dimanche 14 avril 2013

[Critique] Stoker, de Park Chan-wook



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(Etats-Unis, Grande-Bretagne, 2012)



Le Jour du Saigneur # 111



Sortie le 1er mai 2013




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La famille Stoker (nom qui évoque d’emblée une œuvre vampirique, en référence au roman « Dracula » d’un certain Bram « Stoker ») vient de perdre son patriarche dans un accident de voiture. Maison
cossue, milieu bourgeois, voilà que seules restent la mère et la fille, jusqu’à l’arrivée d’un « oncle Charlie », jusque-là parfaitement inconnu au bataillon. Du moins pour la jeune India, qui se
retrouve encore plus seule, tant elle était proche de son père et délaissée par sa mère : elle se pose alors des questions sur cet oncle dont personne ne lui avait jusque-là parlé, au motif qu’il
vadrouillait toujours autour du monde, allant même jusqu’à visiter des contrées aussi reculées et primitives que Saint-Étienne, en France ! (où les gens se font deux bises pour se saluer, autant
vous dire que le film ne manque pas d’un certain humour…)

Bref ! Le scénario fourmille d’interrogations, de faux semblants et de fausses pistes, qui s’ils finissent par sembler un peu vains n’en demeurent pas moins jour_du_saigneur_bis.jpgaddictifs à suivre… Le scénario sera peut-être ce qui pèche le plus dans ce film original et percutant, le premier long métrage américain
du cinéaste coréen Park Chan-wook (« Old Boy », « Thirst »…), qui pour une fois adapte d’ailleurs un script qui n’est pas écrit par lui-même… S’il est manipulateur, le scénario n’est pourtant pas
aussi abouti et audacieux que ceux des autres films du réalisateur dans ce domaine, ce qui fera peut-être dire à certain en fin de projection : « tout ça pour ça ? » Et si le trio formé par
l’oncle, la mère et la fille offre quelques liens bien retors, la perversion de l’histoire reste au fond bien plus sage qu’à l’accoutumée pour l’auteur d’une trilogie cinématographique sur la
vengeance complètement tordue !

Mais ce récit riche en rebondissements se révèlera néanmoins largement au-dessus de la moyenne de ce qu’on peut trouver actuellement dans la production hollywoodienne, d’autant que l’intérêt du
film explose carrément à travers la mise en scène toujours aussi virtuose et incroyable de Park Chan-wook ! L’univers visuel qu’il parvient ici à créer (avec l’aide de son directeur de la
photographie habituel Chung-hoon Chung) est tout simplement magistral, magnifiant avec une poésie et un onirisme fantasmatique la cruauté et la laideur du vice et de la folie de ses personnages…
Bien que la durée resserrée du tournage ne lui a pas permis d’élaborer les longs plans séquences chorégraphiés qu’il chérit tant habituellement, on demeure fasciné par l’inquiétante étrangeté et
la violence éblouissante qui se dégage des images et des séquences qu’il parvient à nous mettre sous les yeux : cette scène au piano avec India et son oncle, qui ressemble à une pure scène
érotique un brin sado-masochiste, ou encore celle du meurtre d’un jeune homme au-dessus du corps allongé de la jeune fille, révélant chez elle des pulsions où se mêlent avec trouble et frénésie
l’éros et le thanatos, sont tout simplement extraordinaires ! On reste ainsi scotché d’un bout à l’autre de « Stoker », impressionné tout autant par la maestria visuelle déployée que par le jeu
d’acteurs tout aussi retors que leur metteur en scène : Nicole Kidman, Mia Wasikowska et Matthew Goode, jusqu’à un petit rôle pour Alden Ehrenreich, tous respirent une ambiguïté des plus
déstabilisante et captivante…































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4 commentaires:

  1. Bonjour Phil, je vais faire paraître un billet pour le 1er mai, quand le film sortira. C'est vraiment très bien. Le film dégage une beauté malsaine. La mise en scène est brillante et transcende
    un histoire somme toute pas si originale, mais c'est le traitement qui l'est. Bonne après-midi.

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  2. Je me demandais justement si j'allais me laisser tenter par cette séance. Peut-être finalement, au vu de ta critique plutôt positive. 

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  3. Oui il faut se laisser tenter. Le film est maitrisé de bout en bout avec une mise en scène sublime et de nombreux thème abordé.


    Un 3 étoiles aurait été mérité ! ;)

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  4. il reste quand même un petit côté vain qui m'a empêché de mettre cette 3e étoile justement... ;)

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