jeudi 11 juillet 2013

[Carnets de Festival] Au cœur de Paris cinéma 2013 – vol. 5 : Jeudi, on chantera comme dimanche / Alabama Monroe / Vase de noces


paris cinema 2013Cette année à Paris cinéma, il y avait comme chaque année plein de prix à attribuer aux films en compétition et diverses catégories de « jury » pour choisir les longs métrages à qui les donner… Mais bizarrement, il n’y
avait pas de Jury « officiel », composé de gens plus ou moins connus et de stars à la mode. Pour moi, il n’y avait qu’une explication à ça : le palmarès de l’année dernière, qui avait
définitivement révélé l’incompétence de ce jury-là, avec le prix accordé à l’insupportable « Just the Wind » de Bence Fliegauf. Rien à voir avec une histoire
de subventions en berne, donc… Et une façon en outre de rappeler que l’expertise d’un Jury
des blogueurs et du web
, par exemple, se révèle tout de même bien plus pertinente ! Ce dernier a choisi cette année le film « Prince Avalanche », tour à tour drôle
et émouvant. Quant aux petits étudiants, qui ont eu la chance de délibérer avec la présidente du Festival Charlotte Rampling, ils ont opté pour « Kid », formellement très réussi. Le « public » a
voté de son côté pour « La bataille de Solferino », que je regrette du coup un peu d’avoir manqué… On ne parlera pas du Prix du magazine Grazia, qui fleure un peu trop le partenariat pur et dont
le choix semble plus avoir été fait en fonction du sujet du film que de son intérêt cinématographique. Retrouvez quoi
qu’il en soit tout le palmarès 2013 sur le site officiel du festival
!

jeudi_on_chantera_comme_dimanche.jpg[Made in Belgiëque]
Jeudi, on chantera comme dimanche, de Luc de Heusch
(Belgique, France, 1967)




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A travers cette fiction tournée dans un noir et blanc très naturaliste, le documentariste et ethnologue Luc de Heusch montre avec une belle simplicité et une efficacité mesurée les conséquences
dévastatrices du libéralisme et de la société de consommation sur les individus. Jean, évoluant dans un milieu populaire, croit pouvoir acheter son propre camion pour travailler à son compte et
vivre une sorte de « rêve américain »… sauf que le crédit qu’il accepte possède des revers empoisonnés par ceux qui, plus riches, abusent de la crédulité de ceux qui n’ont rien… Proprement
visionnaire – tourné en 1967 –, « Jeudi on chantera comme dimanche » filme avec une amertume consommée le désenchantement d’une société qui ne fera que s’aggraver au fil des décennies
suivantes…


alabama_monroe.jpg
[Avant-première]

Alabama Monroe, de Felix Van Groeningen
(Belgique, 2012)
Sortie le 28 août 2013




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Le créateur des Simpson Felix Van Groeningen avait réussi un film fort et percutant avec « La merditude des choses », imposant un ton personnel et décalé. La
déception est de taille devant cet « Alabama Monroe », l’histoire d’un couple qui perd son enfant sur fond de musique country. Déjà, il faut supporter ce genre musical, parce qu’il est vraiment
présent d’un bout à l’autre du long métrage, avec des chansons proposées dans leur intégralité : autant dire que déjà, ça, c’est chiant… Mais si l’on ajoute une structure scénaristique mal
fichue, aux allures de patchwork brouillon entre les différents moments de la relation amoureuse des personnages, et l’impression d’assister à une « Guerre est déclarée » sans l’énergie et la pulsion de vie du film de Valérie
Donzelli (il faut dire qu’ici, l’enfant meurt pour de bon), « Alabama Monroe » échoue à capter vraiment le regard du spectateur, et par là même à l’émouvoir comme il semble pourtant vouloir le
faire, sans doute de façon trop artificielle et « insincère »…


vase_de_noces.jpg
[Made in Belgiëque]

Vase de noces, de Thierry Zéno
(Belgique, 1974)




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Mystérieusement interdit aux moins de 18 ans, « Vase de noces » raconte pourtant la vie à la ferme, en noir et blanc et sonorisé uniquement par des musiques et des bruits d’animaux, et une belle
histoire d’amour entre un jeune fermier… et une truie ! Ils se marièrent, copulèrent et eurent trois enfants… oui, comme dans « les trois petits cochons » ! Sauf qu’après, ça tourne plutôt mal et
ça se la joue plutôt « cochon pendu »… Transgressif comme pouvait l’être le « Salo » de Pasolini, le cinéaste Thierry Zéno pousse plutôt loin sa réflexion sur la solitude humaine : entre images
zoophiles et coprophages, il interroge via l’isolement de son personnage les frontières entre l’humanité et l’animalité, et questionne également la folie, la notion de tabous et d’interdits… On
ne pourra certes jamais parler de « beau » film pour qualifier « Vase de noces », mais voilà en tout cas le genre d’œuvre marginale qui bouscule et secoue pour longtemps son spectateur…



Précédemment :



- Au cœur de Paris cinéma 2013 –
vol. 1 : Si le vent te fait peur / Prince Avalanche / Youth



- Au cœur de Paris cinéma 2013 – vol. 2 :
Elle s’en va / Kid / Pussy Riot



- Au cœur de Paris cinéma 2013 – vol.
3 : Vic + Flo ont vu un ours / Mes séances de lutte



- Au cœur de Paris cinéma 2013 – vol. 4 :
Suzanne / Chats perchés / Dikkenek































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3 commentaires:

  1. Ca a l'air hyper chelou ton "vase de noces"...

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  2. Quel choc à la lecture de ton avis sur Alabama Monroe... j'ai passé un très bon moment devant pour ma part mais certes sûrement car j'aime beaucoup la country à la base. En fait, il m'a semblé
    que le film mettait en valeur cette musique au lieu de l'inverse... (d'ailleurs les deux acteurs principaux sont de vrais musiciens de bluegrass et en ont signé la BO, non?). Peut-être un kiff
    pour fans de musique folk mais pas pour cinéphiles du coup ?

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  3. je pense en effet que ma countryphobie n'a pas aidé à mon appréciation du film... on surveillera les critiques, mais j'ai l'impression que le film a globalement été apprécié partout ailleurs...
    ;)

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