêve américain, en faisant s’affronter les points de vue des filles et des garçons Portoricains sur l’Amérique : si les premières ont
encore plein d’espoirs rêveurs sur celle-ci, les seconds savent déjà qu’ils paieront toujours leur statut d’étrangers ! Et que dire encore du sublime « Tonight », notamment lorsque des voix aux
intentions bien différentes se superposent pour scander les paroles, sans que jamais la fluidité du texte et des images ne soit heurtée par la moindre cacophonie, révélant ainsi la puissance de
la mise en scène – et du montage – de Wise !

Toutes ces chansons sont bien entendues interprétées et mises en scène au gré de chorégraphies splendides et vertigineuses, dont la bravoure confine souvent au génie ! On est notamment bluffé par
ces scènes de bagarres entre les Jets et les Sharks, où le paradoxe entre la mise en scène et le message délivré offre justement la clé de la comédie musicale : sublimer par la grâce de corps
dansants et sautillants la brutalité des hommes toujours prêts à se battre… On observe d’ailleurs ici une forme d’homo-érotisation des corps assez fascinante, par cette façon de décrire la
virilité la plus masculine – la guerre – par le biais d’une sensibilité et d’une grâce habituellement plus féminine – la danse.

L’audace est peut-être ce qui décrit ainsi le mieux « West Side Story », tant ce film en est parcouru et tant elle a contribué à sa légende ! Une audace qui s’inscrit d’ailleurs dès les premières
minutes du film, avec un générique hors norme (les différents thèmes musicaux sont égrenés durant cinq bonnes minutes sur des traits évoquant les immeubles de Manhattan apposés sur un fond aux
couleurs changeantes), une vue aérienne sur les gratte-ciel de New York (c’est la première fois que l’on montrait la ville de cette façon au cinéma) et une première séquence musicale sans parole
et uniquement bruitée (les claquements de doigts des personnages demeurent mythiques !)



Perspective :



- West Side Story, de Robert Wise (vu par Ex-Prof)































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4 commentaires:

  1. comment ne pas aimer ce film !! EXTRA !

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  2. Effectivement un film magique et tragique. Du vrai beau cinéma... 4/4

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  3. ça fait un moment que je souhaite voir cette comédie musicale. Ca y est ! j'achète le DVD ce WE !

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  4. j'espère que ce sera un émerveillement ! :)

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