mardi 30 avril 2013

[Critique] Polluting Paradise, de Fatih Akin



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(Turquie,
2012)



Sortie le 29 mai 2013




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Après la comédie « Soul Kitchen », le réalisateur allemand d’origine turque Fatih
Akin – à qui l’on doit les superbes « Head-on » et « De l’autre côté » – s’autorise un nouveau détour par le documentaire… Comme dans « Crossing the Bridge - The Sound of Istanbul », « Polluting
Paradise » propose dans une certaine mesure un voyage au cœur de la culture turque, particulièrement musicale, aussi bien traditionnelle (des chants folkloriques) que contemporaine (un concert
pop que l’on jurerait d’une star de variété américaine si le chanteur ne chantait pas en turc). Ces passages socioculturels, certes un peu plaqués artificiellement à certains moments du film,
apparaissent pourtant comme autant de bouffées d’oxygène et d’échappées salvatrices devant le véritable sujet du film, celle d’une tragédie écologique en cours…

Tout commence en 2006, alors que Fatih Akin achève « De l’autre côté » à Çamburnu, village natal de ses grands-parents, où il a vent d’un projet de décharge au beau milieu de ce petit paradis de
nature verdoyante. Les habitants, vivant depuis des générations de la pêche et de la culture du thé, redoutent alors une catastrophe écologique et humaine, qui pourrait bien remettre en cause
leur vie paisible, et s’opposent fermement, avec l’appui de leur maire, à la perspective de cette gigantesque poubelle à ciel ouvert… Durant cinq ans, le cinéaste va alors filmer leur combat
contre cette décharge, qui va bel et bien être construite en dépit de l’avis des villageois et malgré leur procédure en justice, dans un pays où les démarches administratives demeurent si longues
que le dénouement de pareil conflit vient généralement bien trop tard, une fois que le mal a été fait…

« Polluting Paradise » a ceci d’effrayant que tout ce que craignent les habitants à propos du projet avant que la décharge ne soit construite finit fatalement par advenir… généralement à cause
des mensonges des industriels ou des pseudo « contrôleurs de l’environnement » qui gèrent le chantier ! Leur lutte se révèle ainsi tour à tour exemplaire et émouvante, souvent triste devant la
fatalité catastrophiste à laquelle on assiste… Le film intrigue par sa construction inédite pour ce type de sujet, puisque l’on assiste bien en amont à la tragédie à venir, comme si la
mobilisation de ces pauvres hères ne pouvait de toute façon pas faire face au cynisme d’un monde de plus en plus fou, où les intérêts économiques dominent sur tout, même la préservation de
l’environnement, qui est pourtant la condition sine qua non de notre survie !































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2 commentaires:

  1. Oh ! Je note ce film que j'irai voir pour son sujet mais tu piques d'autant plus ma curiosité en évoquant la musique qui le parcourt apparemment :) Oui oui, la pop turque est parfois très
    américanisée, j'ai découvert ça sur la chaîne Powertürk de ma box qui ne diffuse que des clips "à la MTV"... Beaucoup de choses affreuses donc, mais j'avoue que j'y ai aussi glané quelques
    plaisirs coupables et d'excellents groupes de rock sinon !

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  2. "powertürk", tout un programme... ;)

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