mercredi 24 octobre 2012

[Critique] Un jour de chance, d’Alex de la Iglesia



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(Espagne, 2011)



Sortie le 12 décembre 2012




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Après le déjanté et frénétique « Balada Triste », le cinéaste espagnol Alex de la
Iglesia revient à un film plus mesuré et plus modeste, qui n’en reste pourtant pas moins très intéressant… « Un jour de chance » révèle d’ailleurs très vite son intérêt à travers la situation
même qu’il met en scène : après une chute, un homme se retrouve cloué au sol avec une barre métallique enfoncée dans le crâne et toute l’action va ainsi se passer autour de lui, alors qu’il est
malencontreusement immobilisé… Avec une mise en scène toujours efficace et virtuose, le réalisateur sait maintenir notre attention tout au long de cet incroyable « huis clos » au beau milieu des
ruines d’un théâtre romain…

Le contexte spatial apparaît en outre très vite pertinent, tant le synopsis évoque le théâtre classique, où les trois unités de lieu, de temps et d’action y sont scrupuleusement respectées… sauf
qu’Alex de la Iglesia sait insuffler à son petit théâtre un vrai dynamisme de cinéma ! Son mode de réalisation demeure en cela toujours aussi excessif, n’hésitant jamais à faire bouger sa caméra
en tout sens et laissant le film prendre le pli d’un style baroque qui lui est propre…

Mais l’intérêt d’« Un jour de chance » réside aussi dans sa description sociale et sociétale. Mettant en scène un homme au bout du rouleau, au chômage et rongé par la crise, le sous-texte de
critique politique apparaît dès les scènes où il pénètre les bureaux de son ancienne entreprise avec l’espoir de retrouver un emploi… Mais là, sous l’illusion de transparence des portes en verre,
tout n’y ait que cynisme et hypocrisie, avec l’argent et le profit comme seul et unique objectif, niant tout ce qu’il peut y avoir d’humain dans un être humain… Et puis il y a surtout
l’emballement médiatique complètement fou autour de l’accident du héros, duquel lui-même finit par chercher à tirer profit… Offrir l’exclusivité de ses derniers mots en pâture à un chaîne de
télévision contre une poignée d’euros : vision sinistre d’une civilisation où tout peut s’acheter ! Le cinéaste tape très fort contre les médias, en particulier la télé, présentés comme de purs
charognards, prêts à vendre le spectacle de la mort elle-même à leur public, prétendant qui plus est avec une assurance qui donnent la nausée qu’ils agissent ainsi parce que « c’est ce que
veulent les gens » ! Quand la crise économique touche aussi à la crise des valeurs, et quand l’information devient un pur spectacle, n’est-ce pas la notion même de civilisation qui s’effondre ?



Perspective :



- Balada Triste, d’Alex de la Iglesia































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3 commentaires:

  1. J'ai comme toi bien aimé le film, sans trouver que ce soit un grand truc. Le début est effectivement très réussi, après ça patine un peu mais au final c'est pas mal fichu.

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  2. Bravo pour cette critique que je trouve très juste et franchement bien écrite!
    Je te rejoins sur l'efficacité de la réalisation (il est fort, cet Alex) et la pertinence du propos. C'est une vision de la société qui fait froid dans le dos et paraît néanmoins assez
    réaliste - ce qui n'empêche pas de passer un très bon moment de cinéma!

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  3. rien à ajouter... content que ça t'ait plu ! :)

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