jeudi 23 février 2012

[Critique] Sugarland Express, de Steven Spielberg



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Sugarland Express, de
Steven Spielberg



(Etats-Unis, 1974)



Note :
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Premier film de Spielberg pour le cinéma (après des débuts remarqués à la télévision, notamment grâce au téléfilm « Duel »), « Sugarland Express » s’inspire d’un fait divers pour raconter le
périple d’une mère et de son mari qu’elle vient de « forcer » à s’évader de prison pour retrouver leur fils dont on leur a retiré la garde. Prenant un policier et sa voiture en otage pour
traverser le Texas jusqu’à « Sugarland » (le « pays du sucre », déjà tout un programme, éminemment prophétique de la carrière du cinéaste !) où se trouve l’enfant, ils seront bientôt suivis par
tout un défilé de dizaines, puis de centaines de voitures de police sur la route…

Traversé par un ton oscillant entre le drame et la comédie, le film fleure encore bon le coup d’essai, plutôt réussi et agréable certes, mais pas toujours parfaitement maîtrisé… Si l’on comprend
par exemple très bien la volonté de Spielberg de ridiculiser la police ou de montrer une Amérique profonde en partie bourrine et méprisable (tirant parfois sur tout ce qui bouge par pur plaisir),
sa mise en scène n’évite pas toujours une forme de répétition parfois balourde ou peu subtile… On pense notamment aux plans réguliers sur le cortège de voitures de police qui s’allonge au fur et
à mesure, comique de répétition intéressant certes, mais sans doute trop insistant : et s’il montre bien l’inefficacité d’un déploiement policier complètement disproportionné par rapport à
l’affaire en cours, les scènes de carambolages sont de leur côté moins convaincantes et paraissent parfaitement inutiles… Sont-elles le résultat d’avis imposés par des producteurs avides d’action
sur un Spielberg encore « simple » réalisateur ?

Par contre, ce que réussit avec une plus grande finesse le cinéaste débutant, c’est la vision qu’il donne de ce jeune couple perdu devant l’ampleur du phénomène qu’il déclenche autour de lui.
Tous les deux ont l’air parfaitement dépassés et ressemblent à deux enfants innocents qui ne savent parfois plus trop ce qu’ils font ni ce qu’ils doivent faire pour s’en sortir… Une vraie émotion
naît alors à l’écran, dans quelques séquences clés où ils sympathisent avec leur otage ou lorsqu’il se retrouve à regarder un dessin animé dont ils s’amusent à refaire la bande son… Quelques
instants magiques noyés dans un monde de brutes. Si l’influence de leur milieu social les a probablement conduit à la terrible situation dans laquelle il se trouve, le film n’est ainsi pas pour
autant un pamphlet critique grossier sur la misère aux Etats-Unis mais en profite plus habilement pour distiller cette notion d’enfance si prégnante dans le cinéma à venir de Steven Spielberg :
s’il ne fallait retenir qu’un seul plan de ce « Sugarland Express », ne serait-ce d’ailleurs pas ce pauvre ours en peluche violemment écrasé par une voiture de police, véritable symbole d’une
innocence perdue et sauvagement piétinée ?



 



Autres films de Steven Spielberg :



- Les aventures de Tintin : le secret de la
Licorne



- E.T. l’extra-terrestre































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3 commentaires:

  1. Je trouve personnellement que c'est un des plus beaux films de Spielberg...

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  2. L'insuccès complet de ce film est à mon sens parfaitement immérité (prix du meilleur scénario à Cannes tout de même). Assez proche de la "Balade sauvage" de Malick, Spielberg préfère à la
    métaphore philosophique la chronique sociale. Parfois un peu répétitive sans doute, mais déjà farcie de formidables idées de mise en scène. Je retiens pour ma part l'excellente séquence du
    "doublage" de cartoon à travers la vitre de la voiture, préfigurant l'issue tragique de la cavale. Et puis il y a la présence de Ben Johnson, indice de la passion très ancienne de
    Spielberg pour John Ford (on sait aussi qu'il voulait recruter John Wayne pour "1941") dont l'apothéose est peut-être atteinte avec une nouvelle cavale : "War horse".

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  3. en effet cette fuite évoque un peu la balade sauvage, mais sur un mode social comme tu le dis bien...


    j'aime bcp aussi cette séquence de doublage du carton, comme si ces deux là étaient restés de grands enfants... très touchant je trouve.

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