jeudi 16 février 2012

[Critique] La dame de fer, de Phyllida Lloyd



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La dame de fer, de Phyllida
Lloyd



(Grande-Bretagne, 2011)



Sortie le 15 février 2012



Note :
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En regardant « La dame de fer », on ne peut s’empêcher de penser au « J. Edgar » de Clint
Eastwood
sorti quelques semaines plus tôt… On y retrouve en effet cette même manie, terriblement anglo-saxonne, de grimer des acteurs sous des tonnes de maquillage pour les transformer en
vieillards grabataires, mais on constate surtout de la part de ces deux longs métrages une faculté (ou une volonté délibérée ?) presque troublante (dérangeante ?) de vouloir réhabiliter et rendre
attachant pour le spectateur une personnalité des plus horrible et exécrable, aux idées profondément conservatrices et aux actes souvent déplorables…

Si le film ne fait pas spécialement l’impasse sur les mauvais aspects  de la carrière politique de Margaret Thatcher (mesures de misère sociale absolue, refus du moindre compromis ou du
dialogue avec la rue, instincts dangereusement guerriers et impérialistes en matière de relations internationales…), tout est pourtant fait, dans la mise en scène ou dans l’excellence du jeu de
Meryl Streep, pour rendre ce personnage touchant et humain… Il faut dire que certaines répliques ou certains comportements de « La dame de fer » sont souvent d’une drôlerie irrésistible et que la
position de cette unique femme parmi des hordes de mâles grossiers et insensibles au gouvernement a de quoi mettre le spectateur dans la poche… Mais l’idée la plus vicieuse en la matière consiste
sans doute dans cette manière de mettre en perspective la vie de celle qui fût la première (et dernière) femme Premier Ministre en Grande-Bretagne en partant de sa triste et tragique fin de vie,
celle d’une vieille dame qui évolue dans les vestiges d’une vie disparue et qui perd peu à peu le contact avec la réalité…

Si le film passe néanmoins plus ou moins bien sous nos yeux comme hypnotisés par les nombreux efforts de l’actrice principale au talent mémorable, on restera néanmoins perplexe devant une mise en
scène un peu lourdingue et par trop démonstrative et appuyée… On note notamment quelques maladresses assez affligeantes, la palme du mauvais goût allant à ces scènes de manifestations violentes
dans les rues, auxquelles l’ignoble Margaret Thatcher (dans ses discours et ses comportements obtus, on a d’ailleurs souvent l’impression de retrouver l’abjection d’un Nicolas Sarkozy !) demeure
parfaitement indifférente, avec une utilisation très « mode » d’une musique rock par-dessus… On s’interroge enfin sur le sens de l’ultime séquence, quand la caméra abandonne enfin le personnage à
sa solitude et à sa mort prochaine dans sa grande maison, celle-ci venant de faire la vaisselle alors qu’elle déclarait justement ne pas vouloir être une de ces femmes dociles dévolues au ménage
et à la garde des enfants lorsqu’elle était jeune : est-ce à dire que les femmes doivent toujours finir par regagner le « rang » et se soumettre, même si cela doit arriver très tardivement ?































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11 commentaires:

  1. Ca me rassure de ne pas être la seule à penser que la mise en scène et les effets passé/présent sont d'une lourdeur écoeurante. De même sur le survol rapide de chaque événement avec
    seulement les paroles fortes de Margaret Thatcher sans rien de plus, ça me laisse un goût de brouillon inachevé...Dommage avec un casting à la hauteur du projet...critique à venir
    mercredi prochain sur Cupcake Baston et Talons Hauts :)

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  2. Voir mon blog(fermaton.over-blog.com),No-9. THÉORÈME CARTER. - LE BONHEUR INCARNÉ !

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  3. Je ne te voyais pas aller voir ce film, mais qu'est-ce qui t'a pris ?


    C'est l'effet Meryl Streep ?

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  4. Bon : moi j'ai vraiment beaucoup aimé ce film. Mais je pense que, comme Nixon (dont il empreinte le style visuel, auquel je n'ai strictement rien à repprocher), il fera débat dans sa présentation
    d'une figure politique detesté mais humanisé sous la caméra.


    Et je ne trouve pas de mauvais goûts dans la séquence que tu décris. C'est archi-classique peut-être, mais pas de mauvais goûts (c'est quand même très rock n'roll les manif qui ont eu lieu en
    Angleterre). Et, comme tu le dis, la musique n'empêche pas de la voir comme une femme ignoble et inhumaine.


    Pour la fin, je penche aussi pour cette interprétation. C'est très féministe mais neanmoins réaliste.

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  5. papa tango charlie19 février 2012 à 04:03

    Margaret Thatcher était certainement une de mes héroïnes préférées des années 80, avec Elvira. ^^ Ses apparitions me mettaient en transe. Quoiqu'il en soit, c'est le dernier personnage politique
    occidental qui avait des idées et une doctrine. Bon, sinon coté film, cette version romancée et quasiment dépolitisée était un pur moment de plaisir, grâce à Meryl Streep dont les dernières
    interprétations sont vraiment magiques. De là à en faire une icone gay, lol! bit.ly/yMSPrl 

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  6. J'avais très envie de le voir après visionnage de la bande annonce, mais vu ta critique et celles d'allociné, je vais m'abstenir. J'attends les sorties de la semaine prochaine !!

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  7. Comme "J. Edgar" ce film se trompe et arrive carrément hors sujet... Du biopic on vire au film sur la sénilité, oui mais c'est pas le thème. Heureusement il reste une Meryl Streep
    époustouflante... 2/4

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  8. J. Edgar était loin d'être hors sujet. Clint n'a pas pris position, ni avis politique, ni recherche de la vérité absolue, tout l'inverse de ce que tend à prouver ce navet
    http://www.asbaf.fr/2012/02/menu-express.html

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  9. Je suis assez d'accord avec tout ce qui a été dit, j'ajouterai même que l'ascenseur émotionnel, passé/méchante - présent/gentille, m'a un peu dérangé.


    Pour ce qui est de la fin, elle m'a aussi intrigué. Après une petite reflexion deux solutions sont venu à moi : Elle a pris conscience qu'il n'est pas bon d'être dans les extrêmes, elle retrouve
    une position un peu plus équilibré. Ou, elle ne lave que la soucoupe. Je penche pour cette solution. Au début du film elle dit "Je ne laverai jamais une seule soucoupe de ma vie", et je ne suis
    pas certain qu'elle ait lavé la soucoupe à la fin ...

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  10. J'ai revisionné cette fin hier. Et le cadrage ne nous permet pas de voir ce qu'elle lave. Cependant, un gros plan est fait sur le tasse qu'elle est entrain de laver ... Ce n'est selon moi pas
    annodin du tout ! J'ai atteint la conviction qu'elle ne l'a pas lavé. Et qu'elle a juste trouvé un équilibre : elle fait la vaisselle, mais pas la soucoupe. :)

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  11. ah mais oui je crois que je me souviens avoir fait la même déduction que toi... ;)

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