mercredi 15 février 2012

[Critique] Un monde sans femmes, de Guillaume Brac



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Un monde sans
femmes, de Guillaume Brac



(France, 2011)



Sortie le 8 février 2012



Note :
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Après un court-métrage tourné avec Jérémie Elkaïm en 2005 (« Le Funambule ») et un autre en 2009 (« Le
Naufragé »), Guillaume Brac parvient enfin à faire une apparition dans les salles avec un moyen métrage qui relève presque du miracle : « Un monde sans femmes ». Celui-ci est d’ailleurs
accompagné en avant programme du « Naufragé », dont il reprend l’un des personnages interprété par Vincent Macaigne, une véritable révélation…

« Un monde sans femmes » suit ainsi le personnage de Sylvain, jeune homme solitaire de la côte picarde, vivant dans le petit village d’Ault, où à peu près tout le monde se connaît… Quand il remet
les clés d’une location saisonnière à Patricia et Juliette, une mère et sa fille venues de Paris pour passer des vacances revigorantes, c’est l’occasion pour lui de faire connaissance avec deux
superbes femmes et surtout de rompre un temps avec un quotidien morne et mélancolique…

En décrivant des journées simples et délicates, faites de loisirs et de badinages amoureux entre des personnages profondément humains, Guillaume Brac renoue avec une forme de cinéma universel,
que l’on pourrait qualifier de « sans âge » tant l’émotion qu’il diffuse pourra facilement parler à toutes et à tous, qui est aussi celui d’un Eric Rohmer (notamment avec « Le Rayon vert ») ou d’un Jacques Rozier, que le cinéaste cite volontiers comme sources
d’inspiration, auxquelles il ajoute notamment Maurice Pialat… A travers le ton doux-amer de son film, on reconnaît en effet cette douce musique faite de drôlerie humaine, de réalisme poétique et
de tristesse diffuse, que l’on retrouve dans ce cinéma-là… Etonnamment, il n’y a pourtant rien de daté dans ce « Monde sans femmes », qui garde une modernité presque magique et funambulesque
!

Mais au-delà du plaisir que l’on prend à regarder cette chronique tragi-comique composée par ces savoureux personnages (tous incarnés à merveille !), on est sensible à cette idée du cinéma
défendue par Brac, faite à la fois d’exigence et de sincérité, qui prouve que l’on peut encore tourner aujourd’hui en-dehors des modes éphémères pour s’orienter vers une finesse et une pureté
sensibles et personnelles, qui devrait on l’espère le mener à la postérité dans les prochaines années… Il explique notamment avec conviction son refus de filmer en numérique : "Tourner en 16mm
peut paraître anachronique à une époque où faire un film avec un 5D devient presque un argument marketing [...] mais je tenais dur comme fer à tourner en pellicule. J’avais le sentiment que le
numérique ne restituerait pas la douceur de la lumière, qu’il rendrait tout trop concret, moins mystérieux". Le mystère d’un cinéma que Brac s’acharne à faire perdurer, pour notre ravissement de
cinéphile… Qu’il en soit ici remercié.































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