dimanche 19 février 2012

[Critique] The Woman, de Lucky McKee


jour du saigneur



The Woman, de Lucky McKee



(Etats-Unis, 2011)



Note :
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Le prologue de « The Woman » est en soi une vraie curiosité… Il met en scène sur quelques images plutôt sombres et mystérieuses et une musique presque concrète - et par là même tout aussi étrange
- une femme sauvage évoluant dans un environnement naturel très typé « redneck » (va-t-on avoir droit à un « survival » façon « Délivrance » ?), qui tâche de s’occuper de son nouveau-né du mieux qu’elle peut… On se demande
d’ailleurs d’où vient cet enfant tant cette jeune sauvageonne a l’air bien seule au monde : le papa serait-il le loup qui traîne tranquillement autour du bébé qu’on croirait prêt à être sacrifié
sur un autel ? Le film « Offspring » d’Andrew van den Houten, tiré d’un roman de Jack
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Ketchum et dont « The Woman » est censé être une « suite », donne-t-il des réponses à ces étonnantes questions ? Ne comptez pas trop sur moi pour vous
répondre dans la mesure où je ne l’ai pas vu… du moins pas encore, mais ça ne saurait peut-être pas tarder tant « The Woman » a pu m’enthousiasmer ! Rien que l’introduction attire ainsi
l’attention… et ce n’est justement que le début !

Comme à plusieurs reprises au cours du long métrage, « The Woman » change très vite de cap pour nous dresser le portrait d’une famille américaine « type », du moins en apparence seulement, tant
ce qu’elle va bientôt révéler d’elle va très vite nous faire sombrer dans l’ignominie la plus insoutenable… Ainsi donc le père, avocat visiblement un peu véreux, va découvrir cette femme à l’état
de nature dans les bois près de chez lui : après l’avoir observé pour le moins vicieusement à l’œilleton d’une arme, il va finir par la capturer et contre toute attente par l’enfermer dans sa
cave, attachée comme un animal sauvage… A partir de là, le film ne va plus arrêter de franchir de nouveaux degrés dans l’horreur, étape par étape !

Avec « The Woman », Lucky McKee oppose nature et culture en renvoyant dos à dos l’état sauvage de la femme et la vie soi-disant « civilisée » de la famille qui la garde prisonnière… Si le thème
n’est pas forcément nouveau, le cinéaste le revisite avec une telle fougue et une telle rage qu’on aura bien du mal à sortir indemne de la vision de son film ! Si la « femme » est violente, elle
l’est avant tout par réflexe et pour se défendre, mais les membres de la famille montrent de leur côté une violence bien plus perverse et ignoble tant elle est marquée d’un sadisme et d’une
absence de compassion souvent proprement immonde… La sauvageonne recevra ainsi d’horribles tortures de la part essentiellement des deux « hommes » de la famille, le père et son adolescent de fils
: toilette au Karcher, viol, tétons saignés à la pince… tout y passe dans un climat brut et oppressant, qui renvoie bien sûr les représentants de la civilisation à une sauvagerie qui aurait
dégénéré !

Et en terme de « dégénérescence », justement, le film n’est pas avare non plus ! Si la fille aînée de la famille est soupçonnée par sa prof d’être enceinte, reste à savoir de qui, même si on le
comprend aisément vu l’oppression de son milieu familial… Sans compter que le cinéaste nous laisse le meilleur pour la fin, notamment quand le curieux mot d’« anophtalmie » est soudainement
évoqué sans que l’on comprenne bien pourquoi de prime abord… Mais quand le père rappelle à sa fille que les femmes ne sont bonnes qu’à une chose dans la vie, et que même ça elle le fait mal,
alors on se met à comprendre des choses ! Et surtout à s’expliquer le titre du film, qui se révèle d’ailleurs assez subtilement au fur et à mesure que l’histoire se déroule et que les rapports
entre les protagonistes se révèlent pour de bon… Le machisme, l’oppression des femmes, la filiation, la maternité, la vengeance… Lucky McKee glorifie habilement tous ces thèmes et bien d’autres
dans une œuvre dingue et sans détour, qui choque bien plus par les transgressions qu’elle met en scène que par la violence qu’elle laisse échapper par explosions successives !



 



Tous les Jours du Saigneur en un coup d'oeil !































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4 commentaires:

  1. Après l'excellent "May" on peut dire qu'il a su rebondir ! Un uppercut très bien foutu. Juste un bémol sur l'anophtalmie qui fait la sensation d'un tout ça pour ça... Mais à conseiller ! 2/4

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  2. Deux étoiles c'est tout ?


    Ce film est un putain de chef d'oeuvre !!!

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  3. Oui, super, ça le place à égalité avec Kidnappés

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